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Daniel KELLER, Président de Fontenay-Laïcité, s'entretient sur le principe de la laïcité dans "A Fontenay"

Publié le 07 janvier 2014 par Micheltabanou

Voici l’intégralité de l’entretien de mon ami Daniel Keller, Président de Fontenay-Laïcité, tel qu’il est publié par le bimensuel d’actualité municipale «  A fontenay » dans son édition du 6 janvier 2014.

Pourquoi avoir créé, en 2011, l’association Fontenay-Laïcité ?

 Les cinquante membres à ce jour de l’association que je préside sont tous très attachés au développement de la démocratie, à la forme républicaine de nos institutions et aux valeurs sur lesquelles elles reposent, au premier rang desquelles la laïcité. Il est important de bien comprendre le rôle que la laïcité a joué dans la consolidation de notre République. La Constitution de 1958 nous dit : « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale ». Cette notion est familière à tous les Français qui savent au fond qu’elle est le socle du vivre ensemble depuis plus d’un siècle. En même temps si le principe de laïcité est clair, il s’applique à une société en profonde mutation, d’où des différences d’approche qui en brouillent parfois la signification et la portée ; des interprétations voire des confusions sur le sens à ui donner. Nous avons donc souhaité à travers notre association promouvoir un débat citoyen sur ce principe fondateur de la République. Notre volonté est d’abord pédagogique et s’adresse à tous les Républicains de conviction qu’ils soient de droite ou de gauche. En synthèse, nous voulons faire partager l’idée que la laïcité est un facteur de rassemblement et non pas exclusion. Elle assure le droit à la différence, sans accepter la différence des droits. Sans oublier qu’elle s’enracine au premier chef dans le milieu scolaire. Car l’école est le premier espace laïque sur lequel la République peut se construire. Comme elle devrait être le premier lieu de l’apprentissage de la devise : Liberté, Égalité, Fraternité.

Est-il nécessaire, actuellement, de réaffirmer cette spécificité française ?

Nous vivons dans une société dans laquelle les facteurs de diversité sont de plus en plus nombreux. Mais aussi où les inégalités se démultiplient, ce qui, soit dit en passant, va à l’encontre de la vision d’une société dont on pouvait penser qu’elle serait toujours plus homogène. La superposition des diversités et des inégalités met notre société sous tension. La diversité à la fois spirituelle et culturelle est désormais la règle. La diversité spirituelle, c’est le fait que notre société est faite de croyants qui se rattachent à plusieurs religions, d’agnostiques et d’athées. Le vivre ensemble suppose donc un effort de compréhension de l’altérité et nécessite d’accepter les autres dans leurs différences. Combien de regards de travers, de portes qui demeurent closes, de préjugés tenaces ? L’Histoire montre que l’acceptation de la différence n’est jamais allée de soi et malheureusement le temps présent n’apporte pas de ce point de vue de gage rassurant. Des guerres de religion du XVIe siècle aux attentats du 11 septembre 2001, nous constatons que la cohabitation est parfois difficile. Aujourd’hui encore, notre monde est trop souvent déchiré et l’on voit resurgir ici et là des fanatismes qui tentent d’ébranler les valeurs de la République. La question qui se pose est simple, en apparence : quelle organisation politique promouvoir pour permettre le vivre ensemble avec nos différences ? Cet idéal qui concilie l’unité et la diversité, c’est la laïcité. Et c’est bien la volonté intrinsèque de la loi de 1905.

 Quels sont les principes de la laïcité ?

 La laïcité tend à garantir la validité de trois principes. La liberté absolue de conscience qui assure à chacun le droit de croire ou de ne pas croire, le droit de choisir en toute liberté son option spirituelle : religieuse, athée, agnostique… voire indifférence à toute religion. Ce point est important à un moment où l’on a tendance à confondre la laïcité avec une opinion, voire une tendance. La laïcité n’est pas le contraire de la croyance, ce qui selon moi est un total contresens. Elle est ce qui permet à celui qui croit et à celui qui ne croit pas de vivre ensemble, je dirai qu’elle permet d’unir la rose et le réséda ! C’est un des rôles de l’école de la République de permettre d’acquérir cette liberté de conscience. Puis, elle entend garantir l’égalité des citoyens devant les lois de la République, quelle que soit leur option spirituelle ou leur conviction philosophique. En cela, par exemple, la loi sur le mariage pour tous est une loi d’inspiration laïque. Enfin elle promeut une neutralité active de l’État à travers ses services publics à l’égard des usagers. C’est le sens de la séparation des Églises et de l’État, qui met en œuvre ces principes et qui consiste à séparer l’État et les institutions publiques des Églises. Je dis neutralité « active » car il ne s’agit pas d’une simple abstention. En effet, cette neutralité n’est pas figée dans le temps et son champ fluctue avec l’évolution sociétale, comme a fluctué le champ de la notion de service public qui diffère aujourd’hui de ce qu’elle était il y a cinquante ans. C’est là où l’on constate des problèmes de frottement aujourd’hui, qu’il s’agisse de la crèche Baby Loup ou des parents accompagnant les enfants lors de sorties scolaires pour ne prendre que deux exemples puisés dans l’actualité récente. C’est vis-à-vis de telles situations concrètes qu’il faut rappeler le bien fondé des règles laïques. C’est ainsi que se dessine jour après jour l’espace public, celui de la vie collective au quotidien, l’espace où chacun existe par la rencontre de l’autre. Il repose sur des droits mais impose aussi des devoirs pour accéder à une liberté partagée, une liberté citoyenne. C’est cette alchimie que Fontenay-Laïcité s’efforce de discuter et de faire comprendre, si besoin.


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