Magazine France

Valls tout puissant ?

Publié le 13 janvier 2014 par Juan
Valls tout puissant ? L'affaire Dieudonné est close. Le faux humoriste a abandonné l'idée de répéter son spectacle "Le Mur" aux quatre coins du pays, après une douzaine d'annulations provoquées par la publication d'une circulaire par le ministre de l'intérieur.
Et si tout ceci n'était qu'une manipulation vallsienne ?
La France, que l'on ose encore appeler Sarkofrance, s'est occupée, déchirée, disputée sur la cas d'un Dieudonné.
L'affaire a aussi pris cette tournure à cause de Manuel Valls
En d'autres termes, son intervention, directe et plus forte que n'importe quel autre ministre a affecté l'affaire. Valls cristallise des rancoeurs suffisantes pour effacer le fond de l'affaire. On imagine mal Ewdy Plenel dresser le même parallèle entre la circulaire Valls et le comportement des autorités françaises pendant la guerre d'Algérie si Christiane Taubira avait lancé la charge la première. Car il faut se résoudre à ce constat: Valls est un ministre contre-productif.
Pour cette Vrauche-là et quelques autres, Manuel Valls fut le "mauvais messager", celui de tous les soupçons. Car ces derniers étaient nombreux. On le pense suffisamment habile et avide pour construire cette attaque anti-Dieudonné dans l'unique but d'assoir davantage son emprise sur le gouvernement et même François Hollande. On lui prête l'intention évidente d'instrumentaliser la chose pour son seul bénéfice personnel. Les ambitions de Valls sont connues - premier ministre d'ici 2017 ou président après. Mais Manuel Valls a perdu. Ou plutôt, il n'a pas gagné. Il pensait agréger quelques nouveaux soutiens dans cette affaire, parmi celles et ceux qui haïssent sa façon de faire.
On comprend qu'il n'en rien.
Contre Manuel Valls, Mediapart a lâché une autre accusation, sans rapport avec Dieudonné. Un conflit d'intérêt dans l'attribution d'un marché public de quelques centaines de milliers d'euros à Evry, alors qu'il n'était que maire et président de l'agglomération d'Evry.
Passée l'affaire Dieudonné, voici l'affaire Gayet.
Après la publication de photos par l'hebdo-trash Closer, il semblait évident à toute la presse que la relation entre François Hollande et l'actrice Julie Gayet était réelle. Là encore, Valls se retrouve au centre. Dans un article d'une précision terrifiante publié sur LePoint.fr ce 12 janvier, le journaliste Aziz Zemouri décrit la colère froide de Valérie Trierweiler à l'encontre de Manuel Valls. L'actuel ministre de l'intérieur a quelques proches au coeur de l'appareil élyséen, des proches qui n'ont rien fait, bien au contraire, pour empêcher l'impossible. On lui reproche aussi de n'avoir évité que ces rencontres secrètes se déroulent dans un appartement, au 20 rue du Cirque, propriété d'un patron du CAC40 et millionnaire, qui était aussi le logement récent d'un autre acteur par ailleurs inquiété dans l'affaire du Cercle Wagram. Etes-vous perdu par cet emballement médiatique qui cherche à tirer tous les fils qu'on lui tend ? Nous aussi.
"Dès lors comment la police ne pouvait-elle pas être au courant que le président se rendait rue du Cirque dans un appartement prêté à Julie Gayet depuis six mois par une comédienne qui y vivait jusque-là avec Michel Ferracci, ancien du cercle Wagram, réputé proche du gang de la Brise de mer et condamné à dix-huit mois de prison avec sursis ?"
Valls déjà président ?
Pour Mediapart, l'affaire est entendue. Manuel Valls est déjà celui qui tire toutes les ficelles. Stéphane Allies, pour le site d'informations, en est convaincu: "L'affaire Dieudonné en est une nouvelle démonstration : Manuel Valls est “le vrai président”" écrit-il le 11 janvier (article payant). Il tente de nous convaincre que Manuel Valls est ce ministre, "ancien “petit candidat” à la primaire socialiste, transformer peu à peu ses 5,7 % des suffrages d’alors en 100 % de l’espace idéologique de la majorité actuelle."
On sourit devant l'effort. Manuel Valls sur-abuse de communication politique comme Sarkozy en son temps. Il échouera sans doute, comme Nicolas Sarkozy en son temps.
Dans le propos de Stéphane Alliès, l'intention est claire: il s'agit d'assimiler la présidence Hollande à son actuel ministre de l'intérieur par ailleurs détesté largement à la gauche de la gauche.
Cette démarche, politique, est un peu courte. Sur nombre de sujets, et pas des moindres - l'économie, l'écologie, l'international, la culture - Manuel Valls n'a aucune influence ni rien à dire. Pire, il est même contre-productif. Mieux, il est contre-carré ("pour combien de temps ?" interrogeront les sceptiques) par quelques ministres qui lui refusent toute intrusion sur leur pré carré. Ainsi Christiane Taubira tient-elle les clés de son ministère, la politique judiciaire du pays. Ou Cécile Duflot le Logement. Et François Hollande n'a pas besoin de Manuel Valls pour défendre une ligne néo-libérale. Bref, la charge est facile mais courte et insuffisante. Le même Stéphane Alliès se voit d'ailleurs contraint de reconnaître les limites de son argument initial. Valls agace jusqu'à Hollande lui-même: "plusieurs sources ministérielles rapportent aussi l’agacement de François Hollande." Mieux, l'un des auteurs de l'une des biographes politiques prématurées de Manuel Valls parie sur une
"le scénario de la rupture avec le président" . Valls contre Hollande comme hier Sarkozy contre Chirac.
Décidément, il nous aura tout fait.



[NDR: La démarche, politiquement puérile mais médiatiquement lucrative, de se chercher un bouc-émissaire pour expliquer la réalité est un travers facile que nous combattions du temps de Sarkozy. Sans chercher à excuser ni partager l'action de l'actuel ministre de l'intérieur, nous ne pouvons que regretter que certains journaux, y compris à gauche, (Le Nouvel Obs, Mediapart) tombe dans cette agitation sarkofrançaise facile.]
Lire aussi:

Retour à La Une de Logo Paperblog