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Amour en peine - 3e partie

Publié le 09 mai 2008 par Comeinmyworld

… Une simple lettre écrite avec le sang de mon cœur. Parce qu’elle était allée se donner en caresses et étreintes à un autre homme sans donner une seconde au temps, sans oser une semaine de célibat, et que cette bête allait passer tout son été avec elle grâce à des billets d’avion déjà achetés… Je m’étais permis l’impensable castration. Un cœur qui souffre de la maladresse, caresse en ses racines le désir de tuer :

post3.jpg« Chère Emilie,

De ton amitié j’aime mieux m’en passer, car même dans cette relation tu pourrais vouloir m’aimer à la manière de ta nouvelle amitié …Toute cette histoire n’est qu’un gouffre émotionnel qui ne peut qu’ensevelir et jamais construire. Alors s’il te reste de l’amour pour moi, prends-le pour m’éviter et ne point me contacter, car ce qui me  parviendra sera brûlé avant même d’être regardé. »

J’avais alors combattu le feu par le feu. Des creusets de sens dont nous avions nous-mêmes confectionné les pétales, je retournai à l’heure du grand midi le bouquet d’un coucher de soleil à l’immolation d’un enfant.

Sens sur Sens je me jouai alors du pouvoir des mots. Je rompis de corps et d’inspire et mon bateau prit un nouvel azimut.  

Devant cette nouvelle vie qui se projetait face à moi, le silence reprenait peu à peu sa place dans la balance.

La mort naissait à l’intérieur même du plus haut rempart que je m’étais confectionné pour me protéger des intrus. Qui aurait pu augurer que mon cheval de Troie allait être la vitalité de cette désuète histoire d’amour ? Je touchais le chagrin.

Je me sentais plus concis que la poussière, plus fluide que la couleur du vent. Ma bien aimée n’était plus et mon ego avait lui aussi disparu. Un ego perd vite pied face au silence.

Vivant des mots, l’ego quitte le théâtre lorsque l’obscur silence redevient le metteur de la scène. Face à la mort la vie se fait toute petite. Si petite … Que peut-il arriver de pire que la mort en soi ? Tout !

Tout peut arriver, tout peut venir à qui sait mourir … pour mieux revivre. Revenir mieux suite au départ de soi.

Je sentais que tout ce que j’avais pu écrire n’était que quelques grains jetés au vent. Tout ce que j’avais fait était périssable et en plus il fallait que je l’aide à mourir de sa belle mort. Mais où est donc l’impérissable ? A cette question, je sentis venir du lac un vent au parfum de l’inanimé. Ce vent me souriait d’un air d’authenticité. Je détournai ma concentration et du coup ma respiration me fit encore défaut. Etais-je en train de naître une seconde fois ?

A ce nouveau voyage qui se dessinait devant moi je vis que je n’en reviendrais pas … Tous les murs sont tombés, tout ce qui, vaille que vaille faisait une demeure s’effondrait.

Un papillon de nuit passa près de moi et me dit :

Si tu veux vivre, il faut arrêter de fuir,

d’arranger,

de réprimer ou de renforcer.

Il faut

…………………  que tu puisses traverser.

Je me souvins alors d’un écrit qui se lisait à peu près comme suit : 

« L’Enfant, de même que l’Homme, voit dans tout ce qu’il apprend des portes, mais pour l’Homme ce sont des voies d’accès, pour l’Enfant seulement des passages ».

A suivre…


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