Milan – Spezia : la Coupe d’Italie pour sauver la saison

A une époque, un match de Coupe d’Italie contre une équipe de Serie B serait passé en second plan. Mais en cette saison désastreuse qui ressemble toujours plus à une longue agonie, avec la Champions League absolument hors de portée et un championnat sérieusement compromis, la Coupe d’Italie est l’unique trophée à la portée de l’AC Milan et le chemin le plus direct (voire le seul) menant à l’Europa League. Aujourd’hui, Milan accueille Spezia (Serie B) à San Siro pour le huitième de finale. Un match habituellement snobé devient subitement très important…

En effet, par le passé, la Coupe d’Italie était pratiquement considérée comme « nuisible », Milan préférant être éliminé rapidement pour s’en libérer et concentrer toute son énergie sur le championnat et la Champions League. Aujourd’hui, les Rossoneri ne peuvent plus se permettre cette attitude prétentieuse : la Coupe d’Italie est peut être la dernière possibilité de disputer une compétition européenne la saison prochaine. Ce n’est qu’un des signes du déclin du club… qui en quelques années est passé de victoires en Champions League jusqu’à s’accrocher à un (pauvre) huitième de finale de Coupe d’Italie face à une équipe de Serie B pour sauver sa saison.

Cette saison, et c’est une aubaine, le tableau de la compétition est très favorable à l’AC Milan. En cas de qualification, rappelons-le, à San Siro face à une équipe de Serie B, l’équipe de Seedorf affronterait l’Udinese en quart de finale, toujours à San Siro. S’il est vrai que ce Milan a prouvé pouvoir chuter face à n’importe qui, il faut reconnaitre que les demi-finales de Coupe d’Italie sont largement à la portée des Rossoneri. Et là aussi, ils auraient la certitude d’éviter Juventus, Roma et Napoli. L’adversaire le plus coriace pourrait être la Fiorentina, en double confrontation aller-retour. Et puis en finale à la fin du mois de mai, tout devient possible.

Voilà pourquoi Milan – Spezia prend tout de suite beaucoup plus d’importance. Sur le plan théorique. Car en réalité, les tifosi restent peu intéressés par cette compétition. Et malheureusement, les pseudo stars qui pullulent dans le vestiaire de l’AC Milan ne sont que peu motivés par cette compétition de looser. Cela fait maintenant plusieurs saisons que Milan tente de changer sa vision concernant la Coupe d’Italie, avec une amélioration des résultats.

Lors des deux précédentes éditions, les Rossoneri ont été éliminés par la Juventus : l’année passée au terme des prolongations au Juventus Stadium (2-1, but décisif de Vucinic) et la saison précédente, en demi-finale, toujours aux prolongations et avec but décisif de Vucinic. Mais dans les deux cas, au delà du trophée (finalement remporté par Napoli en 2012 et Lazio en 2013), Milan s’était qualifié en Champions League en terminant sur le podium du championnat. Cette saison, la Coupe d’Italie est vraiment le moyen le moins compliqué et le plus direct vers la seule compétition européenne envisageable.

Le moment est délicat. Milan a réussi l’exploit de perdre 4-3 à Sassuolo contre une équipe qui ne gagnait plus (et ne marquait plus) depuis quatre matches. Une prestation déconcertante d’une équipe sans âme, vide à tous les niveaux et une défaite humiliante, celle de trop car elle a effectivement été fatale pour Allegri. La décision est devenue inévitable. En attendant l’arrivée effective de Seedorf, l’équipe a été confiée à Tassotti. Les Rossoneri vivent donc une transition et sont encore sous le choc du départ d’Allegri. Bref, on est à des années lumières des bonnes conditions pour affronter un match décisif, bien qu’à San Siro et face à une équipe de Serie B, ce Milan doit être capable de faire la différence, en espérant une réaction après l’électrochoc.

Tassotti a l’expérience et la sagesse pour comprendre qu’on ne révolutionne pas une équipe en deux jours. Ce rôle sera éventuellement la responsabilité de Seedorf. L’éternel entraineur adjoint a juste la mission de jouer la transition durant quelques jours. Ce soir il proposera un 4-3-2-1 et un léger turn over, avec notamment les premières titularisations de Rami et Honda. Dans les buts, on retrouvera Abbiati. En défense, Rami sera aligné dans un rôle inhabituel à droite, avec au centre une charnière Silvestre – Bonera et à gauche De Sciglio. On voit là l’intention de retrouver un minimum de solidité, avec quatre défenseurs de formation. Au milieu, De Jong jusqu’ici très utilisé sera tenu au repos. Le trio devrait être composé de Poli à droite, Montolivo au centre et Nocerino à gauche. En attaque, place à Honda, accompagné de Robinho et Pazzini en pointe, lui aussi titulaire pour la première fois cette saison. Kakà pourra souffler alors que Balotelli est suspendu (Petagna déjà convoqué), alors que Matri effectue les visites médicales à Florence.

C’est ainsi que Milan affrontera Spezia lors d’un match délicat sous plusieurs angles. Tout d’abord pour le moment vécu par le club. Ensuite car Spezia arrive à San Siro avec grand enthousiasme, sans rien à perdre et accompagné de très nombreux tifosi (plus de 70 cars!). Il risque d’y avoir plus de tifosi adverses. Attention donc à ce match piège car se faire éliminer de la dernière et seule compétition à la portée par une équipe de Serie B serait dramatique car cela s’ajouterait à toutes les autres difficultés déjà présentes. Tassotti a le rôle délicat de motiver l’équipe et de l’isoler pour lui permettre de se concentrer afin d’entrer sur la pelouse avec l’attitude adéquate. L’objectif est simple : éviter un autre échec, se qualifier pour la suite de la Coupe d’Italie, en attendant le début de l’ère Seedorf et voir s’il sera capable de réanimer ce Milan comateux.