La lionne blanche, Henning Mankell

Publié le 21 octobre 2013 par Cloizzo @mange_livres


« Ce fut à cette époque qu’un petit groupe se réunit dans le plus grand secret pour prendre en main l’avenir des Boers. Ces hommes étaient prêts à défendre leurs droits inaliénables par n’importe quel moyen. A leurs propres yeux, ils obéissaient à une injonction divine. Ils ne se soumettraient jamais. Et ils ne choisiraient pas l’issue du sergent Stratton. La décision fut prise : ils allaient déclencher une guerre qui ne pourrait se terminer que d’une seule manière. Dans un bain de sang dévastateur. »
Une double enquête entre Afrique du Sud et Scanie, et un dernier tiers en forme de thriller : c’est le cocktail quasi-parfait d’un des meilleurs Henning Mankell : La lionne blanche.
Tout commence avec la découverte, dans la juridiction de Wallander, au sud de la Suède profonde, du corps sans vie d’une méthodiste sans histoire. L’enquête patauge, jusqu’à ce qu’on comprenne que cette femme a été tuée presque par hasard, après s’être égarée au mauvais endroit au mauvais moment. Son exécution semble en fait destinée à protéger un complot, qui se prépare là dans le plus grand secret. Très personnellement touché par cette histoire qui se joue à des milliers de kilomètres de la Scndinavie, Wallander se dévoile avec sa morale bien à lui, qui ne s’encombre pas toujours de déontologie professionnelle, surtout quand sa famille est en jeu.
« La sensation d’une menace diffuse, capable de se muer d’un instant à l’autre en violence incontrôlable … C’était cela, la vie quotidienne dans son pays. Tout le monde attendait que quelque chose se passe. Le fauve était en eux. Les Noirs, avec leur impatience devant la lenteur des changements, les Blancs avec leur crainte de perdre leurs privilèges, leur peur de l’avenir. Comme une attente au bord d’un fleuve où une lionne les contemplait ».
Entre sédition et suspense haletant, La lionne blanche (titre superbe en référence à l’un des chapitres du livre) restitue la complexité et les fragiles équilibres de la transition post-apartheid sur fond de rivalité anglo-boer. Mankell est un excellent connaisseur de l’Afrique du sud, c’est dit, et parvient à tresser deux intrigues invraisemblables de vraisemblance et d’efficacité.
« Que pensions-nous donc ? Que notre rêve d’un monde immuable correspondait à la réalité ? Que les petites concessions faites aux Noirs suffiraient ? Les petites concessions qui, au fond, ne changeaient rien ? »