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Plein emploi à Pondichéry

Publié le 09 mai 2008 par Malesherbes
Depuis quelques années, des industriels délocalisent des unités de production. Ce terme ne traduit que très imparfaitement la réalité d’une telle opération. Changer de local consiste pour un individu ou une organisation à utiliser un nouveau lieu pour exercer son activité. Mais la racine locale s’oppose à régionale ou nationale et n’implique en aucune manière un transfert à l’étranger. Il serait moins inexact d’appeler ceci une externalisation ou plutôt, pour éviter de singer l’américain, une extériorisation.
En fait, il s’agit d’une transplantation, d’un organe que l ‘on extirpe d’un corps pour l’implanter dans un autre, avec tous les risques de rejet que cela suscite. Ainsi, lorsque dans les années 60, fleurit la mode des usines sidérurgiques en bord de mer, on construisit une aciérie à Fos, au sein d’une population qui, à la différence de celles du Nord ou de l’Est de la France, n'avait pas la culture industrielle correspondante, telle par exemple celle du travail posté. Il est à craindre que les produits réalisés par des unités ainsi déplacées n’aient pas la même qualité qu’avant.
On vient de franchir une nouvelle étape dans la déshumanisation, l’ANPE ayant publié une offre d’emploi à Pondichéry au salaire mensuel de 320 euros. On envisage désormais la délocalisation d’hommes. C’est oublier que, si le travail est un élément important d’une vie, il y a d’autres facteurs à considérer. Un homme a un foyer, une femme, des enfants, des parents, des amis, qu’il n’est guère aisé de quitter. Les Français n’ont pas attendu de telles offres pour aller chercher le travail là où il se trouvait. Chaque jour, des centaines de milliers de frontaliers se rendent en Belgique, en Suisse, en Allemagne, pour améliorer leur situation matérielle. Mais ils retrouvent les leurs chaque soir. Ils ne partent pas par delà les océans, abandonnant tout. Est-il apparu à M. Christian Charpy, directeur de l’ANPE, qu’un tel départ n’est pas aisé ? Si, comme l’y incite notre dispendieux président qui rêve d’une France de propriétaires, le déplacé est propriétaire, il est plus que vraisemblable qu’il est en fait surtout propriétaire de dettes. Comment pourra-t-il faire face aux mensualités d’un prêt avec un salaire de 320 euros ?
En un temps où l’on nous exhorte à aimer la France, comment peut-on demander à certains de la quitter, de, comme le rend si exactement le mot, s’expatrier, quitter leur mère patrie ? J’ai eu la chance au cours de ma carrière de travailler quelque temps à l’étranger. Mais je l’ai fait dans des conditions confortables qui m’ont épargné tout souci financier, tant en France qu’à l’étranger. Ce n’est pas ce qui est offert aux malheureux qui braderaient leurs compétences à Pondichéry. Et si j’ai apprécié cette expérience étrangère, j’ai été très heureux de retrouver mon pays.
Toutefois, en cette période de caisses vides, M. Charpy m’a donné une idée qui devrait permettre à l’Etat de réaliser d’importantes économies. Je la développerai dans mon prochain billet.

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