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Quid de l’épissure du métier ?

Publié le 10 mai 2008 par Renata13
Ou plus précisément, de l’encrier au clavier … C’est l’histoire de l’évolution du métier du Scribe à la Dactylo vers celui d’Assistante de Direction.
Encrier et clavier
L’image stéréotypée de la salariée inoccupée s’éternise encore quelque peu, nonobstant elle n’existe uniquement que dans l’esprit de ceux qui ne conçoivent pas le processus de la gestion administrative dans son entité et qui n’ont pas suivi l’évolution de la fonction.
A l’aube des premières civilisations, l’habilité à consigner manuellement, rapidement et avec précision, grâce à diverses formes de tachygraphie (sténographie), et à transcrire l’information orale devient un art. Les 1ers écrivains deviennent des Scribes et sont assimilés à une certaine caste et au pouvoir. De facto, la tachygraphie fait partie de l’apprentissage des Empereurs et consacre notamment Titus comme expert en la matière.
Au XIXe siècle, la révolution industrielle permute radicalement les conditions économiques et sociales dans les pays dit industrialisés ou en passe de le devenir. Or, un phénomène beaucoup moins connu a accompagné la révolution industrielle, c’est celui de la révolution administrative. Elle concerne le développement du travail de l’écriture, des formes écrites de communication et les transformations technologiques qui les ont guidées.
Cette mutation est suivie par l’arrivée massive du personnel administratif dans les bureaux, que l’on surnommait à l’époque, les rond de cuir à cause du coussin circulaire qu’ils posaient sur leur chaise, afin de pallier à la pénibilité de leur travail du fait de la position assise, qu’ils adoptaient tout au long de la journée.
Entre 1900 et 1930, le poste de rond de cuir évolue vers celui de la petite dactylo. Un tel bouleversement ne se reproduira plus dans les bureaux avant l’introduction de l’informatique et de la bureautique, survenue en France à partir des années ‘70.
Le terme d’employé de bureau recouvre des clauses variées selon les lieux de travail et, en conséquence, il est difficile de définir les débuts de la profession avec exactitude. Stylo plume
Les 1ers employés de bureau étaient uniquement des hommes : des rédacteurs qui rédigeaient lettres et rapports et étaient chargés du suivi des dossiers. Le travail de retranscription était confié aux commis-expéditionnaires qui reproduisaient leurs lettres à la plume. De fait, leur principale qualité était une belle écriture et la maîtrise du style administratif.
La féminisation signât une vraie révolution des mœurs avec l’entrée des femmes dans les bureaux.
Nonobstant, ce métier jusqu’alors convoité, commence à être considéré avec une arrogance croissante. Et, le métier qui était le panache des hommes, devient subitement celui de la servitude. C’est une des raisons pour laquelle la majorité des femmes perfectionnent leurs techniques et développent leur savoir-vivre afin de se distinguer également par leur comportement.
Le phénomène se généralise par étapes, corrélativement à la mécanisation des tâches de bureau. Les pionnières sont les américaines pendant la Guerre de Sécession, qui remplacent dans les bureaux les hommes partis à la bataille. Elle témoignent de leur efficacité, apprennent la sténographie puis la dactylographie.
En France, l’entrée des femmes dans la fonction publique provoque de vastes polémiques. Elles sont présentes dans certaines administrations mais comme auxiliaires, sans positionnement hiérarchique. Cependant, le développement de la machine à écrire entraîne le recrutement spécifique de dames dactylos dans les Ministères, dont les formations en matière de dactylographie sont dispensées par les fabricants des machines à écrire, eux-mêmes.
Le 1er concours, inhérent à la mission administrative, est ouvert en 1901 au Ministère du Commerce. Le niveau du recrutement est celui des institutrices et concerne typiquement la moyenne bourgeoisie. Les compétitrices sont des jeunes filles qui apprennent le piano, car les fabricants de machines à écrire constatent qu’elles ont des prédispositions à la pratique de la dactylographie, du fait de leur dextérité.
Machine a ecrireC’est un imprimeur, Latham Sholes, qui en 1873 conçoit la 1ère Type-writer entièrement mécanique et signe un contrat avec Remington (principal fabricant d’armes) pour une fabrication à échelle industrielle. En France, la machine à écrire, importée des Etats-Unis, fait son apparition en 1883. Le 1er clavier français est défini par ZHJAYSCPG, mais est rapidement remplacé par le clavier Azerty. Cependant, l’écriture visible n’apparaît qu’après 1893. Jusqu’alors, la dactylographe ne voyait pas le texte qu’elle tapait. Dès 1920, l’utilisation des machines à écrire se généralise et elles ne se distinguent plus fondamentalement, hormis par les matériaux de fabrication.
Dès 1910, la Dactylo devient à la mode et inspire de nombreux romanciers et dramaturges. C’est ainsi que la presse a construit l’image d’une nouvelle féminité qui est celle de la Dactylo.
La 1ère Guerre Mondiale renforce la position des femmes qui remplacent, dans les bureaux, les hommes partis au Front. Leur recrutement se démocratise car le niveau général d’instruction des femmes s’est considérablement renforcé avec les progrès de la scolarisation et l’école obligatoire à partir de 1881.
Toutefois, à compter de 1920, le métier se vulgarise au point que des jeunes femmes moins qualifiées et moins instruites rejoignent la profession en devenant des copistes. Dans les grandes entreprises, elles sont regroupées dans des ateliers appelés des pools de dactylographie. Leur travail est strictement examiné, chronométré et standardisé. Des amendes sanctionnent même leurs erreurs. Le taylorisme a transformé les Dactylos en manœuvres de bureau et le monde du travail se déshumanise.
Toutefois, le nombre de postulantes est supérieur aux offres d’emploi et, dès 1925, la profession voit l’apparition du 1er phénomène de chômage.
Entre les deux guerres, le phénomène s’accompagne de la spécialisation des tâches administratives. Les commis aux écritures disparaissent peu à peu et le travail de copie est désormais confié aux Dactylos.
Néanmoins, les emplois de rédaction et de direction continuent à être réservés aux hommes. La séparation des tâches masculines et féminines apparaît nettement : l’homme est celui qui conçoit la lettre, la femme est la copieuse qui exécute sur sa machine la frappe du texte.
DactyloLa Secrétaire fait son apparition au côté de la Dactyo avant le Grande Crise des années ‘30 et c’est à cette époque-là que le terme de Secrétaire se féminise. Elle est considérée comme compétente et cultivée car elle est capable aussi bien de rédiger un courrier que de le mettre en forme. Celle, qui travaille directement aux côtés d’un patron et connaît l’ascension sociale commence à être appelée Secrétaire de Direction.
L’adaptation aux nouvelles formes de technologies devient ainsi une nécessité impérieuse pour réussir et fait émerger un groupe de Secrétaires constituant le pivot d’un organisme ayant pour objectif d’accroître l’étendue de la profession aux femmes. La National Secretaries Association est fondée en 1942. Le fait que ses adhérents soient aussi bien des femmes que des hommes lui confère le statut de la plus importante organisation du genre, avec des filiales qui naissent dans le monde.
De nos jours, de nombreuses personnes ne distinguent toujours pas la dissemblance entre le métier de Secrétaire de Direction et celui d’Assistante de Direction. Or, leurs prérogatives sont sensiblement distinctes. La différence la plus significative est le rôle de représentativité de Direction qui est confié à une Assistante de Direction, outre ses missions d’encadrement et d’interface.
FeminisationDe nouvelles compétences s’imposent, en particulier dans le domaine des NTIC. Les professionnelles de l’assistanat évoluent en même temps que l’évolution technologique, en contrôlant le flux de renseignements par la bureautique de l’avenir. L’Assistante de Direction est devenue la clé de voûte en matière de la communication au sein de l’entreprise.
Depuis l’antiquité jusqu’au XIXe siècle, la profession était liée à l’érudition : écriture, rédaction, connaissances spécifiques. Avec la machine à écrire, le métier a basculé vers une fonction de production. Ce fut le 1er bouleversement du métier. La féminisation de la profession en a été la conséquence directe. L’apparition des logiciels bureautiques dans les années ‘80 a scellé le 2e bouleversement, qui a permis une évolution fulgurante de la profession et a modifié le style de travail. La musicienne est devenue la Chef d’orchestre.
La véritable mutation se trouve dans le traitement de texte où l’on voit les manipulations restreintes au maximum. Toutefois, l’authentique Assistante de Direction a réussi à échapper au paradoxe qui semblait instaurer le retour vers le métier de l’humanoïde écrivain avec la technicité en plus.
L’image de la Secrétaire de l’époque attendant les directives a fait place à une Assistante de Direction, collaboratrice dynamique, sachant prendre des initiatives. Sa technicité repose sur la connaissance des normes de qualité des documents, sur sa capacité à débusquer les erreurs dans les écrits, à sécuriser le stockage des documents pour l’ensemble de l’équipe, à concevoir des dossiers de présentation attractifs. Elle contribue à harmoniser la qualité des écrits transmis, soit en intervenant directement, soit en facilitant la conception des documents en fonction des besoins individuels. Elle optimise l’efficacité des équipes et des opérationnels. Elle met en place les modalités d’organisation ad hoc à l’entreprise. Elle est devenue le pivot structurant pour les équipes souvent dispersées. Elle est le vecteur de la flexibilité et du professionnalisme de l’entreprise qu’elle représente face à la clientèle. Souvent, le succès de la relation entre le client et l’entreprise repose sur la présence et le professionnalisme d’une Assistante de Direction. Elle capitalise l’information clé et est une force permettant d’unir les différents services de l’entreprise.
Elle a acquis un rôle de plus en plus exigeant et au cœur de l’organisation. L’Assistante de Direction est passée d’un rôle de celle qui exécutait à celui où elle incarne un pôle de stabilité dans un monde en perpétuel changement. C’est par elle que transite l’essentiel de la communication institutionnelle ou informelle avec les employés de plus en plus mobiles. Sa fonction continue à être convoitée par rapport à la sphère du pouvoir qui lui est de plus en plus souvent confié.
Global BusinessSes compétences clés sont sensiblement les mêmes que celles des dirigeants : disponibilité extrême, sensibilité - axée sur les solutions, écoute active et de qualité pour une communication efficace, diplomatie, intelligence relationnelle et émotionnelle pour gérer les conflits avec efficience, …
Les NTIC ont augmenté la rapidité de circulation de l’information ainsi que leur complexité. En conséquence, l’évolution naturelle de la fonction est celle vers les métiers liés à la communication et à la coordination des équipes.
A l’heure de la parité, le métier demeure fermement lié à une image féminine, bien qu’à ses débuts et pendant des décennies, il fut réservé à la gent masculine. Serait-ce la raison qui expliquerait que la reconnaissance et la valorisation de la profession sont-elles si laborieuses à acquérir ?
Messieurs les Cadres dirigeants, ne dites-vous jamais : Voyez avec mon Assistante ! ou Demandez à mon Assistante ! ? Et si vous tentiez d’imaginer ce que serait votre réussiste sans elle ...


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