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Prisoners

Publié le 03 janvier 2014 par Dukefleed
PrisonersThriller de facture classique
Un jour de Thanksgiving dans une banlieue pavillonnaire américaine, les Keller (parents et leurs 2 enfants) vont prendre le repas chez leurs voisins et amis. Un inquiétant camping car vétuste sillonne dans le quartier. Les parents, malgré leur vigilance, laissent leurs deux jeunes filles respectives rejoindre le logement voisin des Keller. En milieu d’après midi, ils s’aperçoivent de leurs disparitions. Ils alertent la police qui intervient rapidement et met très vite la main sur un simple d’esprit, coupable idéal et annoncé. Faute de preuve, ils le relâchent au bout de 24 heures. Keller père, fou de rage devant cette justice inefficace, décide de faire parler le talion au prétexte, compréhensible de tous, que des enfants non retrouvés dans les 7 jours, sont toujours retrouvés morts. La compassion marche à plein et le spectateur prend fait et cause pour ce père de famille devenant bourreau lui-même. Le film offre ici une belle opposition entre le timing lent d’une enquête de justice et l’action du père conduite par une urgence vitale. La première demi-heure est impeccable ; après de multiples micros rebondissements l’homme que tout accable (Alex Jones) est forcément le coupable. Un seul geste de cruauté inattendu de sa part sur un pauvre chien le condamnera définitivement Alex. Et même les plus réticents à l’auto justice se verront adhérer au choix du père.Ce thriller emprunte beaucoup à « Zodiac » de Fincher dans son rythme narratif hypnotique. La trame scénaristique est aussi infernale et les 2h30 truffées de retournements de situation passent très rapidement. Une belle réussite. On retrouve aussi dans ce film un peu de « Mystic river » d’Eastwood dans sa façon de dépeindre une Amérique élevée dans la peur de l’autre, handicapée par une forme de paranoïa génétique et une foi plus inhibante qu’aidante. Keller père stocke des provisions dans le garage à côté des masques à gaz ; c’est « Take Shelter » de Nicholls mais en plus démonstratif. Denis Villeneuve met un peu trop de balise à l’image (le sifflet, le labyrinthe, les serpents,…) et joue aussi trop avec ses rebondissements. Conséquence, l’intrigue s’évente au point de faire oublier l’enjeu dramatique de la disparition de deux petites filles, mais aussi une distance émotionnelle se créée par l’absence de dilemmes moraux.Oscarisé avec un film à petit budget passé inaperçu (« Incendies »), Denis Villeneuve joue dans la cour des grands avec ce film et réussi tout de même son coup avec une photo sombre adaptée, un scénario nourri et un casting épatant. Ce drame familial vaut sérieusement le détour même si les ficelles du genre sont quelques peu éculés et les références un peu trop pesantes pour ce film.A voir : réussi, captivant mais pas novateur.
Sorti en 2013

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