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Critique Ciné : Tel Père, Tel Fils, on a échangé nos enfants

Publié le 31 décembre 2013 par Delromainzika @cabreakingnews

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Tel Père, Tel Fils // De Hirokazu Koreeda. Avec Masaharu Fukuyama et Machiko Ono.


Prix du Jury au dernier Festival de Cannes, Tel Père, Tel Fils nous raconte une histoire familiale bouleversante que personne ne voudrait vivre. Au début, je ne savais pas trop ce que j’allais voir, notamment car j’ai bien souvent une appréhension du cinéma asiatique. Ce n’est pas du tout la même culture et j’ai peur, comme avec le cinéma indien (et j’ai eu l’exemple contraire de mes préjugés avec The Lunchbox il y a peu). Peur de ne pas réussir à m’identifier ou à être ému. Sauf que j’ai bel et bien été ému par Tel Père, Tel Fils. Ce film est bouleversant car ce qui arrive à ces deux familles, on ne peut le souhaiter à personne. Comme le dit le père de Keita, sa famille est foutue. Il a bien raison. On ne peut pas vivre à nouveau normalement quand une histoire de ce genre là nous tombe dessus. Petit à petit on apprend à connaître les deux familles, les deux enfants, les liens qu’ils peuvent avoir avec leurs parents biologiques respectives, etc. Mais le film va beaucoup plus loin, notamment quand celui-ci commence à nous parler des problèmes d’éducation de chacune des deux familles.
Ryoata, un architecte obsédé par la réussite professionnelle, forme avec sa jeune épouse et leur fils de 6 ans une famille idéale. Tous ses repères volent en éclats quand la maternité de l'hôpital où est né leur enfant leur apprend que deux nourrissons ont été échangés à la naissance : le garçon qu’il a élevé n’est pas le sien et leur fils biologique a grandi dans un milieu plus modeste…
Tel Père, Tel Fils ne cherche pas non plus à nous apitoyer sur le sort de ses deux familles. De la culture japonaise je ne connais pas grand chose mais je sais qu’ils ne sont pas du genre à montrer leurs émotions. Du coup, le film ne nous plonge pas dans un trop plein de bons sentiments. C’est une très bonne chose, surtout que je m’attendais plus ou moins à tout le contraire. Le film choisi donc de nous parler de cette histoire avec une telle retenue, sans oublier de nous faire rire (car oui, il y a des passages assez drôles au milieu d’un sujet des plus difficile et délicat). Les bons sentiments ne sont jamais là mais l’émotion monte au fur et à mesure que le film passe, ne serait-ce que grâce à ces comédiens que je ne connaissais pas du tout et qui sont bouleversants. Hirokazu Koreeda est un réalisateur qui sait s’y prendre avec son sujet et fait les choses de façon assez intelligente. Il ne cherche pas nous plus à tomber dans les clichés familiaux (et ce même si je ne connais pas les traditions japonaises en termes familiales, je pense que je peux comprendre comment fonctionne une famille normale).
Du coup, Tel Père, Tel Fils est un beau film où les enfants vont servir de messager pour des parents qui ne peuvent pas choisir à leur place. En effet, ce sont les parents qui doivent choisir avec qui ils veulent vivre maintenant et surtout s’ils acceptent d’être changés de famille. Le sujet des bébés changés à la naissance devient encore plus horrible quand l’on découvre l’origine de cette erreur et le fait que l’infirmière à simplement voulu rendre malheureuse des familles car sa famille n’était pas heureuse et son enfant ne voulait pas d’elle comme d’une mère. Les américains ont déjà tentés de faire des films et même une série (Switched at Birth) sur ce registre là sauf que tout ce que j’ai pu voir sur le sujet n’a jamais été aussi bon que dans Tel Père, Tel Fils. Et la tension est présente tout du long alors que les parents craquent petit à petit. Si d’un côté une famille tente de rester heureuse et unie, de l’autre c’est tout le contraire. Tel Père, Tel Fils est un film froid et distant, comme ce que je disais plus haut sur le fait que, dans leur culture, les japonais ne doivent pas montrer leurs émotions.
Note : 8/10. En bref, c’est beau et malgré toute la froideur, le film bouleverse son spectateur comme une claque.


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