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Br�sil, inflation "maitris�e" dit Dilma.

Publié le 01 janvier 2014 par Domtraveller

Blog de domguyanais : JOURNAL DE L'AMAZONIE EN EVOLUTION, Brésil, inflation

A Santana, le port de Macapa sur l'Amazone, des stocks énormes de minerai de manganese sont déposés près de la rue principale, occasionnant des allergies de peau et respiratoires. Pire, une école du quartier Elesboa est située au coeur de ces entrepots de l'entreprise Anglo american. 
La consommation de fin d'année est en berne, le réal ayant chuté de manière importante (1 € = 3 réais ) toute importation grève le budget des familles. Ce qui explique aussi sans doute l'achat d'avions militaires moins onéreux que le Rafale français. 

A l'entrée de la chambre, l'interrupteur électrique est démonté. Il faut pour éclairer la pièce, passer délicatement le doigt derrière un fil rouge et le mettre en contact avec l'autre. Appuyer, afin que le contact reste permanent. Je suis au Brésil, le Nordeste, la partie la plus pauvre du Brésil, dit on. La salle de bain est équipée de la même façon, il faut tourner l’ampoule à vis pour allumer l’ampoule. Il y a pire, certainement. Les camions passent inexplicablement dans cette impasse en trouant la partie non asphaltée , en dessous de laquelle passent quelques tuyaux d'eau potable fragiles, mais comme personne ne veut payer le service d'eau c'est du bricolage permanent. Une fuite, et seulement celui qui ne reçoit plus d'eau réagira. Au Brésil comme dans de nombreux pays d'Amérique latine, il faut acheter de nouveaux vêtements pour la fin de l'année. Faire bonne chère, avec des produits frais. Et plus si la famille est aisée. Sur TV Globo, Ana Maria Braga la célèbre présentatrice de tout, se transforme aisément en commerciale de décoration de Noël, fleurs, nappes, et pour une fois ne nous donne pas une recette spéciale de couches alimentaires empilées les unes sur les autres, puis mélangées allègrement pour être enfournées, soit à l'intérieur d'une pâte soit d'un four. 

La litanie des pluies de fin d’année sur le sud du pays ne s’interromp pas, va même en s’aggravant, il y a trois ans un effondrement sur une villa d’une ile proche de Rio avait fait quelques victimes. Cette année les victimes sont innombrables, les surfaces inondées inoubliables, et les politiciens du gouvernement brésilien sont étonnament muets,  mis à part Dilma qui se déguise en sauveteur ridicule, avec un gilet rouge. Les écologistes ne parlent pas non plus de réchauffement climatique à prendre en compte de manière urgente pour les constructions sauvages. Il semble que la croissance brésilienne opère surtout au niveau de la natalité, et le reste doit suivre, l’administration faisant semblant de contrôler la situation en accordant les permis de construire, en installant l’électricité (qui était une priorité sous le régime de Lulla) et l’eau, qui n’est une priorité pour personne semble t-il, pas même au niveau du traitement des eaux usées. Un pays lessivé par les intempéries fait confiance à la nature pour nettoyer le paysage, mais vous lirez un écriteau «Ne jetez pas d’ordures dans le fleuve» sur les rives de l’Amazone à Santarem. Il n’existe aucune usine de retraitement des eaux usées dans cette ville majeure d’Amazonie. 

J'ai décidé de retourner au quartier Fortaleza, à Santana, celui qui accueille toute la navigation locale, Açaï, porc de Noël, poissons, crevettes, langoustes "pitu"… Mais ce matin on charge seulement la glace pour le poisson du soir. Il n'est pas question de le pêcher dans la journée mais seulement de l'apporter dans de bonnes conditions, sous 30 degrés à l'ombre. 

C'est un petit port animé relié à l’Amazone.. On ne me regarde pas comme un étranger inquiétant, certains me connaissent déjà… La difficulté du photographe, en comparaison avec le peintre, c'est que le peintre a, lui, quelques mois pour réussir son chef d'oeuvre. Le photographe a moins d'une seconde. Vous imaginez la difficulté. Pour la contourner chacun peut avoir sa stratégie. Anticipation, en préparant tout à l'avance, il n'est pas question d'avoir la bonne excuse féminine des batteries à plat. Avoir le bon objectif correspondant à la fois au sujet et au regard que l'on désire déployer. Ce matin, la vie est en grand angle, mais le soleil de face ne facilite pas la prise de vue et le pare soleil est inutile. trouver les symboles spécifiques… On prépare le porc, tué le jour même. Il sera déjà dégusté en grillades au repas du midi, mais on me dit que le sang est jeté ! Pas de boudin dans la culture brésilienne! Je proteste ! Le sang est bien meilleur que le foie de porc qui a dû drainer toutes les cochonneries. Beth casse une sandale. En Afrique elle serait abandonnée sur le champ, comme deux soeurs inutiles. Ici on rentre au moins à la maison avec. 

Le Grego n'a parait il toujours pas vendu son port, trop déglingué sans doute. 

Le Brésil pense actuellement à la coupe du monde de foot. Puis, lourde tâche il devra enchainer avec les Jeux Olympiques. 

Alors, Camilo Capiberibe a beau se démener, l'asphalte de la BR156 n'a pas avancé d'un pouce. C'est un choix pertinent car, à la place, on vient d'inaugurer l'hôpital d'Oyapoque, qui respecte les normes, mais lesquelles au fait? 

Les services publics de sont pas à la hauteur depuis longtemps dans cette partie du Brésil. 

Longue suite de politiciens corrompus élus par un peuple abusé et aussi corrompu. 

Pour cacher la misère, la télé diffuse des programmes d'information bourrés de publicités. Le Brésil est un pays capitaliste dirigé par des communistes. La devise en est "un pays pour tous". On ne peut faire mieux. 

Cela devait bien arriver, un français cuisinier amoureux d'une brésilienne s'est installé dans cette ville sans caractère et de passage, Santana. Il lui est difficile de combiner les spécialités françaises avec la vie brésilienne. Le métissage est en route. Cuisine de haut de gamme, le Petit Bistrot, proche de la place centrale, touche les hommes et femmes d'affaires. Régularité de la qualité des produits, mais variété de la carte selon l'arrivage.

La qualité des produits est difficile à maintenir dans ces régions du monde. Ce sont des entreprises privées qui se lancent et apportent une certaine amélioration du niveau de vie.  

Un shopping center s'est ouvert sur la route de la Fazendinha, offrant seulement des boutiques de vêtements, un peu d'électroménager, une petite librairie, où j'admire un ouvrage sur les Naturalistes du 16 ème au 19 ème siècle au Brésil. Seul ouvrage scientifique, notre époque veut du droit, du spiritisme, de la bonne cuisine, des romans quelconques. Au Brésil, on pense aux enfants, les magasins de jouets ne sont pas oubliés. Bizarrement personne ne se presse dans ces boutiques, trop chères, 500 réais le vêtement. On fait plutôt la file là où ça coûte 40 réais. 

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Les constructions de baraques envahissent le moindre espace libre. C'est ainsi. Il faut profiter de parcelles qui seront distribuées peut être aux premiers occupants. 

On coupe les arbres et les perroquets se déplacent. Un arbre ça repousse vite au Brésil. 

La bicyclette est le moyen de déplacement le plus rapide du pauvre. Prendre un taxi relève de la performance, due aux difficultés grandissantes des communications téléphoniques, délaissées par la concurrence et les pouvoirs publics. Une pluie et tout est arrêté. Enfin, la pluie a bon dos.

On arrive cependant à installer miraculeusement une antenne afin de capter une image télévisée de haute qualité. 

Ce soir ce sera la nuit de Noël, un vestige de célébration de cultes païens lointains, qu'un ignorant responsable a jugé nécessaire d'interdire au nom de quoi? en France. 

Ce culte doit être très bien adapté à une région où le froid sévit pendant six mois sans récoltes. Un culte d'amitié entre familles. Un culte pour se préserver de la rigueur hivernale et attendre  le retour du printemps et des récoltes. Mais sous les tropiques, ce pays de cocagne où de nombreux fruits et légumes poussent toute l'année, cela perd de son sens. C'est devenu un Noël du commerce. 

Acheter ici, c'est investir dans du court terme, dans des produits peu chers qui ne valent rien, provenant du Paraguay, mais profitent à ceux qui les vendent. 

Ainsi le peuple est amené à rester consommateur fidèle ,à la poursuite de son confort. 

Les réflexes européens sont inexistants, ici,  comme dans tout pays pauvre. 

On peut conduire sans permis ni assurance, à condition de ne pas avoir de problème. 

Un pièce de vélo ne sera changée que si son importance est primordiale. Si le frein avant  freine, cela suffira… 

La nuit de Noël commence ainsi par quelques pétards, puis la musique forte est distribuée à tout le monde et toute la nuit. Si votre voisin est équipé en Watts, vous dormirez peu avec le bruit. Brega, la préférence locale. 

Chaque civilisation a ses rythmes.

Comment faisaient ils avant l’arrivée des chaines Hifi ? 

Risotto, salade de légumes frais, crevettes et poulet. Menu simple pour famille simple, pas de buche de Noël. Arrosé d’un Chiraz chilien 2011.  Un bol d’Açai au dessert. Puis la soirée arrosée par les voisins. 

Dormir avec les moustiques et le bruit. 

Au matin, comme en Europe, café, pain, mais pas de beurre, la margarine le remplace. Confiture importée. 

Les enfants dorment dans le hamac ou sur un matelas au sol; ou sur le canapé. Simple. 

Les prix augmentent au Brésil. Par simple jeu des monnaies. 

Il y a deux ou trois ans, on avait deux réais pour un euro. Maintenant le change est à trois réais pour un euro. Le marché international n’a pas cru au miracle économique brésilien. Malgré la découverte du gaz de shiste près des côtes océaniques. Les difficultés sont nombreuses, techniques, sociales. Si l’exploitation de ce gaz semble acquise, il en est autrement de la construction du barrage hydro-électrique de Belo Monte, sur l’affluent de l’Amazone, le Rio Xingu. Raoni le chef amérindien ameute les peuples internationaux afin de préserver sa forêt nourricière. 

L’hypocrisie du gouvernement brésilien est de faire croire à la préservation de la Nature et des peuples autochtones. Mais on est proche d’une  extermination par destruction du milieu écologique. 

La bataille juridique est gigantesque avec des arrêtés et des redémarrages. Les grands groupes industriels français sont compromis. La schizophrénie est ainsi proche. 

Le Rafale ne sera pas acheté par Dilma. Choix économiques ou stratégiques, personne ne le dira. 

De même qu’ajoutée au barrage de Belo Monte, une mine d’or est prévue sur le territoire amazonien. 

Le peuple brésilien de l’Amapa est désinformé, Internet difficilement accessible, même par la «banda larga» équivalent de la 4G. Par contre il est abreuvé de bière de basse qualité. Evitez Brahma, et l’eau Indaia. 

Pendant ce temps, en Guyane française, c’est l’échec pour accueillir l’équipe de foot nationale sur une base soit disant «avancée» ; cela est bien compréhensible, l’accueil guyanais n’est pas le meilleur au monde, loin de là, malgré les efforts du monde sportif qui pensait sans doute remplir les Hotel de Luxe à Cayenne. 

Noël au Brésil, le père Noël est toujours bienvenu, il est même escorté en vol par l’aviation militaire, normal, nous sommes au «pais de todos»... 

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DD. 


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