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348ème semaine politique: et Hollande oublia sa gauche.

Publié le 04 janvier 2014 par Juan
348ème semaine politique: et Hollande oublia sa gauche. 2013 s'est achevée, enfin.
Mais que penser de ces premières heures de l'année d'après ?
Les voeux de Hollande avaient marqué, enragé, énervé.
Pour certains, c'était un réflexe pavlovien ("On vous l'avez bien diiiiiiit !!"). Pour d'autres, comme une trahison. Il aurait fallu que tous sortent du grand jeu des arguments convenus ... François Hollande, en délivrant des voeux que personne n'attendait, a faussement surpris, sauf à droite.
Donc Hollande est social-libéral.
Le Figaro cache mal sa surprise: "François Hollande, qui s'est souvent vu reprocher de faire du zigzag, a choisi d'assumer clairement une ligne réaliste ou sociale-libérale "), Le Monde défend la constance: "Hollande assume un discours qu'il savait impossible à tenir lorsqu'il était le candidat des socialistes à l'élection présidentielle"), Alain Duhamel, pour Libération, évoqué un "président masqué". Les Echos font déjà les simulations qui vont bien. La quasi-totalité de nos médias nationaux - subventionnés ou pas - étaient donc convaincus d'un virage (?), d'un ou d'un aveu.
Le changement, pour eux, avait eu lieu, ce jour, maintenant, un 31 décembre 2013 à 20 heures, sans crier gare. On pouvait comprendre de cet étonnement "médiacratique" qu'il était aussi le symptôme d'un aveuglement collectif.
Hollande n'avait pourtant pas changé de ligne. Depuis son entrée en campagne, Hollande suit la même direction, celle du redressement des comptes publics. Seulement voilà, il avait juste, effrontément, oublié sa gauche. C'était une position politique assez curieuse en ces temps d'élections de la part d'un homme que l'on juge habituellement bon tacticien. Après tout, même s'il n'était nullement surprenant que notre actuel président reste constant, on espérait encore il y peu une inflexion, une reconnaissance, une attention au drame de l'époque que nous pouvions résumer d'un mot - précarité. Hollande n'était pas Sarkozy, n'en déplaise quelques raccourcis "vrauchistes". Mais le pays attend autre chose. Rappelons ses 500.000 inscrits/désinscrits mensuels à Pôle Emploi, ses 2,25 millions de RSAistes, ou les 8,7 millions bénéficiaires de la CMU ou de l'aide à la complémentaire Santé.
En septembre dernier, à la télévision, Hollande avait déjà expliqué qu'il était le "Président des entreprises". En janvier, il ajoute donc la perspective d'une baisse d'impôts - une démarche inédite pour un président de gauche-, d'un "pacte de responsabilité" avec les entreprises. Le Medef, immédiatement, prend acte et dit "chiche" -  "Make my day". Et de promettre "un million de créations d'emplois en 5 ans"... quand le pays compte plus de 5 millions d'inscrits... ça commence bien...
2013 fut l'année des emplois aidés - emplois d'avenir et contrats de génération. Pour 2014, il veut de l'emploi privé. Donnant-donnant ? 
En fait, François Hollande conserve son attitude comptable. Il est là pour redresser les comptes. La dette publique s'envole encore vers les 2.000 milliards d'euros. Hollande n'a pu réduire à 3% du PIB le déficit budgétaire en 2014, crise oblige. Le gouvernement nous a promis 50 milliards d'euros d'économies budgétaires d'ici 2017. C'est énorme, et c'est très peu. La Vrauche crie à l'austérité. Mais la France n'est pas le Royaume Uni. La confusion des arguments nuit au propos, comme toujours. Elle réclame de la dépense publique. A 57% du PIB absorbé par nos budgets publics, qui peut prendre cette remarque au sérieux ? Le vrai sujet, l'unique, est comment protéger les plus fragiles, les modestes, les sans-abris et sans papiers. La précarité demeure massive. Et Hollande n'y livre qu'une brève allusion, en fin de discours:  "la France sera forte si elle reste solidaire."
On comprend qu'il s'inquiète de sa propre majorité. On comprend qu'il n'a rien compris à celle d'après. Ce mardi soir, il promet en effet un bel effort pour la "transition écologique". Bravo, merci pour les écologistes ! L'hommage twittosphérique de Cécile Duflot à François Hollande est remarqué jusque dans les colonnes du Parisien. Car Hollande, en plus de ces voeux schizophrènes, avait réactivé ses comptes Twitter et Facebook, rapidement envahis par la réacosphère.
Mais il commet une erreur politique. Hollande oublie sa gauche. Pas de signe ni message, aucune allusion ni projet. Le "socialisme de l'offre", oxymore ravageur, fait donc les ravages qu'il convient. Il le conduit à tout et n'importe quoi, comme cette légalisation provisoire (jusqu'en juillet 2015) et précipitée de l'ouverture dominicale des magasins de bricolage en France.
Le socialisme de l'offre est-il seulement compatible avec l'écologique politique ?
Donc Hollande est social-libéral. Mercredi, un économiste "atterré" réclame une relance de la dépense publique. Le propos serait à contre-courant de l'argument hollandais du moment. Quelques élites de la gauche impeccable continuent de crier contre la hausse de la TVA qu'elle assimile à une hausse des prix. Moins de 7 milliards, dont une majorité, nous assurent tous les instituts, sera absorbée sur les marges des entreprises. D'autres, militants, responsables ou commentateurs sympathisants s'inquiètent au contraire de cette sortie de route électorale qui guette le Front de Gauche.
Pour le premier conseil des ministres de l'année, vendredi 3 janvier, le gouvernement déroule son programme des mois à venir, quelques lois majeures - cumul des mandats, loi sur la consommation, formation professionnelle, égalité professionnelle entre hommes et femmes et artisanat - mais beaucoup d'ordonnances.
Le Parlement est une chambre morte.
Un autre gars, plus sinistre, disputait la vedette. Dieudonné, humoriste de la haine facile, du calembour aussi douteux que l'assistance qui l'applaudit, avait lâché l'insulte antisémite de trop, une blague sur l'un des journalistes vedettes de France Inter qu'on aurait loupé aux chambres à gaz. Sans commentaire, la nausée seulement. Nous n'avions pu échapper à la montée en épingle de l'affaire des quenelles, un geste récupéré par des fachos en tous genre. Mais cette fois, Dieudonné franchissait un pas de plus. Manuel Valls s'empare de la chose, menace Dieudonné d'interdiction pure et simple. Mais qui à gauche écoute encore Valls ?  L'association France-Palestine s'indigne de cet "imposteur raciste" (dixit), la critique fait mouche. Et Christiane Taubira, vendredi, publie la tribune qu'il fallait contre les "pitreries obscènes d’un antisémite multirécidiviste".
Trois millions de Français ne se sont pas inscrits sur les listes électorales pour les scrutins municipaux et européens. A Paris, la candidate UMP Nathalie Kosciusko-Morizet se fait photographié par un magazine people en train de fumer un clope avec des SDF. Avait-elle prévenu ces derniers qu'elle réclamait l'interdiction de la mendicité à Paris ?
"L'UMP va se prendre une branlée aux municipales"
Nicolas Sarkozy, cité par le Canard Enchaîné du 31 décembre 2013.

Bonne année ! 


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