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Lettre au Jack Russel de Jegoun (et, accessoirement, aux caniches de Merkel…)

Publié le 16 décembre 2013 par Mister Gdec

vilain-roquet"Les chiens aboient, la caravane passe."

Dans un très mauvais billet (il y parle beaucoup trop de lui, et de son milieu professionnel, dont on se fout éperdument et qui n’apporte rien au débat) du très mauvais journal polémique de centre (droit/gauche, on ne sait plus, vu qu’ils sont au milieu de nulle part) qu’est Marianne, un type que je ne connais ni d’Eve ni d’Adam ¹ prétend nous donner des leçons de démocratie en s’en prenant à  Mélenchon, auquel il  s’attaque aussi violemment que ses congénères savent si bien (trop bien…, c’est devenu une habitude) le faire… C’est un sport très couru  en effet dans certains milieux à la parole publique facile de dire haut et fort que Mélenchon est un sale type, qu’il parle trop fort, qu’il se marginalise, qu’il passe son temps à insulter les uns et les autres, qu’il se fourvoie politiquement, etc etc etc… Le registre est connu.

C’est d’autant plus facile de le dire (et de l’écrire… Misère de la pensée politique française)  que personne n’ose jamais vous contredire en société,  surtout bourgeoise, gelée qu’elle est comme depuis toujours par le politiquement correct et le couramment admis, dans laquelle seuls le PS et l’UMP sont de vrais partis dignes de confiance…  De vrais et grands partis, les seuls qui soient dotés d’un pragmatisme de bon aloi, cela va de soi, puisque tous les autres se commettent dans des utopies plus ou moins dangereuses…  Vous savez, ce sont  les mêmes qui nous ont habitués à nous coller dans le camp des imbéciles ou des ignares qui, en 2005, au moment du référendum européen, ont osé exprimer leur refus d’un projet basé exclusivement sur des contraintes et des préoccupations économiques plutôt que sociales et sociétales. Les mêmes qui prétendaient  que nous ne saisissions pas le quart du dixième des enjeux de ce sur quoi nous étions appelés à voter lors d’un référendum de triste mémoire,  dont il n’a d’ailleurs, malheureusement – pour l’avenir de l’Europe – pas été tenu compte.  Les mêmes qui nous rangent sans autre forme de procès ni le moindre scrupule, quitte à tordre la réalité,  dans le sac à vomi des extrêmes, de la droite comme de la gauche… Les mêmes qui comparent si volontiers Mélenchon à Le Pen et nous rejettent dans la même fange ignominieuse du populisme et de l’anti-démocratie. Les mêmes qui n’ont de cesse que d’aplatir et d’écarter un homme et derrière lui tout un mouvement qui les contrarie dans leur acceptation de la fatalité libérale et les dérange si fortement par l’analyse implacable qu’il tient à asséner aux têtes bien faites qui à droite comme à gauche tentent de nous imposer par la force un régime austéritaire qui conduit des peuples entiers à la ruine et au suicide, comme en Grèce, ou ailleurs… La social-démocratie, à l’œuvre partout majoritairement en Europe, a beau montrer tous les jours l’illustration de son impuissance voire de sa lâcheté face aux maux qui nous accablent comme le chômage et la pauvreté/précarité, ses thuriféraires semblent être les seuls, par-dessus la tête de ceux qui toujours en plus grand nombre dans nos différents pays ne votent plus, à ne pas voir que ce modèle est en train d’agoniserEt que des alternatives politiques un peu plus courageuses et imaginatives soient nécessaires et urgentes.  

Sauf que. Le Monsieur que je ne connais pas (autrement que comme inconditionnel commentateur de « l’excellent » confrère Jegoun veux je dire… Et comme ravi de la crèche qui ne perd pas une occasion de le caresser dans le sens du poil en éteignant tout sens critique… De là à croire qu’il lui paie régulièrement des coups dans son bar étoilé comme une bouteille de Kiravi… ) s’appuie sur un « excellent article » d’un « excellent blog » (c’est lui qui le dit !)  qui n’est autre que… celui de notre meilleur ennemi (idéologique j’entends, car sur le plan personnel, ce gars ne m‘intéresse que très moyennement, pour m’être résolu et fait violence en l’ayant « rencontré » une fois et n’en avoir pas gardé un souvenir impérissable, qui ne plaide pas en outre franchement en sa faveur). Mais je m’égare dans mes inimitiés légendaires (j’avais pourtant promis que je ne recommencerais plus !), reprenons le fil du vrai sujet : celui de la coalition allemande entre SPD et CDU (pour caricaturer très grossièrement,  le PS et l’UMP du coin). Ce Monsieur trouve donc comme notre auguste ennemi – que je n’ai pas du tout envie de lire – que cette situation est un grand progrès démocratique, qu’il convient de s’extasier devant tant de magnificence et de sagesse populaire,  et nous condamne à l’avance de penser différemment. Nous serions des ennemis du peuple, des traîtres à la cause nationale et collective, au progrès social rendus possibles par cet étrange attelage contre nature si l’on s’en tenait aux étiquettes de façade. Le faire serait céder, selon ce genre de positionnement bien conforme et confortable,   au démon de la révolution permanente, et remettre en cause un fait établi : la majorité a toujours raison, et ceux qui pensent le contraire sont de dangereux subversifs, voire des terroristes sanguinaires pourquoi pas tant qu’on y est, qui ne respectent pas les choix démocratiques…  Bien bien bien, voilà qui fait grandement avancer le débat entre nous, alors qu’il était déjà sérieusement compromis. Le « tous unis » fait fureur en ce moment, c’est la mode, et la pensée alternative qui était autrefois encensée par des soixante-huitards attardés (habilement reconvertis à présent en  éminences grises, expertes de la com, ou en banquiers des grands de ce monde) devient à présent un quasi crime contre l’humanité…

 Tout comme Mélenchon, j’assume le délit. Je suis en effet de ceux qui, contrairement à Mr Arié, ne tient pas particulièrement à survaloriser l’exemple allemand alors qu’y règne une telle précarité, bien plus importante – au point pour le gouvernement de devoir censurer certains chiffres désobligeants à l’égard de la gestion merkélienne… – qu’en France où, effectivement, il existe des garde-fous un peu plus efficaces, au grand détriment de ces sociaux libéraux pour qui toute dépense sociale est une souffrance et où il vaut mieux assister les entreprises plutôt que les plus démunis d’entre nous… alors que tous deux, au moins pour les plus modestes entreprises, ont à payer le prix de la compétitvité à n’improte quel prix, et qu’en soit le capital humain à payer.

 Entre un système et un autre, il y a pourtant des versions légèrement plus imaginatives de concevoir notre modèle sociétal, mais il est probable que ni Monsieur Arié ni le peuple allemand n’en soupçonnent l’existence. Des systèmes où la solidarité ne serait pas un vain mot, ni la propriété condescendante de tel ou tel parti…  Il faut dire que les partis établis, en France comme en Allemagne,  se gardent bien d’éclairer la lanterne de leurs concitoyens sur des orientations alternatives qui ne correspondent pas franchement aux  propres intérêts politiques et sociaux des groupes défendus par lesdits partis. Mais de cela, Monsieur Arié n’a cure. Il prétend défendre la démocratie là où il devient pourtant de plus en plus clair à beaucoup, au point que tant de gens qui ne sont pas forcément des idiots et des indifférents ne votent plus, que notre système devient de moins en moins démocratique, bien qu’il en donne l’apparence, le fonctionnement des prises de décisions étant de plus en plus sujet à caution.² Mais plutôt que de se poser la question essentielle du fonctionnement réellement démocratique de notre société et du Comment faire en sorte que notre société française soit davantage en contact avec les préoccupations profondes de ses citoyens,  je note que l’important, pour Mr Le commentateur de Jegoun, c’est de vilipender Mélenchon, de le traîner plus bas que terre et de le faire passer pour ce qu’il n’est pas : un dictateur…

 Aléa jacta est. Ote toi de mon soleil, petit Elie et consorts… Seules votre mauvaise foi et votre haine des voix politiques divergentes vous tiennent lieux de moteurs, vous servent de flambeau. Ma lumière à moi est un peu plus nuancée… Elle se nomme projet de société plus solidaire. Celui de l’Allemagne est-il plus favorable à cette orientation humaniste que celui de la France ? Je n’en suis pas certain, au vu de l’indifférence de certains de ses concitoyens pour la situation de nos frères grecs. Notre orientation respective  face à cette tragédie fait toute la différence.

 .  

 ¹ Le type en question se définit sur sa fiche de Marianne où il est présenté comme un « chroniqueur associé » en temps que « Cardiologue, enseignant à la chaire d’Economie et de gestion des Services de santé au Conservatoire national des Arts et métiers ». Autant dire qu’il a le même niveau de crédibilité et de légitimité que moi à nous donner son avis sur les questions de politique générale…

  ² Et quant à moi, je n’ai jamais pensé qu’une majorité d’imbéciles faisant un mauvais choix pour de mauvaises raisons ou des raisons non conscientisées et non éclairées avaient forcément raison. D’autant plus que la manipulation mentale et les outils de propagande de masse existent bel et bien, j’en suis convaincu. En cela, non, je ne suis moi, oui, ok, pas démocrate, je le confesse.


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