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"Et la France se réveilla" de Vincent Trémolet de Villers, Raphaël Stainville

Publié le 12 janvier 2014 par Francisrichard @francisrichard

Quel est l'engagement que François Hollande aura tenu au cours de la première année de son mandat, et dont je n'ai pas parlé dans mon article, publié le 6 mai 2012 par lesobservateurs.ch, sur l'avenir radieux que le président de la République française promettait aux Français une fois élu? L'engagement 31:

"J'ouvrirai le droit au mariage et à l'adoption aux couples homosexuels."

Cet engagement devait passer comme une lettre à la poste. Cela a été le cas dans l'Espagne des rois catholiques et en Grande-Bretagne anglicane. Mais, en France déchristianisée, pourquoi cela ne le fut-il pas?

Vincent Trémollet de Villers, rédacteur en chef du Figaro Hors-Série et du Figaro Histoire, et Raphaël Stainville, journaliste politique au Figaro Magazine, ont mené l'enquête sur la révolution des valeurs qui explique cette énième déconvenue socialiste, qui pourrait s'avérer à la longue une bien amère victoire.

Cette enquête montre qu'avec des moyens dérisoires une petite cohorte de personnes déterminées peut soulever des montagnes. 

Un beau soir de septembre 2012, cette cohorte se réunit. Parmi elles, deux personnalités médiatiques, qui ne se s'aiment pas: un bouquiniste belge, Alain Escada, à la tête d'un mouvement inconnu deux ans plus tôt, Civitas, et l'ineffable Virginie Tellenne, alias Frigide Barjot.

Les autres personnes déterminées ne sont pas encore connues médiatiquement, mais ce seront elles les véritables chevilles ouvrières d'un mouvement qui sera d'une amplitude inconnue depuis près de trente ans et qui sera comparable à celui pour l'école libre sous François Mitterand.

Ce 5 septembre 2012, Frigide Barjot, Béatrice Bourges, présidente du Collectif pour l'enfant, et Jean-Eudes Tesson, président de la Fondation pour la famille, ont réuni une cinquantaine de personnes à Paris, dans un local du Mouvement pour l'unité, 1 place Saint-Sulpice.

Cette cohorte de cinquante-six personnes, en se quittant, se promet de conjuguer les efforts pour lutter contre la loi Taubira sur le mariage gay en préparation. Or, dès le lendemain, Alain Escada fait cavalier seul et annonce que ses troupes descendront dans la rue le 18 novembre 2012...

La riposte des personnes restantes ne tarde pas. Le nom de "Manif pour tous" pour ce mouvement est trouvée par Ludovine de la Rochère, directrice de la communication de la Fondation Lejeune et actuelle présidente du mouvement. Et, le 14 septembre 2012, une conférence de presse est tenue par Frigide Barjot, Laurence Tcheng, Xavier Bongibault, nouvelle trinité des opposants au mariage homosexuel:

"La catho déjantée, la gaucho et l'homo."

Le projet de loi Taubira est présenté en Conseil des ministres le 23 octobre 2012, puis adopté par ce dernier le 7 novembre 2012. Dans l'intervalle et après - le rôle de Frigide Barjot sera déterminant -, les opposants à cette loi se mobilisent à travers tout le pays. Ils doivent manifester à Paris et dans toute la France le 17 novembre 2012.

Le résultat de cette première journée de manifestations dépasse toutes les espérances des organisateurs: 200'000 manifestants à Paris selon eux, 70'000 selon la préfecture de police, 500'000 dans toute la France. Le lendemain, Civitas rassemble 20'000 personnes, 8'000 selon la préfecture de police.

Pourquoi ces premiers succès? Parce que la très grande majorité de ceux qui manifestent n'ont pas pour cible l'homosexualité et parce qu'il ne s'agit pas, comme tenteront de le faire croire les médias aux ordres, d'un mouvement homophobe. C'est ce que soulignent les auteurs du livre:

"En neuf mois d'enquête, il nous est apparu que l'homosexualité n'était pas la préoccupation de la très grande majorité des manifestants mais bien la filiation, puis le mépris dont les manifestants considèrent avoir été l'objet."

En effet les autorités socialistes minimiseront les manifestations monstres du 13 janvier 2013, qui a réuni vraisemblablement 600'000 personnes, du 24 mars 2013, qui en a réuni au moins un million et du 26 mai 2013 500'000 - un mois pourtant après que la loi Taubira a été votée définitivement le 23 avril 2013 par l'Assemblée nationale.

Le premier ministre socialiste, Jean-Marc Ayrault, consulté par le président du Conseil économique, social et environnemental, Jean-Paul Delevoye, lui demandera de déclarer irrecevable le 26 février 2013 la pétition signée par plus de 700'000 personnes demandant d'examiner les conséquences de la loi Taubira sur le plan éducatif comme sur le plan économique...

La façon, dont des manifestants pacifiques seront plus maltraités par la police que des délinquants violents et condamnés judiciairement, l'incarcération abusive du jeune Nicolas Bernard-Buss, précédée d'une arrestation inutilement violente, les amalgames faits avec l'extrême-droite pour discréditer ce mouvement populaire, le refus de l'objection de conscience aux élus devant célébrer des mariages homosexuels achèveront de discréditer ce régime liberticide.

Parce que de très nombreux jeunes, qui ont participé à la "Manif pour tous", ont placé une loi morale au-dessus de la loi civile et parce qu'ils ne lâcheront rien, les auteurs pensent que cette loi sera remise en cause un jour:

"Quand ils se découragent, ils songent à Antigone et aux gamins de la Rose Blanche. Quand ils ont soif ils vont puiser chez Saint-Exupéry, chez Camus, chez Bernanos. Quand ils sont impatients, ils se souviennent de Mandela, de Walesa, de Vaclav Havel. Quand ils souffrent de la bêtise qui écrase parfois leur époque, ils murmurent Baudelaire: "Sois sage, ô ma douleur, et tiens-toi plus tranquille."

Entre-temps, Xavier Bertrand travaille "avec des juristes pour savoir, comment, avec les contraintes de la Cour européenne des droits de l'homme, il serait possible d'atteindre trois objectifs: maintenir une union solide sur le plan fiscal et patrimonial qui consacrerait l'amour entre personnes de même sexe; empêcher l'adoption; sanctuariser la filiation."...

Francis Richard

Et la France se réveilla - Enquête sur la révolution des valeurs, Vincent Trémolet de Villers, Raphaël Stainville, 288 pages, Editions du Toucan


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