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Le jardin et les chambres à gaz, ou les chroniques de la vie quotidienne en province...

Publié le 19 décembre 2013 par Philippejandrok

mouchard,collabo,Nazi,Chambre à Gaz,racisteLors de ma dernière note je faisais la description de deux affreux qui menaient une vie paisible en semant le venin de la discorde et de la calomnie autour d’eux dans un égal bonheur. C’est une tradition solide chez les malfaisants de vouloir faire du mal pour leur plaisir de voir souffrir leur prochain un peu plus qu’eux.

Les deux mange-crotte en question se retrouvent au quotidien pour se communiquer les nouvelles fraiches, les dernières brèves de la vie de leurs voisins, qu’ils inventent pour meubler leur imaginaire sordide, ils n’ont que cela à faire, baver, vomir sur leur entourage en toute honnêteté. Ce n’est pas un crime de médire, c’est juste une discussion entres amis.

Ce couple d’affreux m’inspirent un dégout sincère, doublé d’un grand étonnement, tout en rendant leur comportement incompréhensible, en effet, la nature, la vie est si belle, pourquoi perdre son temps à détruire celle de leur prochain qui ne leur a rien fait ?

Cette volonté sordide détermine une grande souffrance impossible à résoudre qui ne trouve de soulagement que dans la destruction de la réputation d’autrui à défaut de la sienne. Cette jouissance de la méchanceté provoque chez eux comme un soulagement divin, un moment, un moment seulement, dès que la jouissance s’estompe, les voilà qui reconduisent leur danse macabre en pointant une autre victime de leurs intentions malsaines, qu’importe qu’elle ait été bonne pour eux, qu’elle ait même été leur amie, comme des scorpions malfaisants, il ne peuvent résister à leurs pulsions délétères, il faut qu’ils piquent, les deux frustrés du bulbe, les deux castrés de la vie, car si la femme de l’un est grise comme la cendre et méchante comme la gale, l’autre ne supporte plus son mari de gendarme, le condamnant au rez-de-chaussée alors qu’elle occupe l’étage ; à la niche Bébert, réduit comme un chien à rester seul en bas sur le carrelage, à regarder pendant des heures les matchs de Rugby à la TV, en sirotant une bière amère qui n’a pas de goût.

Paraît qu’un jour, un voisin qui venait de perdre sa femme et qui vivait seul depuis, demanda à partager avec son camarade un peu de sa passion devant son téléviseur à écran plat et à la diagonale effrayante, puisque l'autre s’en vantait, mais la fripouille répondit au veuf solitaire pour ne rien partager, même pas un peu d’amitié ou de charité chrétienne face à la douleur de ce brave homme qui partageait sa passion du Rugby :

-  Je ne crois pas que ce serait du goût de ma femme…

Alors qu’elle aurait été ravi que son casse-pieds de mari soit occupé à autre chose qu’à l’emmerder au quotidien.

Cette scène se déroule à présent en été, sous la chaleur douce et soyeuse d’une après-midi bleutée où le ciel se colore de rose en fin de journée pour se fondre dans une gaze d’un violacé enflammé, quel dommage que cette belle journée soit ternie par de tels affreux.

Dans un jardin ouvrier côtoyant d’autres jardins ouvriers, binait un homme simple et modeste, qui ne demandait jamais rien à personne, il avait passé sa vie à travailler sur les charpentes métalliques après vingt ans de maçonnerie à se ruiner les mains qui étaient atteintes de cette terrible gale du ciment, il finit sa carrière comme un indien à arpenter les cieux à des dizaines de mètres au dessus du sol sans protection, quand il y pense aujourd’hui, il a le vertige, alors il est heureux, il a son chien, sa sœur, ses amis, ses plantes, ses fruits et légumes et sa merveilleuse solitude qu’il comble de lectures magnifiques, ce qui le change des discussions d’ouvriers, bassement humaines, influencées par les mauvaises intentions et les sentiments contraires.

Il est né en Espagne à une époque où la misère et la dictature franquiste régnait dans ce pays aujourd’hui moderne, on ne mangeait pas toujours à sa faim et on avait peur, peur de l’autorité qui avait le pouvoir de rendre les pauvres encore plus misérables en retirant les êtres les plus chers à leur cœur, il a grandi dans cette peur, puis, ses parents ont décidé de quitter cette misère pour en découvrir une autre, ailleurs, en France.

Il quittait une persécution pour en découvrir une nouvelle. Il était étranger sur la terre des libertés, un sale petit étranger, oui, mais passionné par les belles lettres, il voulait faire des études, mais à l’époque et longtemps encore en France, les étrangers étaient destinés à une chose, le monde ouvrier, aucune autre porte ne leur était ouverte, alors c’est à contre cœur qu’il devint ouvrier maçon, tout en rêvant d’être un intellectuel. Comme il n’avait pas eu le choix, il décida que sa sœur ne subirait pas le même sort, et il fit en sorte de lui permettre de faire des études, elle devint journaliste à force d’opiniâtreté, c’était sa fierté silencieuse.

Retraité, malade du cœur, il n’aspirait plus qu’à une chose, la concorde et l’amour, l’amour de son prochain, il avait connu trop de souffrance, trop de haine et de bêtise, il souhaitait à présent ne partager que des moments sincères et saints. Il donnait tout ce qu’il avait, offrait à qui le souhaitait, fruits et légumes, parfois des fleurs aux épouses de ses bons amis, il donnait sans compter, sans regarder, offrant son amitié à qui voulait la prendre inconsidérément, et c’est ainsi que Jacquot la fripouille, saisit l’occasion de s’imposer dans son monde. Il était comme un serpent, s’incrustant dans la vie des autres pour mieux percer leurs secrets, et de sa jalousie maladive, sifflait ces secrets à qui voulait les entendre, d’autres jaloux, d’autres malfaisants comme lui, comme il en existe tant.

Jacquot la fripouille, était une fripouille véritable, nous le savons désormais, pourri de l’intérieur, il profitait de tous ceux qui voulaient bien l’entendre pour délivrer son message de haine. Il avait dans le bec, depuis toujours - il tenait cela de son père - les étrangers, les juifs, les Roms, les arabes français, les chômeurs, les Rmistes, les pauvres, pouah ! quelle sale race, les pauvres.

Il se sentait protégé par son métier honorable, exercé au cœur de l’administration, et par son fils encore dans la maison, il croyait naïvement que cela pouvait l’absoudre de ces mauvaises intentions, c’était un « mange-merde » qui inondait de son haleine fétide les esprits les plus simples pour les polluer et les rallier à sa cause perverse. Son courage l’empêchait de s’adresser face à ceux qu’il polluait, non, sa force c’était de tirer dans le dos, il était bien incapable de courage, trop habitué à être protégé par l’administration, il commençait d’ailleurs chacune de ses méchancetés par :

- « on m’a dit que… » qui devint sa marque de fabrique, sa reconnaissance sublime, maudit corbeau à la haine tenace, messager vulgaire des nouvelles les plus fausses.

Cet après-midi là, le brave espagnol, français depuis l’enfance, buvait un café en compagnie de sa sœur qui se reposait sous la tonnelle, du stress de la ville et des méchancetés professionnelles d’un journal de province qui limogeait sans discrétion pour des raisons budgétaires et parfois, pour des raisons qui l’étaient moins, mais qui en portaient la signature, elle tremblait donc au quotidien, comme les autres pour sa place et c’était épuisant. C’est pourquoi les week-end passés avec son frère étaient des espaces de repos sécurisés et familiaux indispensables à son équilibre, des petits moments de bonheur partagés.

Elle appréciait le calme du jardin, cet écrin secret où il faisait bon, à profiter de la brise et des caresses du vent en lisant un livre, lorsque la fripouille se présenta sans y être invitée. Comme tous les imbéciles, Jacquot la fripouille n’avait pas de conversation, son esprit malingre ne pouvant contenir qu’une obsession, celle des étrangers, des pauvres, des chômeurs, des juifs… c'était là, l'essentiel de son discours. Lorsqu'on lui parlait de poésie, d'histoire, d'art, de littérature, il sortait son arme de service, l'iconoclaste des jardins ouvriers, comme pour se défendre d'une telle insulte, une insulte à son manque d'intelligence.

Souhaitant se rendre intéressant, la fripouille débonnaire commença son discours de haine sur les étrangers, sans se soucier le moins du monde que celui qui l’accueillait était justement l’un d’entre eux, un sale étranger, accompagné de sa sœur et de son compagnon. Il était en terre sainte, s’était invité chez les autres et piétinait sans honte la terre de l’amitié, l’odieux mange-merde, vomissait sa fiente autour de lui, polluant tout sur son passage, sans réaliser à quel point il était bête, l’affreux se sentant pousser des ailes demanda sans honte à la journaliste au repos :

-  Vous êtes espagnols, mais votre nom, il serait pas un peu juif par hasard ?

-  Pourquoi, répondit calmement la sœur, ça vous donne envie de nous donner aux allemands pour nous envoyer dans les chambres à gaz ?

Il avait le flair pour les reconnaître les juifs, même cachés sous une origine étrangère, ainsi, ces espagnols étaient deux fois étrangers, deux fois plus de raisons de les haïr et de leur faire payer les actions d’autres juifs qu’ils ne connaissaient pas. La fripouille leur reprochait la politique d’Israël contre les arabes, alors que le mange-merde détestait les arabes davantage encore que les juifs. Il haïssait sans savoir, sans connaître, sans effort de comprendre les enjeux et la différence à faire, entre la politique et l’humanité, il était inculte, béotien et parfaitement crétin, et dire que l’on avait fait confiance à ce type d’homme pour être garant de la justice de notre pays, ça en dit long sur le pays...

Cette réponse de la sœur d’un calme brutal, interrompit l’élan de Jacquot la fripouille qui ressentit soudain dans l’intestin, une brulure d’orgueil, comme un coup de poing envoyé en traitre, alors qu’il ne s’y attendait pas, pas étonnant de la part de cette femme se disait-il ; comment ? Lui ? Raciste ? Mais comment diable savait-elle, comment pouvait-elle savoir, elle, la double étrangère, que cet honnête citoyen était un vrai salaud ? Ce n’était qu’une femme et en plus avec de telles origines, comment aurait-elle été capable de découvrir le fond de ses intentions secrètes ?

C’était le problème de Jacquot, de se croire plus intelligent que le reste du monde, et surtout plus intelligent qu’une femme, qui plus est, se plaisait-il à répéter :

- ...doublement étrangère... C’est vrai, les juifs, c’est pas intelligents, pas plus que les étrangers, alors comment avait-elle sû ? se demandait Jacquot sans réaliser à quel point il était idiot.

Elle avait brisé d’un coup son élan, la garce, sa litanie venait d’être interrompue, son racisme chronique révélé, il ne pouvait plus se cacher sous ses airs bonhomme, sous sa réputation de fonctionnaire assermenté, c’était bel et bien un salaud, un collabo, un assassin par procuration, un mouchard, une mouche à merde, une belle ordure qui se considérait comme un parfait honnête homme, comment pouvait-il être honnête en développant autant de mauvaises intentions, autant de haine de son prochain, l’antisémite n’était même pas chrétien, ce n’était rien d’autre qu’un imbécile, un bien méchant con, ce qui est un pléonasme, j’en conviens.

Bon, et bien… je vais y aller…

Là-dessus, Jacquot décida de se retirer, la queue entre les jambes, comme un chien galleux à qui on venait de botter le cul, laissant derrière lui son aura diabolique, quittant la terre sacrée qu’il venait de souiller en se disant qu’il avait peut-être été un peu loin cette fois-ci, mais que ce n'était que partie remise, il trouverait bien un moyen de se venger de son humiliation.

Jamais plus il ne se présenta chez l’Espagnol, et jamais plus notre brave homme ne s’approcha de Jacquot, l’immonde fripouille qui se choisit rapidement un nouveau compagnon de misère, l’autre imbécile celui qu'on appelait le facteur ou le Hobbit à cause de sa taille résolument petite. Laurel et Hardy de la malfaisance, le couple parfait sévit encore aujourd’hui en n’épargnant personne, diables d’hommes, maudits soient-ils.

Désormais, mon ami « l’Espagnol » les évite comme la peste, il les salue cordialement, lorsque le hasard les fait se croiser, mais ne cherche en aucun cas le contact, il connaît trop le pouvoir destructeur de ces commérages de basse court qui poussent certains à se pendre pour sauver leur honneur, leur réputation, ternie par deux mange-merde en manque d’action.

En ville, dans un bistrot fréquenté par les soudards, les retraités et les gens du quartier, j’ai appris qu’on appelait Jacquot « la mouche à merde », parce qu’il se vautre dedans et qu’il pollue toutes les autres, il a une réputation qu’il ignore, comme une ombre, cette mouche le suit sans qu’il s’en aperçoive, elle lui chie sur la tête, et l’on réalise soudain que l’on est peut-être toujours la dupe de quelqu’un ?

Nous vivons une époque formidiable…

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