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Claude-Nicolas LEDOUX

Publié le 13 janvier 2014 par Aelezig

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Je crois que c'est cet architecte qui m'a donné la passion de l'architecture. Depuis des années, j'avais l'habitude d'examiner dans le détail, avec un intérêt croissant, tous les bâtiments, anciens ou récents, que je rencontrais. Je ne savais pas trop ce qui me touchait tant : l'Histoire avec un grand H, l'art, le génie de l'homme pour la construction... Puis un jour, l'été 2009, en vacances dans le Jura, j'ai visité la Saline d'Arc-et-Sénans, qui comporte un musée présentant la vie et l'oeuvre de Ledoux. J'ai été stupéfaite, abasourdie, par son talent, étonnée d'être si émue par le travail d'un homme que je croyais être un obscur artisan, dont je n'avais jamais entendu parler... J'ai compris subitement que toutes ces choses que j'adorais se regroupaient sous un mot : l'Architecture. Et depuis, pas un jour ne passe sans que je ne me plonge dans les livres ou Wikipédia, ou bien encore lors de balades, à la recherche de merveilles, que je collectionne ici sur ce blog comme des trésors.

Merci Monsieur Ledoux.

Claude-Nicolas Ledoux (né à Dormans, Marne, le 21 mars 1736, mort à Paris le 18 novembre 1806) est un architecte et urbaniste français. Il fut l'un des principaux créateurs du style néoclassique. La plupart de ses constructions ont hélas été détruites au XIXe siècle.

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Saline d'Arc-et-Sénans

Son père est un modeste marchand champenois. Sa mère et sa marraine l'initient au dessin. La protection de l'abbé de Sassenage lui permet d'obtenir une bourse et d'étudier à Paris au collège de Beauvais (1749-1753). Il est ensuite employé chez un graveur et étudie l'architecture sous la direction de Jacques-François Blondel, qui le tient en haute estime.

Il fait un stage dans le cabinet de Pierre Contant d'Ivry, et entre également en rapport avec celui de Jean-Michel Chevotet, deux maîtres qui peuvent lui procurer d'utiles relations parmi leurs riches clientèles. Ainsi, le baron Crozat de Thiers lui confie l'aménagement d'un appartement dans son hôtel de la place Vendôme.

Contant et Chevotet incarnent un style Louis XV (rococo) en voie de passer de mode. Ledoux quant à lui découvre en Italie l'architecture antique et l'œuvre de Palladio.

En 1762, le jeune Ledoux crée pour le café Godeau à Paris un époustouflant décor conservé depuis 1969 au musée Carnavalet. L'année suivante, le marquis de Montesquiou-Fézensac appelle Ledoux dans son vaste domaine de Mauperthuis, dans la Brie. L'architecte rebâtit le château au sommet d'une colline, crée des jeux d'eau, une orangerie, une faisanderie et de vastes dépendances dont seuls subsistent aujourd'hui quelques vestiges. Pour la présidente Hocquart, il bâtit en 1764 à la chaussée d'Antin un pavillon de style palladien.

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Rotonde du Parc Monceau

En 1764, Ledoux épouse Marie Bureau, fille d'un musicien du Roi. Un ami champenois, Joseph Marin Masson de Courcelles, lui obtient une place d'architecte des Eaux et forêts. Pour le compte de cette administration, il travaille, entre 1764 et 1770, à réparer ou à construire des dépendances du domaine forestier telles que des églises, ponts, puits, fontaines, écoles, dans le Tonnerrois, le Sénonais et le Bassigny. Parmi les témoignages conservés de cette activité on peut citer le pont de Marac, le pont Prégibert à Rolampont, les églises de Fouvent-le-Haut, de Roche-et-Raucourt, de Rolampont, de Cruzy-le-Châtel...

Parallèlement, à Paris, Ledoux se fait connaître en 1766 avec l’Hôtel d'Hallwyll, dans le quartier du Marais. Ce bâtiment relativement modeste lui permet d'obtenir en 1767 la commande beaucoup plus importante du somptueux hôtel d'Uzès. Il est également l'auteur du château de Bénouville, au nord de Caen. C'est la plus importante des œuvres de jeunesse de Ledoux.

Dans les années 1769-1771, Ledoux fait un voyage en Angleterre où il se familiarise avec le palladianisme. Il construira de nombreux pavillons de style palladien, de volume généralement cubique et ornés d'un péristyle qui donnait de l'allure même aux constructions de petite taille.

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Château de Mauperthuis

Sa réputation s'affirmant, Ledoux commence à construire des édifices beaucoup plus ambitieux, comme l’hôtel de Montmorency du boulevard des Capucines. Mais, constatant l'appauvrissement relatif de la noblesse, il cherche à se rapprocher des milieux de la finance, aux moyens beaucoup plus considérables. Dans le même temps, il suit de près les opérations des administrations et songe à se mettre à leur service, ne dédaignant pas des travaux à la frontière entre les compétences de l'architecte et celles de l'ingénieur. Grâce à la protection de Madame du Barry, Ledoux devient commissaire aux Salines de l'Est, dont la modernisation est engagée à la suite de la construction du canal de Bourgogne. Il est ensuite promu, en 1771, inspecteur des salines de l'État en Franche-Comté. Il entre à l'Académie royale d'architecture en 1773.

Le sel était autrefois une denrée essentielle car il servait à conserver certains aliments comme la viande ou le poisson. Sa consommation supportait un impôt fort impopulaire, la gabelle, perçu par la Ferme générale. En Franche-Comté, du fait de l'existence dans le sous-sol de gisements de sel gemme, on trouvait des puits salés dont on extrayait le sel par ébullition dans des chaudières chauffées au bois.

À Salins ou à Montmorot, on avait construit les chaudières près des puits et l'on amenait le bois des forêts voisines. Près du premier de ces sites, les fermiers généraux décident d'expérimenter une autre méthode : construire une usine d'extraction du sel à proximité de la forêt de la Chaux, au lieu dit le Val d'Amour, entre les villages d'Arc et de Senans, et y amener l'eau salée par une canalisation.

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Projet de la ville de Chaux

Construite entre 1774 et 1779, la saline royale d'Arc-et-Senans (Doubs) est le chef-d'œuvre de Ledoux. L'entrée, précédée par un péristyle d'ordre dorique, est logée dans une grotte qui donne l'impression de pénétrer dans une mine de sel. L'alliance des colonnes, motif archétypal du néoclassicisme, et de la grotte ornée de concrétions, qui évoque les créations de la Renaissance, marque l'opposition, mais aussi l'articulation, entre les forces élémentaires de la nature et le génie organisateur de l'homme, qui traduit les réflexions du XVIIIe siècle – on pense notamment à Jean-Jacques Rousseau – sur le rapport entre la technique et la nature.

L'entrée donne sur un vaste espace semi-circulaire entouré de dix bâtiments qui s'ordonnent sur la demi-circonférence et son diamètre. Sur la partie circulaire, on trouve la tonnellerie, la forge et les deux bâtiments d'habitation pour les ouvriers ; sur la partie rectiligne les ateliers d'extraction du sel alternent avec des bâtiments administratifs dont, au centre, le pavillon du directeur, qui contenait à l'origine la direction et la chapelle.

La signification de ce plan est ambivalente : le cercle, figure parfaite, évoque l'harmonie de la Cité idéale, lieu de la concorde dans le travail commun, mais il rappelle aussi les théories contemporaines de l'organisation et de la surveillance.

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Projet

La saline peine à entrer dans une phase de production industrielle et rentable, en raison de la concurrence des marais salants. Après quelques essais peu fructueux, elle doit s'arrêter définitivement à cause de la Révolution française en 1790. Le rêve d'achèvement d'une manufacture, conçue à la fois comme une demeure royale et une nouvelle ville, prend fin...

Faisant de fréquents séjours en Franche-Comté en raison de ses fonctions, Ledoux est choisi pour construire le théâtre de Besançon. Les salles de spectacles publiques sont encore peu nombreuses en France. Jusqu'alors, l'usage veut que les nobles seuls soient assis, le peuple restant debout. Mais cet état de fait suscite des critiques auxquelles Ledoux, qui conçoit le théâtre comme une communion de tous les spectateurs, souhaite répondre. Ainsi le théâtre de Besançon sera à offrir des places assises pour les gens du "peuple". Ledoux est également le premier à dissimuler les musiciens dans une fosse d'orchestre !

Mais le théâtre est détruit le 26 avril 1958 par un incendie et ne sera rénové qu'en 1995, avec l'esthétique contemporaine que l'on lui connaît aujourd'hui.

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Projet

Ledoux devient architecte de la Ferme générale. L'idée vient de dresser une barrière autour de Paris pour limiter la contrebande qui occasionnait une évasion importante des droits d'octroi : le fameux Mur des Fermiers généraux devait avoir 24 km de tour et comporter 60 bureaux de perception. Ledoux est chargé de dresser ces édifices. Pour couper court aux protestations de la population parisienne, l'opération est menée tambour battant : 50 barrières d'octroi sont construites entre 1785 et 1788. La plupart ont été détruites au XIXe siècle ; il en subsiste un très petit nombre, dont celles de La Villette et de la place Denfert-Rochereau sont les seules à ne pas avoir été dénaturées.

Les critiques d'ordre politique adressées à cette construction se doublent de critiques esthétiques pour l'architecte, accusé d'avoir pris des libertés excessives avec les canons antiques. Ledoux, livré en pâture à l'opinion, est révoqué de ses fonctions en 1787 tandis que l'entreprise tout entière est désavouée.

Au même moment, les travaux du palais de Justice d'Aix-en-Provence, sur lequel il travaillait, sont suspendus, Ledoux étant accusé de pousser le Trésor à des dépenses inconsidérées. Lorsque la Révolution éclate, sa riche clientèle prend le chemin de l'émigration ou meurt sous la guillotine. Il voit sa carrière et ses projets arrêtés ; l'octroi est supprimé dès mai 1791, rendant l'ouvrage inutile. Symbole malgré lui de l'oppression fiscale, Ledoux, qui avait constitué une belle fortune et menait grand train, est arrêté et jeté en prison.

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Projet

Rendu à la liberté, il cesse de construire et prépare la publication de son œuvre complète. Pendant son emprisonnement, il avait commencé à rédiger un texte pour accompagner les illustrations. Seul le premier volume parut de son vivant, en 1804, sous le titre L'Architecture considérée sous le rapport de l'art, des mœurs et de la législation. Il meurt en 1806.

Un immense architecte, fourmillant d'idées innovantes... dont certaines étaient carrément futuristes.

D'après Wikipédia


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