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Un nouvel équipementier français présent aujourd'hui dans tous les nouveaux programmes d'avion, il s'appelle Michelin

Publié le 03 janvier 2014 par Toulouseweb

Le saviez-vous ? Quand la navette américaine se posait en Floride, elle le faisait sur des pneus Michelin. J’avais eu l’information d’un honorable correspondant ŕ la Nasa. J’étais tout fier de détenir cette information et j’ai décidé d’appeler Michelin. Quelle ne fut pas ma désillusion ! Si Michelin me confirmait équiper la navette américaine, la firme de Clermont-Ferrand refusait de communiquer sur cet événement.
Autre temps autre lieu, c’est carrément devant l’AJPAE, l’association des journalistes professionnels de l’aéronautique et de l’espace, que le męme Michelin Aviation a décidé de dévoiler son activité avion ŕ Paris et d’ouvrir les portes de son usine ŕ Saint Doulchard prčs de Bourges. Quelques 500 personnes y travaillent, dans une usine qui va bientôt atteindre son maximum en termes de capacité. Une trentaine d’embauches sont prévues en cette nouvelle année. Ce qu’il y a d’étonnant ŕ Bourges c’est qu’on y trouve tous les pneus des avions qui volent actuellement : des pneus d’A 320, d’A 330, d’A 380, voilŕ pour ce qui est d’Airbus. Mais il y a aussi des pneus pour Boeing, 737, 787 et 777. Bibendum est sélectionné dans les tout derniers programmes comme l’A 350XWB, le C Series de Bombardier ainsi que le tout nouveau 5X de chez Dassault.
Alors comment font-ils chez Michelin pour ętre aussi compétitifs ? Tout simplement ŕ cause de la technique du pneu Radial qui nous vient de l’automobile. Sans rentrer dans des détails d’ingénieurs, disons que le Radial, qui est un assemblage de bandes de tissus et de gomme, permet beaucoup plus de rigidité. En 2001 Michelin, toujours en quęte de recherche et développement invente le NZG encore plus résistant puisque sont introduites des fibres de nylon et d’aramide. Selon les calculs présentés sur un avion comme l’A 350, le NZG permet de réduire le poids de 10% tandis qu’il augmente de 30% le nombre des atterrissages ce qui, toujours selon les calculs d’Airbus, fait une économie de 10 000 dollars par avion.
Une autre surprise, Michelin fournit le marché militaire et pas n’importe lequel, la firme de Clermont-Ferrand est montée sur le F-35 américain de Lockheed Martin. L’US Air Force est le 1er client de Michelin dans le domaine militaire devant l’armée de l’air française. Un pneu d’avion parcourt peu de kilomčtres dans sa carričre mais il est soumis ŕ des contraintes extraordinaires, il doit subir des différentiels de températures de -50° (ce qui est en moyenne la température extérieure en vol ŕ 10 000m d’altitude) et quand il se pose sur une piste surchauffée, sa température peut monter jusqu’ŕ +250°. C’est qu’il lui faut porter jusqu’ŕ 34 tonnes sur un A 380, c’est pour cela qu’il est gonflé ŕ une pression de 22 bars contre 2,5 bars sur une voiture. En fait, on lui demande des performances d’une formule 1 avec le poids d’un gros camion. Quand on sait que le marché mondial du pneu d’avion représente 1 500 000 unités par an, on comprend pourquoi Michelin s’est mis sur ce créneau d’autant plus qu’un seul tiers de ces pneumatiques sont des pneus ŕ carcasse radiale.
Alors qu’il me soit permis d’évoquer un souvenir personnel. On n’a pas oublié le crash du Concorde dű ŕ l’origine ŕ la crevaison d’un pneu du train d’atterrissage qui avait roulé sur une tige métallique tombée d’un avion le précédant. Alors que tous pendaient qu’un jour le Concorde revolerait, Michelin a alors proposé des pneus plus résistants qui furent fabriqués et montés sur un Concorde. Air France avait eu la bonne idée d’organiser un vol spécial pour remercier les membres de l’équipe de recherche et développement du site de Ladoux ainsi que l’équipe de fabrication de l’usine de Saint Doulchard. C’était le samedi 15 décembre 2001, il faisait -6° par un trčs beau soleil d’hiver. La foule était immense autour de l’aéroport. J’ai eu la chance d’ętre ŕ bord de ce vol extraordinaire et je garde précieusement la carte d’embarquement sur la quelle sont inscrites la ville de départ Clermont-Ferrand et la ville d’arrivée Clermont-Ferrand. Aprčs avoir passé Bordeaux puis ensuite fait une boucle pour atteindre Mac 2 au-dessus de l’Atlantique, nous nous sommes posés de nuit avec, pour nous accueillir, la męme foule qu’au départ. Mais… Concorde n’a jamais revolé… pour d’autres raisons.
Le nouveau challenge de Michelin Aviation actuellement est double : fournir l’A 320 NEO et le 737 MAX. La bagarre est déjŕ bien engagée avec la concurrence : Bridgestone au Japon, Goodyear aux Etats-Unis et Dunlop au Royaume-Uni.
Gérard Jouany

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