Cela fait trois ans qu'une œuvre de Georges de La Tour n'était pas réapparue, depuis le Saint Jean-Jérôme lisant découvert à Madrid, au Palacio de la Trinidad, siège de l'Institut Cervantes, par le professeur Milicua. L'oeuvre appartenait à la jeune carrière du peintre, vers la même époque que les Apôtres d'Albi. Il s'agit d'une toile diurne, proche par le style du Saint Thomas à la pique du Louvre daté de la fin des années 1620.
Le thème de Sainte Sylvie fumant est beaucoup moins courant chez Georges. La composition dans laquelle la sainte est vue de trois-quart, en train de tirer sur sa clope, est connue par plusieurs copies anciennes présentant de nombreuses variantes avec le tableau nouvellement réapparu, qui renvoient à plusieurs originaux disparus. Elles sont conservées dans un musée américain dont nous tairons le nom, connu pour les très nombreux faux qu'il abrite. On en trouverait encore dans la collection de la reine d'Angleterre à Hampton Court (peut-être un original usé, mais la fumeuse tirerait non pas sur un vulgaire steak roulé à la main mais sur une Players Navy Cut king size).
Les liens de l'artiste lorrain avec Nicotinia sont nombreux. Un dessin représentant Sainte-Sylvie trichant pendant la partie de tric-trac a, on le sait, déclenché la polémique. Il a été finalement attribué à Magritte. Or, on sait que de La Tour était capable de peindre à la lueur de sa cigarette tout en jouant au tric-trac. On sait aussi que Goya a, dans sa correspondance, décrit un tableau aujourd'hui disparu (Garçon à la pipe).
On peut désormais admirer Sainte-Sylvie fumant dans un musée.