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Universités: ces élus de droite qui réclament le soutien de lEtat...

Publié le 27 décembre 2013 par Juan

Universités: ces élus de droite qui réclament le soutien de lEtat...

Les Echos, 24 décembre 2013


La vie est injuste. Ou cocasse.
Ils l'ont voulue, souhaitée, votée. Aujourd'hui, l'autonomie des universités semble les inquiéter. Tout ce que la droite compte d'élus dans les Yvelines, le département de Valerie Pecresse qui fut l'ancienne ministre de l'Enseignement Supérieur de Nicolas Sarkozy en charge du dossier (sic!) pétitionne, râle et couine pour réclamer davantage de subventions à l'Etat et sauver l'université Versailles-Saint-Quentin.
Du libéralisme...
L'ancien monarque en avait fait l'un de ses marqueurs. Une loi dite LRU fut rapidement adoptée dès les premiers mois du quinquennat.
"Je donnerai aux universités volontaires une autonomie réelle." Nicolas Sarkozy, programme du candidat, 2007.
En 2012, il se félicitait encore de sa réforme universitaire. Il avait accordé, en deux temps trois mouvements, l'autonomie de gestion aux universités françaises. Dans le cadre des investissements d'avenir décidés en 2009, quelque 5 milliards d'euros avaient complétés ce grand projet.
"Les universités obtinrent une relative autonomie: leurs présidents, nommés par l'Etat central, étaient libres de gérer quelques affections de postes ou de mobiliers, contraints par des dotations publiques limitées. (...) Une à une, les universités les plus fragiles sont laissées autonomes ... avec leurs déficits, suite aux réductions budgétaires. " Sarkofrance, Abécédaire des promesses non tenues 2007-2012
En 2012, pendant toute la campagne présidentielle, l'autonomie des facs était l'une des rares réformes dont il pouvait se targuer d'avoir mené à bien. Ou plutôt mené tout court, car la situation des universités françaises était loin d'être brillante. À peine arrivée aux commandes, Geneviève Fioraso, la ministre en charge de l'enseignement supérieur, tirait la sonnette d'alarme. Certaines facs étaient mal en point, faute de moyens.
... à la faillite
Mi-décembre 2013, l'un de ces "patrons" de facs avait menacé de fermer son établissement: "l'hypothèse d'une fermeture en février n'est plus à exclure" écrivait Jean-Luc Vayssière, président de l'université Versailles-Saint-Quentin. En cause, un manque de financement public, un point que récuse la ministre. Laquelle pointe vers un rapport de la Cour des Comptes qui accuse la dite université d'avoir surestimé ses recettes de fonctionnement de près de 15 millions d'euros, et d'avoir laissé déraper sa masse salariale...
Vingt-cinq élus de droite des Yvelines réclament alors "un soutien exceptionnel de l'Etat" pour cette fac. Cet appel est cocasse. Ne devraient-ils pas assumer les désagréments de cette autonomie tant souhaitée ?
Plus globalement, une quinzaine d'universités (sur 76) seront encore en déficit l'an prochain. Elles étaient 17 en 2012, et 19 en 2013. Les conséquences sont connues: fermeture d'antennes, fusions de cours, licenciements. 
L'autonomie en cause
Ni pendant la campagne électorale de 2012 ni depuis son accession aux responsabilités, Francois Hollande n'a proposé de revenir sur cette mise en concurrence des facs françaises entre elles. L'argument d'essence évidemment libéral est assumé sans sourciller. Après la présidentielle, on trouve l'un des anciens experts supporteurs de Valérie Pécresse - passé avec armes et bagages dans le soutien à la campagne hollandaise, devenir conseiller de l'ombre de la ministre Fioraso. Cet homme, Philippe Aghion, s'autorise un entretien assez lunaire à Mediapart en août 2012. Il  applaudit les "ver­tus d'une émula­tion saine entre uni­ver­si­tés", et assène que "la concur­rence pousse à l'excellence."
La ministre elle même tient des propos plus nuancés mais peu différents sur le fond. Elle n'évoque pas la situation de concurrence entre facs. Elle s'attarde plutôt sur les dysfonctionnements: "Il n'est pas possible d'avoir la même organisation dans une université que celle qui prévaut dans une entreprise. Le président manager d'une "entreprise université", ça ne marche pas ! " explique-t-elle dès le mois de juin 2012. Plus tard, elle regrette que "la LRU n'a pas réel­le­ment donné les moyens aux uni­ver­si­tés d'exercer cette auto­no­mie".  Ce n'est pas l'autonomie qui est dénoncée mais son organisation et ses moyens:"Cette loi a d'énormes défauts. La col­lé­gia­lité a été aban­don­née et nous sommes devant une hyperprésidentialisation".
En juillet 2013, une nouvelle loi assure davantage de collégialité. Les recteurs sont en colère, les présidents aussi. Un collectif anonyme se plaint, dans les colonnes de l'Express, d'un "projet mortifère" nuisible à la compétitivité internationale des établissements. Comment expliquent-ils que depuis la LRU de 2007, une vingtaine d'établissements sont tombés en déficit ? La ministre a promis de renvoyer les présidents de facs qui le souhaitent étudier comment gérer un budget...
Sans rire...


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