Seishu Handa, jeune maitre de calligraphie, se retire dans l’ancienne maison familiale, perdue au milieu de la campagne japonaise. Il est bien décidé à se servir de cet isolement pour se consacrer à la méditation et à l’exercice de son art, mais c’est compter sans l’enthousiasme et les fréquentes visites des habitants de l’île, et notamment celles de Naru, gamine de huit ans débordante d’énergie et d’idées saugrenues. Si Seishu n’est pas enthousiasmé par la situation, son exil et sa vie dans ce lieu où la simplicité se mêle a la bonne humeur sont peut-être ce dont il avait besoin pour évoluer et, de célébrité arrogante et immature, devenir une personne plus ouverte au monde et un artiste plus accompli.
Barakamon s’inscrit dans cette lignée de mangas basés sur le thème de la vie quotidienne où des personnages « normaux » mais néanmoins drôles et attachants assurent le spectacle, principe dont le fer de lance serait sans doute le fameux Yotsuba & ! de Kiyohiko Azuma (auquel Barakamon fait un peu écho avec sa jeune héroïne très dynamique et enjouée). Barakamon est par ailleurs une déclaration d’amour de l’auteur envers sa région natale, et c’est dans ce cadre qu’on assiste à de nombreuses scènes de la vie campagnarde, de l’école aux leçons de pêche à la mouche, en passant par le baptême d’un nouveau bateau. Les différentes histoires qui rythment la série mêlent traditions et problématiques très modernes, d’autant que la majeure partie des personnages sont des jeunes ou des enfants. C’est à la fois doux et contemplatif, mais aussi drôle et énergique, puisque chacune des personnes à qui a affaire Seishu possède son propre caractère un peu excentrique et ses propres problèmes, ambitions, préoccupations.
Si le dessin n’est pas encore très assuré dans ce premier tome, le dynamisme de l’ensemble rattrape les quelques maladresses techniques. Les personnages sont relativement nombreux mais se démarquent bien les un des autres, et possèdent tous un caractère qui leur est propre et leur rôle bien a eux dans le déroulement de l’histoire. Par ailleurs, bien qu’il s’agisse d’un manga de type « scène de la vie quotidienne », il y a quand même des enjeux et une suite logique dans le déroulement de l’histoire et on perçoit clairement l’évolution du héros, ce qui lui apporte une richesse supplémentaire. En effet, si l’humour est omniprésent, l’auteur sait se montrer touchant et ne ménage pas ses personnages, qui reçoivent plus que leur part d’échec et de remise en question, ce qui permet au lecteur de s’y attacher plus facilement et de s’immerger dans l’histoire.
Barakamon, « Garde la pêche » en japonais, porte bien son nom et vous propose un cocktail survitaminé mêlant humour impitoyable et déclaration d’amour a la campagne japonaise, une vraie bouffée d’air frais.