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Dimanche de campagne ordinaire à Fontenay-sous-bois

Publié le 08 juin 2007 par Jean-Paul Chapon

D’un côté il y a le marché de la place Moreau David, de l’autre le centre commercial des Larris, ou ce qu’il en reste. D’un côté, il y a tout le beau Fontenay qui vient faire son tour du marché, avec détour obligé chez Picard, le dimanche matin, ceux du Bois, ceux du Clos d’Orléans, ceux du Village, bourgeois de droite et bobos de gauche, à moins que ce ne soit le contraire. De l’autre côté, il y a les habitants de la cité, qui viennent acheter du pain à la supérette qui est encore ouverte, la boulangerie a fermé, français de souche, nouveaux français d’Afrique du Nord ou d’Asie, pas encore français, qui viennent aussi acheter leurs cigarettes ou boire un café, ou autre chose qu’un café dans le bar-tabac chinois, unique îlot de vie, avant d’acheter fruits et légumes à l’épicier arabe. Ce matin, je suis resté aux Larris pour militantisme dominical et distribution de tracts du dimanche matin, j’ai passé la première moitié de la matinée aux Larris, et la fin à Moreau David. Aller d’un versant à l’autre de Fontenay-sous-bois c’est un peu remonter le spectre de la société française, et découvrir un petit condensé de toutes ses problématiques.

Les distributions de tract ont au moins un avantage : elles permettent de discuter, les gens s’arrêtent pour parler, et encore plus si vous êtes avec le candidat lui-même que les habitants peuvent interpeller directement. Aux Larris, il y a un programme de requalification en cours. Il s’agit de casser la dalle et de rénover la petite zone commerciale, que l’on essaie désespérement de faire vivre à quelque 500 m du centre commercial et d’Auchan. Un ED doit arriver, un café restaurant portugais, la Milonga, lieu de musique et de réunions diverses va s’y installer avant l’été, et puis c’est à peu près tout. Casser la dalle, oui mais il y a déjà tant de bruit, après les jeunes viendront encore plus avec leur mobylettes la nuit. C’est mieux finalement que la dalle soit fermée, on est plus chez soi, dit elle-encore. Il faudrait une laverie dit une habitante. Un pressing aussi, mais surtout une laverie. Il y a beaucoup de gens dans les tours qui n’ont pas de machines. Et un cordonnier ? oui pour l’une, non pour l’autre. On n’a pas de journaux ici, ça serait bien d’avoir des journaux. Et puis le café, il est tout petit et sale. Il faudrait un salon de thé, dit Mme K. Mme K. est bien connue dans la cité où elle joue un rôle de contact auprès de familles maghrébines. Elle n’habite plus les tours depuis quelques années, mais est dans un petit immeuble en bordure des Larris. Oui, il faudrait un salon de thé, un café oriental, pour que tout le monde puisse y aller. Les vieux pourraient écouter de la musique, jouer aux cartes, et puis les jeunes aussi, ils pourraient venir. Les jeunes, dit-elle, ils sont très respectueux avec les personnes âgées chez nous. Et avoir un endroit comme ça où jeunes et vieux se retrouvent, cela ne pourrait être que bon pour le quartier, pour le calmer. Elle, elle ferait des pâtisseries orientales pour le salon, elle apprendrait aux autres à en faire, pas comme à Auchan, de vraies bonnes pâtisseries. Il ne faut pas rêver, ça prendra du temps, dit-elle, mais au bout d’un an, on pourrait avoir quelque chose qui marche et ramène une meilleure ambiance et du calme ici. Du calme ? La cité n’est pas « dure », mais c’est vrai qu’en arrivant j’ai vu une voiture brûlée. Et d’ajouter, qu’il faudrait embaucher des gens pour maintenir l’ordre, pas la police, des gens d’ici comme à Auchan. Pour garder la laverie, pour garder le café, et tous les services qu’ils rêvent de voir arriver dans la cité. Aux Larris, il y a nous, le PS, et le PC à distribuer des tracts.

A Moreau David, je retrouve les autres, le PC bien sûr (Fontenay-sous-bois est encore une municipalité communiste), l’UMP et les Verts, et bien sûr d’autres camarades du PS. D’un côté à l’autre de la colline, on change de monde, même si Val de Fontenay dans son ensemble connaît une hausse de niveau, qui se traduit par une montée des prix de l’immobilier, hors cité. A Moreau David, les soucis du dimanche matin, c’est de faire le moins possible la queue au fromager, au marchand de gâteaux ou de fleurs. De ne pas arriver trop tard à l’une des deux rôtisserie pour repartir avec le poulet du dimanche. A Moreau David, on achète aussi bio, et la pâtissier du marché fait une dure concurrence à la pâtisserie du coin. De ce côté de Fontenay, on voudrait que le parking soit plus grand et réservé aux habitants de la ville, pas aux autres, ceux des villes d’à côté. On voudrait aussi plus de RER, mais surtout plus d’emplacements pour les vélos et des pistes cyclables. On s’inquiète des écoles, il n’y a pas assez de places, et la carte scolaire devrait être assouplie, pour le moins. Questions légitimes qu’il faut aussi savoir porter. Un monde sépare les deux versants de la ville !


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