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Touche pas à ma quenelle!

Publié le 29 décembre 2013 par Allo C'Est Fini

Depuis quelques jours, une spécialité culinaire bien française occupe les esprits dans un registre sur lequel on ne l’attendait pas: la quenelle. Au point qu’une recherche « quenelle » sur Google Image ne restitue presque plus une seule photo de véritables quenelles de poisson. Pourquoi donc cette boulette molle et allongée fait-elle l’objet de tant d’attention et de débats passionnés? Voici quelques éléments pour répondre à cette question.

Touche pas à ma quenelle!

Qu’est ce qu’une quenelle?

Sur la définition de la quenelle, il n’y a pas plus clair et précis que Wikipedia: « la quenelle est une boulette de forme généralement allongée, à base de différents ingrédients, typique dans la cuisine traditionnelle de plusieurs régions françaises. On peut citer les quenelles de brochet, les quenelles lyonnaises, les quenelles de moelle, les quenelles de foie« .

File:Quenelles lyonnaises.jpg

Non mais là, c’est quoi cette quenelle?

Par analogie avec sa forme allongée et sa consistance flasque, la quenelle rappelle la forme du sexe masculin. Ancien humoriste (pour moi il ne fait plus partie de cette sorte d’artistes) doué d’une forte dose de vulgarité, Dieudonné s’en est donc inspiré pour qualifier son bras d’honneur version allongée, auquel il semble vouloir vouer une bonne partie de la planète. La quenelle est donc au bras d’honneur ce que le B-52 est au lance-pierre: une version amplifiée à l’extrême par un artiste qui a perdu tout talent. Par son geste d’une obscénité évidente, Dieudonné exprime sa volonté de vouloir « enfiler » une bonne partie de l’humanité. Il y en a qui en rient, paraît-il: on ne doit pas avoir les mêmes goûts, en termes de quenelles.

Est-ce vraiment un geste nazi ou antisémite?

J’ai eu beau remonter aussi loin que possible dans l’historiographie de l’Allemagne nazie, je n’ai pas trouvé de photos d’un SS, d’un dignitaire nazi ou d’un quelconque soldat allemand effectuant le geste revendiqué par Dieudonné. D’un point de vue historique, la quenelle ne correspond tout simplement … à rien: il n’y a ni salut nazi inversé, ni rien de tout cela.

Note:  on me fit en coulisses que je me trompe. Cf. ici et là.

En revanche, et c’est certainement le plus troublant, le geste de Dieudonné s’est rapidement répandu auprès des communautés de parias et de tordus les plus variés, dont on peu retrouver facilement de nombreux avatars via la recherche précédente sur Google Image, Nicolas Anelka en étant le dernier et l’un des plus représentatifs exemplaires.

Touche pas à ma quenelle!

Doit-on s’en méfier?

J’ai bien du mal à voir dans l’expression de telles gamineries une menace réelle pour la démocratie française. Bien au contraire, j’y vois plutôt le signe représentatif d’une communauté de tarés qui se retrouvent autour de blagues racistes et de comportement puérils. Il n’y a qu’à voir les quelques 11000 « j’aime » (!) sur la page d’Anelka pour se rendre compte de l’impact réel de la « quenelle » du footballeur.

La

En outre, j’espère sincèrement que, grâce à l’article je ne sais plus combien de la loi de programmation militaire, le ministère de l’intérieur ouvrira un dossier « quenelle » sur le profil Facebook de la plupart des tarés qui ont liké ou retweeté le footballeur. Ce qu’on peut craindre, peut-être à moyen terme, c’est que l’image de la France, déjà sérieusement chahutée dans certains domaines ces dernières années (PISA, grève des footballeurs, etc.), n’en pâtisse de nouveau. De là à ce que les touristes nous boycottent au titre du record mondial de la beaufitude, il n’y a qu’un pas.

Touche pas à ma quenelle!

Il y a aussi, cependant, un vrai risque de voir un public de plus en plus large se rallier à la démagogie à deux sous de Dieudonné. Et au travers de la « quenelle », basculer vers un univers antisémite beaucoup plus grave que le bras d’honneur tendu. Car il ne faut pas se leurrer, depuis quelques années, Dieudonné flirte avec une classe d’individus aussi nauséabonds que son geste: Faurisson, Le Pen, se sont empressés d’assister à ses représentations dans son théâtre du 11e arrondissement. La principale motivation de Dieudonné, de nos jours, est de vitupérer contre les juifs et Israël. Comment qualifier autrement un type qui est capable de se présenter à une élection européenne sur le seul prétexte qu’il serait anti-sionniste?

Touche pas à ma quenelle!

Comment s’en débarrasser?

Malheureusement, la popularité de la « quenelle » de Dieudonné connaît la même loi de propagation que les thèses révisionnistes: plus on les attaque, et plus elles prolifèrent…. Je me suis longtemps, d’ailleurs, interdit d’écrire sur cette « quenelle », ne souhaitant pas participer à la popularisation du sujet, jusqu’à ce qu’il n’atteigne ce degré de popularité, stade auquel, il faut bien le dire, les médias sociaux ont bien contribué, hélas.

Que faire pour calmer le jeu? Interdire la « quenelle »? Certainement pas, et puis quoi encore!? Pourquoi pas aussi interdire les bras d’honneur, les doigts d’honneur et tout l’attirail du rouspéteur et de la vulgarité? Censurer son promoteur, le bien mal nommé Dieudonné, comme semblent vouloir le faire le ministre de l’intérieur? Je doute que cela soit la bonne solution, car cela reviendrait à le « martyriser » aux yeux des siens, et conforterait son statut de victime du système, ralliant encore plus de naïfs à sa cause. Non, pour répondre à l’intelligence, il faut être intelligent, et pour répondre à la connerie, … il faut jouer au con (c’est surement pourquoi Tapie faisait un si bon « sparring partner » à Le Pen, jadis).

De fait, la seule façon de lutter contre la « quenelle » de Dieudonné, paradoxalement… c’est de l’adopter. De le priver, lui et son entourage, de son signe de ralliement. De l’enqueneller en sens inverse. Dieudonné veut nous donner de la « quenelle »? Et bien rendons-lui la monnaie de sa pièce, au centuple. Que Manuel Valls, Barack Obama et pourquoi pas le Pape lui adressent leur sincère quenelle, en guise de voeux pour 2014. Je m’associerai volontiers, pour une fois, à ce geste vulgaire.

Et les brochets nous diront merci.


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