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Dieudonné interdit de représentation : quand la classe politique, l'Etat et les médias sont nus

Publié le 07 janvier 2014 par Sergeuleski

Nantes, Bordeaux, Tour, Limoges, Metz, Nancy, Caen…

   On ne compte plus les maires des communes qui clament haut et fort leur intention d’interdire la venue du spectacle de l’humoriste Dieudonné dans leur ville.

Injonction, oukase, édit ou fatwa, suite à la circulaire de Manuel Valls, (doux euphémisme) les arrêtés municipaux et préfectoraux se succèdent ; des salles annulent les représentations du satiriste Dieudonné et de son spectacle « Le mur »...

Telle une réaction en chaîne, réaction au quart de tour, es annulations vont bon train ; et gare à aux maires et préfets qui, tête en l’air, oublieraient de suivre la ligne du « Parti de la lutte contre le fascisme, le racisme et l’antisémitisme », pour ne rien dire de ceux qui refuseraient, un rien taquins, ou bien franchement rebelles car lucides et incrédules, de participer à ce lynchage sans précédent d’un artiste ; et pas n’importe lequel : le plus grand satiriste de langue française depuis Molière.

Même le maire de Trifouilly-les-oies, commune de 750 habitants, qui ne souhaite manifestement pas être en reste, a tenu à faire savoir auprès de l’AFP que la salle des fêtes de sa commune ne saurait en aucun cas servir de « base de repli » au spectacle d’un Dieudonné en cavale, si d’aventure il lui venait à l’idée d’y chercher refuge.

   Belle unanimité ! Unanimité à vous tirer les larmes aux yeux cette mobilisation sans précédent !

Péril en la demeure : mobilisation générale qui vaut acceptation d’un Etat d’urgence d’exception ! C’est toute la classe politique et toute la France avec elle qui se lèvent contre le fasciste, le raciste et l'antisémite, une France en armes, à coup d’arrêtés municipaux et préfectoraux... maires de nos villes et préfets  de nos départements drapés d’une circulaire tricolore, écharpe en bandoulière pour une chasse à l’homme sans précédent, meute médiatique en renfort,  présentateurs et animateurs télés et radios rabatteurs…

Dommage toutefois que cette France ne se résume qu’à  l’Establishment politique, médiatique et gouvernemental ! Ce qui ne surprendra personne ; cette France-là qui prospère depuis de trente ans sans nous et loin de nous, ne gouverne plus ; elle se contente de reverser des dividendes à ceux qui ont investi sur leur avenir à eux tous et qui leur ont permis d’occuper des places lucratives comme jamais auparavant.

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   Que l'on ne s'y trompe pas : jamais les aboiements et le vacarme de ceux qui battent la campagne ne nous feront oublier le silence assourdissant de milliers d’artistes et de quelques centaines d’intellectuels ! Qui ne dit mot consent ! Certes ! Mais… s’agit-il vraiment d’un consentement ? Intimidés, craintifs, la peur au ventre, terrifiés par une campagne de désinformation sans précédent à l’encontre d’un personnage public (même le Pen père n’aura jamais eu à faire face à une telle offensive), tous ces artistes et intellectuels n'auraient-ils pas plutôt fait le choix de protéger, qui, une carrière universitaire, qui un avenir professionnel dans l’industrie du spectacle, qui une subvention du ministère de la culture (son ministre envisage aujourd’hui de ne pas s’opposer à la fermeture du théâtre de la main d’or de Dieudonné situé dans Paris) en lieu et place de la dénonciation d’une véritable cabale qui, pour un peu, ferait passer le maccarthysme pour un jeu de société un peu pervers certes, mais bon enfant, et les procès de Moscou pour des joutes oratoires dignes de l’agora grecque ? Et à propos de ce lynchage d'un métis né d'une mère bretonne et d'un père camerounais dont le seul délit (et crime !?) aura été de mettre en scène en 2003 un colon juif religieux extrémiste (excusez ce pléonasme !) après avoir précédemment dénoncé, sans essuyer la moindre contestation - c'est à noter ! -, l’intolérance et l’instrumentalisation des religions et des communautarismes catholique et musulman...  Qui, parmi tous ces artistes et ces intellectuels, proposera de lancer un appel à la résistance et au soutien de Dieudonné, ce Voltaire des temps modernes ? Appel dont la teneur nous rapprocherait d’une date historique, un certain 18 juin – souvenez-vous ! Heures glorieuses d’un pays qui savait contrer avec la plus grande fermeté toute tentative de coup d’Etat d’une caste vorace, fourbe et intolérante qui, depuis plus de trente ans, sert une organisation de l’existence qui n’a plus aucun souci de la liberté (d’information), de l’égalité (des chances), de la fraternité (intercommunautaire) et de la justice pour tous, et en premier lieu : pour les plus faibles et les plus démunis d’entre nous. Caste qui, si elle a pu un jour se ranger du côté de l'honneur et de la justice, a eu tôt fait de s'empresser d'aller "casser" de l'Indochinois, de l'Algérien, du Noir africain et du Palestien car... n'est-on pas toujours mieux servi par soi-même, et doublement, lorsqu'il est question de se servir  et de veiller à ses propres intérêts comme on veille son or de peur qu’il ne s’envole… car le sommeil favorise tous les cauchemars.
La France des droits de l'homme et de la liberté... (la France éternelle ?) Après Hugo, Zola, Jaurès et Mendès France et de de Gaulle… Arno Klarsfeld (Non ! On ne se moque pas !)
  
   Qu’il soit permis ici d’affirmer ce qui suit : si un seul danger nous guette aujourd’hui : c’est bien cette unanimité contre Dieudonné… unanimité qui ne connaît dans les faits qu’une musique : le bruit des bottes, le brouhaha assourdissant des chars, et l’éclair des baïonnettes dressés à la verticale d’un soleil trompeur et contre lequel tous les don quichotte de la liberté et de la justice iront se brûler les ailes si d’aventure, il leur vient à l’idée de chercher une sortie honorable contre ce qui ressemble fort à un coup d’Etat d’une frange médiatico-politique qui après être montée maintes fois «au braquo », est parvenue, après trente ans d’effort et de laisser-faire, à imposer une telle unanimité contre Dieudonné et son public : hold-up et nettoyage politique et culturel sans précédent.
C’est Icare qui sombre une nouvelle fois. Changement de lieu et de décor : la mer Egée a cédé la place à une mer gelée dont la surface est balayée par un vent glacial : celui qui annonce une nouvelle ère qui ne nous laissera qu’un seul lieu pour tout refuge : les latrines pour y vomir tout notre dégoût avant de nous décider à prendre le maquis.
   

***

   Des médias aux ordres ont sciemment coupé les ponts, tué la communication, l’échange, voilà trente ans déjà, en tarissant toute relation aussi lacunaire soit-elle avec des pans entiers de la population de ce pays afin de contrôler toute contestation d'un projet tant national qu'européen et mondial aux conséquences économiques, sociales et politiques dévastatrices qui ne recueille l'adhésion d'aucune majorité digne de ce nom en Europe et au-delà.


Certes ! Nous ne sommes pas dupes : le bannissement depuis 10 ans de Dieudonné a pour but, à la fois de réduire au silence un opposant mais aussi, et surtout, de le radicaliser (le forcer à hurler - métaphoriquement) et de le pousser à la faute afin de le marginaliser définitivement aux yeux d'un public somnolent car éreinté après une journée épuisante - et cette audience-là est bel et bien aujourd'hui l'unique cible des médias de masse ; public qui n'a, malheureusement, ni les facultés ni le temps de déjouer les intrigues de médias qui ne se reconnaissent plus qu'une seule obligation : complaire à leurs employeurs (actionnaires, annonceurs publicitaires et l’Etat) : de France Culture à RTL, de Charlie Hebdo au Figaro... de TF1 à Arte ; médias qui, dans les faits, ne se font plus que l’écho d’une idéologie au service d'un monde unique, un monde sans altérité aucune.

   Rappelons ceci : les propos tenus par Patrick Cohen, animateur à France Inter, employé de l’Etat, qui a reconnu tout en la soutenant sans sourciller,  l’existence d’une liste noire destinée à exclure du champ médiatique des dissidents qu’il n’aura pas hésité à qualifier de « malades mentaux »... ses propos donc...  sont sans aucun doute bien plus dangereux pour la liberté et la démocratie que la réponse de Dieudonné à l’endroit de ce même Patrick Cohen (et lui seul !), qui a  pris notre humoriste à partie tout en l'incluant parmi  les « malades mentaux » à bannir des médias et de la société par voie de conséquence.

   Aussi, longtemps, on se souviendra du fait qu’il n’y ait eu personne dans les médias, pas une seule voix, qui ait été autorisée à nous rappeler cette vérité immuable, à savoir : la liberté et la véritable démocratie n’ont jamais fait le lit des dictatures, du racisme et de l’antisémitisme. En revanche, les petits chefs auto-proclamés censeurs et médecins politique de l’âme… appuyés par une classe politique complaisante et cynique… oui ! Mille fois oui !

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