Depuis des années, La Buvette vous parle du système Bonrepaux en Ariège, de sa mainmise sour tous les rouages de la vie politique, économique, et environnementale, et même sur la presse de ce département, le plus pauvre de France. Après la mise en examen du Président du Conseil général et son faux "accident de rendonnée", Mathieu Magnaudeix, de retour d'une longue enquête en Ariège nous apporte des précisions lumineuses sur un château de carte sur le point de s'écrouler... au grand bonheur des ariégeois
Par Mathieu Magnaudeix
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Archicentralisation du pouvoir, cumul des mandats locaux, fonctions transmises de façon héréditaire, entre-soi... l'Ariège, un des départements les plus socialistes de France, offre une surprenante panoplie de pratiques politiques contestables. Sans compter les affaires.
À Foix, chef-lieu de l'Ariège, deux citadelles dominent le centre-ville : le château fort médiéval, haut lieu du tourisme local, et l'hôtel du conseil général, planté en haut d'une colline. C'est là que règne Augustin Bonrepaux. Sur la scène nationale, le président socialiste du conseil général de l'Ariège, 76 ans dont 47 années de politique, surtout connu pour son inlassable combat contre la réintroduction des ours dans les Pyrénées, n'est pas vraiment un politique de premier plan. Mais dans ce département de 160 000 habitants (un des moins peuplés et un des plus pauvres de France), M. Bonrepaux père est une sommité, crainte et incontournable. Ici, lui et ses alliés font la pluie et le beau temps.
Fin 2012, l'homme fort du département a disparu de la circulation pendant trois bonnes semaines. « Blessure à la jambe », a écrit la presse locale, laconique. Certains responsables socialistes évoquaient en aparté un accident plus grave. Pendant trois semaines, l'état de santé du président du conseil général fut un secret d'État. Quelques-uns affirmaient qu'il ne reviendrait jamais. Jeudi 19 décembre, à la faveur d'une réunion du puissant syndicat des eaux, Augustin Bonrepaux a fait son retour, appuyé sur une canne. « Je chasse l'isard : cette bestiole se cache dans les roches difficiles, explique Bonrepaux, joint par Mediapart le jour de son come-back. Mon fusil a accroché la roche, j'ai eu le fémur brisé en trois endroits, ai dégringolé de 40 mètres, par miracle je ne suis pas mort. » A-t-il fait un accident vasculaire cérébral, comme l'affirment certains ? Pirouette : « Je n'ai pas perdu la mémoire. »
Au pied des Pyrénées, l'Ariège rurale et montagnarde est un des départements qui votent le plus socialiste lors des scrutins nationaux, avec des poussées au premier tour à plus de 60 % dans certains villages. « Ici, ça résiste bien. On est le village normand des socialistes ! » s'amuse Marc Carballido, vice-président de la région Midi-Pyrénées, ancien premier fédéral du PS. Le résultat d'une « tradition républicaine et laïque » dans cette terre de culture paysanne et ouvrière.
Le PS local compte 1 200 adhérents, jolie performance pour ce petit département. Il détient 19 des 22 sièges au conseil général, les trois mandats de parlementaires (dont le président du Sénat, Jean-Pierre Bel), de nombreuses communes et intercommunalités, les villes de Foix et de Lavelanet – Pamiers est le fief du centriste André Trigano (à 88 ans, celui-ci est candidat à sa réélection aux municipales de 2014)...
Lire la suite de cet article publié le lundi 6 janvier 2014 sur Médiapart.
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