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La dernière piste

Publié le 06 janvier 2014 par Dukefleed
La dernière pisteWestern taciturne
1845 en Oregon, cet état est à conquérir, désert, non peuplé et ne fait pas encore partie des EU. Une caravane de trois chariots, hommes femmes et enfants traversent ces montagnes désertiques. Perdus dans ce désert ils font confiance à un trappeur pour les conduire à un point d’eau. Leur instinct de survie les poussera ensuite à faire confiance à un indien taciturne et isolé comme eux.Au rythme lent de la marche de cette caravane, ce western très contemplatif hyper documenté se présente comme une scène originelle de la conquête de l’Ouest. Ici, on n’est très loin des westerns de l’âge d’or d’Hollywood où les indiens belliqueux mettaient systématiquement les caravanes en péril et les blancs étaient tous courageux. Fini depuis longtemps la vision glorieuse de la ruée vers l’ouest. Là, la réalisatrice s’attarde à nous montrer chaque objet, détail, geste avec beaucoup de précision ; on n’a très vite l’impression d’être avec eux dans cette lente procession. De plus elle nous montre ces gens perdus avec une économie de mots et d’effets, c’est quasi documentaire. Leurs motivations à se lancer dans une telle aventure ne sont pas abordées ; on est loin des flashbacks lourdingues utilisés dans un autre film minimaliste mais plus survival récent ; « Essential Killing ». La sobriété  de cette œuvre peut paraître austère, elle renvoie plutôt à l’intensité d’une telle aventure. Ce film est plein de vide, de non événements, de personnages épurés ; la trame scénaristique est pauvre et cependant le moteur fictionnel dramatique tourne à plein régime. C’est surtout qu’à mi-parcours, avec l’arrivée de l’indien, il pose des questions morales, humanistes sur les rapports avec l’étranger très profondes malgré une maigreur quasi maladive du contenu. Quelques situations et quelques mots posent une nouvelle donne que chaque personnage à intériorisé ; très fort. D’autres films à ce moment là auraient basculés dans des dérives moralistes faciles ; là, Emily devient le personnage principal et montre au combien le besoin de survie guide l’être humain ; égoïste mais réaliste et juste. La scène où elle recoud la chaussure de l’indien dit tout de la situation. Emily répond froidement à une autre femme choquée par ce geste qu’elle prend pour un rapprochement par cette phrase : « je veux juste qu’il me doive quelque chose ». Le spectateur comprend que ce qu’il aurait pu prendre pour de l’empathie n’en est pas. Et tout est dit.A voir absolument malgré un côté austère limite amish par moments.Dans Critikat, Clément Graminiès écrivit à sa sortie : « D'une intelligence rare, le film saisit par sa pureté esthétique (les modèles hollywoodiens semblent revenir d'entre les morts) et son acuité – parfois déstabilisante – à poser de véritables questions morales. »
Sorti en 2011

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