Respect de la vie privée

Au cours de son duel télévisé avec Ségolène Royal en 2007, Nicolas Sarkozy lui administra une magistrale leçon, expliquant doctement qu’avec ses responsabilités, un président se devait de conserver en tous temps une parfaite maîtrise de soi. Ce qui n’empêcha ensuite ce même donneur de leçons de souvent perdre ses nerfs. Je ne cite ici que deux de ses éclats, l’un au Salon de l’agriculture et  l’autre à Guilvinec. Curieusement, nombreux sont les Français qui lui pardonnèrent ces écarts, arguant qu’après tout il n’était qu’un homme comme les autres.

Eh bien non ! Un président n’est pas un homme comme les autres. Il l’est peut-être à l’origine mais il se doit ensuite de s’élever au-dessus de sa condition première. Il vit dans des conditions qui le dégagent de toutes les contraintes subies par les simples citoyens. Il en subit naturellement d’autres mais il représente la France et sa conduite doit être exemplaire.

Ces considérations me conduisent à ce qui serait le plus récent fait d’armes de notre président actuel. Le voilà s’inscrivant dans la noble et longue lignée de ses prédécesseurs infidèles, de Giscard d’Estaing à Sarkozy, en passant par Mitterrand et Chirac. Nous avons enfin un président normal, victime peut-être du développement des canaux d’information ou simplement moins adroit que ses devanciers.

Je n’ai pas l’intention de m’ériger en censeur des mœurs présidentielles mais il convient de ne pas oublier qu’il n’y a pas si longtemps, l’adultère était un délit, assurant un confortable volume d’affaires aux officines de détectives privés. Remarquons aussi que, de nos jours, l’officier ministériel qui unit deux fiancés leur rappelle l’article 212 du Code civil : « Les époux se doivent mutuellement respect, fidélité, secours, assistance. » J’entrevois une explication au fait que, bien qu’ayant entretenu une longue union, riche de quatre enfants, et ayant choisi ensuite une nouvelle compagne, François Hollande se soit toujours abstenu de se marier : c’était peut-être pour éviter de prendre un engagement qu’il ne se sentait pas capable de tenir.

Je traiterai peut-être ultérieurement de cette barrière que l’on s’efforce de maintenir entre vie publique et vie privée, barrière qui ne me semble guère avoir de réalité. Et je dis à tous ceux qui appellent au respect de la vie privée, faudrait-il encore qu’elle soit respectable !