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L'avis d'une lectrice

Par Jcfvc
L'avis d'une lectrice

Cet avis me fut envoyé par une ancienne collègue, prof de français au lycée où j'ai enseigné dix ans. Il concerne une ancienne version du texte (deuxième ou troisième jet je crois, non encore corrigé par d'autres que moi à l'époque), bien avant la publication, alors que je cherchais encore un éditeur.

Je vous le livre in extenso, bien qu'il contienne quelques critiques concernant des défauts qui ont été en partie corrigés depuis , en tenant compte du présent avis que je considère comme pertinent et à la demande de m'on éditeur qui souhaitait un texte moins long. Les suppressions effectuées concernent en effet principalement les défauts soulignés par cette amie et en particuliers les :souvenirs autobiographiques non nécessaires. En revanche et c'est vous qui jugerez, le livre n'étant pas un thriller, je n'ai pas essayé, comme elle le suggère, de lui donner plus de suspens dramatique. je ne suis pas sûr, d'ailleurs, que j'en aurais été capable et cela ne correspondait pas à ce que je voulais faire. Il s'agit d'une tranche de vie et de la peinture d'une époque et je reconnais qu'il y a un certain côté répétitif qui correspond tout à fait à la succession des bals qui constituaient l'essentiel de nos horizons d'attente à l'époque et à la quête d'un graal qui s'éloigne au fur et à mesure qu'on le poursuit.

Voici donc cet avis, émis dès le 30/1/2010 :

"Voici mes impressions de lectrice du "Prince des parquets-salons".

Je t'avais dit qu'à la lecture des toutes premières pages, javais pensé que ce texte était porté par une véritable écriture. je le pense toujours et ce n'est pas un mince compliment.

J'ai été emportée par la truculence du langage, par la place occupée par le narrateur, à la fois partie prenante de ce riche monde montluçonnais et doublement décalé : d'une part en tant qu'intello de la bande qui participe en commentant plutôt qu'en agissant et d'autre part en tant qu'adulte se souvenant et racontant avec le savoir acquis depuis cette époque et l'expérience qui permet de donner sens à ce qui fut vécu spontanément, presque innocemment.

Tu as su rendre savoureux cet écart permanent entre la vie locale dont le narrateur est non seulement partie prenante mais émanation directe (ses rites de terroir, ses expressions patoisantes, sa vitalité populaire) et l'agrandissement du champ qui fait de ce minuscule endroit le révélateur ou l'illustration des grands changements sociaux de la deuxième moitié du siècle.

J'ai aimé aussi ta façon de décrire les paysages naturels, urbains, industriels : précision du regard et empathie leur donnent le pouvoir de susciter le rêve.

L'évocation des parents est émouvante, parce qu'elle laisse discrètement affleurer l'affection sans embellissement ni sentimentalisme et parce qu'elle est reconnaissance des origines.

Tu semblais presque redouter une lecture féministe et même féminine, de ce récit marqué par la "libidinitude". Cet aspect ne m'a pas choquée ; j'ai même considéré que les sorties au bal de fin de semaine constituaient le fil conducteur de récit, un principe unificateur.

Ton récit est cependant un peu dépourvu de moteur narratif : sans suspens dramatique, sans énigme à percer, sans attente d'un changement bouleversant.

On a l'impression qu tu écris plus pour toi que pour le lecteur : pour le plaisir de la remémoration, pour que ces moments à jamais perdus revivent d'une autre façon. D'ailleurs certaines scènes paraissent assez répétitives.

Il me semble donc que tu aurais gagné à écourter en te privant d'éléments qui sont peut-être des souvenirs marquants mais qui concernent moins un lecteur n'ayant pas vécu cet époque et ces événements.

En tout cas, j'ai beaucoup apprécié les aspect cités précédemment et le style (haut en couleur et bourgeonnant de métaphores, il fait parfois penser à San Antonio). J'ai particulièrement goûté l'inclusion très fluide et comme nécessaire du parler local dans une langue qui peut s'amuser à être académique. Moi qui ai le même intérêt pour le vieux parler Savoyard, je n'oublierai pas le verbe "gouiller", ni le "viâ", ni le "vezon", en espérant que que ce commentaire n'aura rien d'une "achabation."

Pour info, je précise que la version à propos de laquelle réagissait cette collège ne comprenait pas de notes de bas de page expliquant les expressions locales. J'avais pris le soin de les rendre compréhensibles dans le contexte, mais mon éditeur a voulu que ces mots soient "expliqués", pensant que le texte s'inscrirait ainsi mieux dans la ligne éditoriale de Marivole, qui se spécialise dans la littérature dite "de terroir".


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