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Big Brother is watching you… sur les pistes !

Publié le 07 janvier 2014 par Copeau @Contrepoints
Opinion

Big Brother is watching you… sur les pistes !

Publié Par Phoebe Ann Mo$e$, le 7 janvier 2014 dans Liberticides & Co, Sport

Les images de la caméra que portait Schumacher lors de son accident, vont servir à déterminer s’il y a des responsables. Attention, même sur les pistes, Big Brother is watching you…

Par Phoebe Ann Mo$e$.

cam sur casque
Michael Schumacher, accidenté en faisant du ski entre deux pistes balisées, est dans le coma. Sa famille a dû fournir la caméra miniature qu’il portait lors des faits afin de permettre d’établir les responsabilités. Notamment vérifier que le champion automobile n’allait pas « trop vite ».

Passons sur l’incommensurable bêtise de cette expression : sont-ce les journalistes, ou la justice, qui évoquent l’idée d’aller « trop vite » sur les pistes ? « Trop » vite suppose qu’il y a un chiffre à ne pas dépasser. Or il n’y a pas (pas encore …) dans ce domaine de limitation de vitesse. Bon, alors vérifions qu’il n’allait pas tout simplement « vite ». Mais là encore, qu’est-ce que cela sous-entend ? Que parce qu’il est champion de vitesse automobile, il allait donc forcément vite sur les pistes ? On est là dans une déduction totalement farfelue. « Aller vite » se mesurerait par rapport à quoi précisément : au skieur moyen ? Au débutant qui descend toute la piste en chasse-neige ? À la moyenne de la vitesse mesurée des skieurs (des trois zones de vacances confondues bien entendu, pour ne pas fausser les résultats en cas de majorité de skieurs locaux) ? On essaie là de trouver une explication rationnelle et un responsable à un accident qui n’en a pas d’autre que la présence d’un rocher dans l’exacte mais aléatoire trajectoire de la tête d’un skieur.

Quant à la saisie de la caméra : cela signifie tout simplement que cet outil ludique peut se retourner contre son propriétaire : s’il faut désormais fournir la preuve en images d’un accident, la caméra pourrait devenir obligatoire pour toute activité un peu à risque. Pire, les pistes de ski pourraient avoir une réglementation encore plus stricte, avec pourquoi pas, des « policiers des pistes » pour la faire appliquer. Analyser des images de caméra pour valider la responsabilité personnelle d’un skieur signifie que les pistes deviennent un lieu de circulation comme un autre. Aujourd’hui, les pisteurs se contentent de faire des rappels à l’ordre, de donner des conseils. Mais si on mettait plutôt des agents de la circulation, qui verbalisent le skieur effronté, non seulement on limiterait les risques, mais en plus l’État gagnerait de l’argent ! Amis skieurs, mais aussi amateurs de sports de liberté, ne mettez plus de caméra sur votre casque !

Enfin l’autre point ennuyeux de cette histoire, c’est que les assureurs de Michael Schumacher semblent chercher des tiers responsables ou vérifier qu’il n’y a pas eu une prise de risque inconsidérée. On imagine bien que les sommes en jeu sont astronomiques. On ne demande certes pas aux assureurs d’être philanthropes, mais seulement de financer ce qu’il est logique de ne pas faire assumer à la société. On imagine sans peine que quelqu’un comme Schumacher est bardé de ce genre d’assurances, avec clauses multiples et variées, et tarifs qui vont avec. Le fait de se soustraire à leurs obligations rend les assureurs suspects de ne plus vouloir sortir de l’argent quand c’est nécessaire. Schumacher a eu un accident de ski, avec des témoins, que faut-il de plus sur des pistes ? Une caméra ? C’est fait. Des policiers des pistes ? Ça va venir. Une façon de skier sans risque, sans sortir du balisage ? Il n’a jamais fait que ce que le commun des skieurs s’accorde de temps en temps : skier juste à côté de la piste, entre une bleue et une rouge. Il aurait pu aussi bien tomber d’un pommier ou d’une échelle.

ski
La pratique d’un sport « libre » deviendra plus encadrée si les assurances privées rechignent à faire leur travail. Jusqu’où assurent-ils finalement notre liberté ? Ce malheureux accident devrait être une « aubaine » pour les assureurs : faire valoir que ce n’est pas sur la société que va peser la prise en charge, mais que la victime a pris soin de s’assurer pour que sa liberté d’action n’ait de conséquences financières que pour lui. Au lieu de ça, ils cherchent comment ne pas payer.

C’était un accident, étymologiquement « ce qui arrive » dans la vie. À toujours vouloir chercher des excuses, des justifications ou des responsables on n’aboutira qu’à ôter le libre-arbitre, la responsabilité, les choix, donc la liberté.

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