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rip pod city

Publié le 06 janvier 2014 par Mathilde
rip pod city
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"C’était au nord de l’île, près d’un village qui s’appelle «Sanzhi», un vieux mur délabré décoré d’un dragon en plâtre au bord d’une route, derrière, un parc étrange parsemé de bâtiments colorés, derrière encore, une mer agitée. Un ciel gris, caractéristique du climat nord de Taïwan, rempli de nuages et d’un vent sans pitié. Et sous le ciel, un village improbable qui tombait en ruine, fait de maisons rondes en fibre de verre accrochées quatre à quatre par un escalier en béton. Au milieu, des bassins remplis d’eau, encerclés, tels des piscines, par de petites grilles en plastiques.   La construction débuta en 1978, par la volonté de créer une base de loisirs avec des maisons inspirées de la Futuro House finlandaise. Malheureusement, les choses ne se passèrent pas comme prévu. Certains disent que le mal vient de la statue de dragon qui bordait la route et qui fut cassée en deux lors des travaux. D’autres parlent d’un cimetière de marins hollandais qui se trouvait à cet endroit. Toujours est-il que deux ouvriers moururent sur ce chantier, avant que les investisseurs ne fassent faillite, abandonnant à jamais la fin de sa construction.   Les lieux étaient petit à petit devenus un endroit underground que les jeunes branchés de l’île et d’ailleurs aimaient à venir visiter. Au point que lorsque la nouvelle de leur destruction prochaine arriva, on se mobilisa pour essayer de les sauvegarder, en vain. Ils furent rasés à la fin de l’année 2008, quelques mois après que ces photographies furent prises.   Chose étrange, dans certaines des maisons on pouvait voir des restes de mobilier et d’objets, comme si les lieux avaient été habités un temps ou bien même squattés. Sur celles bordant la mer, les vagues avaient déjà commencé le travail de destruction, creusant dans la fibre de grands trous béants desquels pendaient des bouts de revêtements, dansants au gré du vent. Dans d’autres plus éloignées du bord, les vitres intactes n’avaient pas encore été accrochées sur la façade et reposaient dans les salons, comme dans l’attente du retour des ouvriers.   Dans les bassins, la vie avait repris le dessus et l’on pouvait voir, parmi les algues, quelques petits poissons se promener. Les plantes tout autour grignotaient le paysage, rappelant à qui voudrait l’oublier qu’absence d’humanité n’est en rien synonyme d’absence de vie.   L’endroit dégageait une énergie étrange, semblait comme vibrer sur une faille, en équilibre entre un avant et un après, conçu par l’homme pour devenir un outil moderne et pourtant totalement désuet et inutile. Ses couleurs, ses formes, parlaient d’un monde où l’idée d’un avenir meilleur et idéal était encore courant.   C’était les année 80, ces années où la société taïwanaise prenait son envol économique, et où la dictature militaire amorçait son tournant démocratique. Que reste-t’il de tout cela aujourd’hui ? Peu de choses, et de l’espoir encore moins." 
... un petit bout de magazine que je pense à imprimer pour de vrai, bientôt ...

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