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Liberté, année zéro

Publié le 30 décembre 2013 par Tetue @tetue
Liberté, année zéro

Voici mes traditionnels vœux au Père Noël, pour 2014, en commençant par un bilan de cette année charnière…

Qu'il est bon de pouvoir tourner définitivement certaines pages ! J'ai pris la meilleure décision qui soit pour moi cette année et c'en est fini des incertitudes qui minent le moral, des contrariées qui engluent et empêchent d'avancer ! Je suis libre ! vivante ! et chaque jour qui passe m'en réjouit !

Je rebondis et retrouve mon bon plaisir, avant tout sensible, entre autres artistique et corporel. La chose la plus extraordinaire que j'ai faite cette année est un voyage : dans le temps, sous la forme d'un stage d'enluminure médiévale, en retrouvailles avec l'écriture d'avant le Web, peu après suivi d'une expédition spéléologique, comme une tentative de découvrir le dernier endroit qui soit encore hors connexion, en passant par ce haut lieu de lutte qu'est le plateau Larzac, qui m'a rappelé à résister, m'insoumettre, créer. J'en ferais bien ma devise. C'est ainsi que je souhaite poursuivre : continuer de publier et tisser des (hyper)liens, résistant à la surveillance orwellienne en inventant autre chose, connectée quand je veux, trop libre pour n'être que geeke.

Il me semble plus que jamais nécessaire de sortir la tête du code et des écrans, de prendre du recul, pour mieux (les) penser, afin de rester libres face à eux. De partager certes, toujours, mais plus seulement entre nous, sur Github et autres dépôts de code : il faut aussi transmettre, initier les autres, tou·te·s les autres, enfants compris, qui, contrairement à ce que nous aimerions penser par facilité, ne savent pas se servir d'Internet [1]. Les enfants d'aujourd'hui grandissent dans un monde sous surveillance pire que celui décrit dans le roman d'anticipation 1984, sans aucune idée de ce qu'est la vie privée, nous alerte Edward Snowden dans ses vœux de Noël, or la vie privée est importante : elle permet de déterminer qui nous sommes et qui nous voulons être. Faire œuvre de pédagogie est une urgence.

Cette année a été marquée par le pavé jeté par Mar_Lard dans la marre de sexisme où barbotaient tranquillement les geeks [2]. Impossible à ignorer tant ils se sont agités consécutivement. En parallèle, un sentiment de désillusion grandit quant au développement d'Internet, avec des inquiétudes croissantes sur nos libertés et le respect de la vie privée. Des questions se posent au monde des hackers et du logiciel libre [3], dont la technocratie est excluante, dont la méritocratie se mord la queue, n'adoubant que des semblables. Bref, ce fut l'année du constat et de la prise de conscience de l'inquiétant manque d'humanités, d'accessibilité, de femmes et de diversité, dans le numérique. Si beaucoup dénient, trop contents de leur sort, tandis que les médias abordent le sujet dubitativement, à la forme interrogative, d'autres amorcent déjà la nécessaire remise en question. C'est avec ces derniers, esprits libres, que je veux travailler. J'en profite pour vous claquer la bise au passage, avec une tendresse retrouvée.

Je pressens, et j'espère, que beaucoup de choses vont changer au cours de cette nouvelle année. Je fais le vœux d'un monde plus libre, mixte et diversifié, évidemment. À l'échelle de ma vie, j'aimerais me libérer du temps pour être moins souvent sur les rotules, recouvrer mon libre arbitre, et pouvoir me réinvestir dans des projets libres et féministes. J'aimerais que l'on invente mieux que le WISIWIG à la Microsoft Word, que coopèrent des projets comme SPIP et Dotclear, qu'on éclate les CMS en modules interopérables, et surtout, que les interfaces soient plus accessibles et plus faciles à utiliser. Rien ne sert de coder, si ce n'est pas aisément utilisable, si ça n'aide qu'une minorité d'initiés. Et non, faciliter l'usage ne crétinise pas les gens, au contraire : « interfacer rend moins con » [4]. L'IHM est l'enjeu de l'année à venir.

Je vais donc continuer d'expérimenter en conception web, papier et crayons à la main, du zoning au mockup, mais sans abandonner HTML et CSS, où je reviens aux fondamentaux, les hyperliens et la lisibilité, comme dans Tiny Typo. Continuer de parler, d'écrire… et pourquoi pas enseigner ? Et développer d'autres pratiques, pour ne pas perdre la main. Sous le sapin, j'ai donc le Petit précis de créativité de Virginie Caplet, des pinceaux en poil de martre, un stylet tactile et le manuel de Design d'expérience utilisateur de Sylvie Daumal, sans oublier l'essai Hackers : au cœur de la résistance numérique d'Amaelle Guiton : de quoi nourrir mes réflexions de l'année à venir :)

Pour finir l'année en tendresse, je vous invite à relire la fabuleuse saga de l'été, Le chat, feuilleton à épisodes (commencer en bas de page) dans le journal de bord de Laurent Gloaguen, ou comment un dinoblogueur a cédé à la domination des chats. Jolie histoire d'apprivoisement, bref d'amour, qui me donne envie d'embrasser tous les garçons de la terre. Je ne fais qu'un vœux pour 2014, celui de tomber amoureuse, d'un chat… et de l'homme qu'il aura domestiqué.

Liberté retrouvée, libertés à défendre, à apprendre à partager, s'apprivoiser, et aimer. C'est tout ce que je vous souhaite.


À relire, les articles les plus marquants de 2013 :


[1]

[2]

[3]

[4]


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