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Iran : le feu couve sous la cendre

Publié le 17 janvier 2014 par Laurentarturduplessis

59 sénateurs américains pour un durcissement des sanctions

Au Sénat américain, un projet de loi visant à durcir les sanctions contre l’Iran fait son chemin. Ce projet, intitulé « L’Iran nettoyée de l’arme nucléaire », vise à infliger à ce pays de nouvelles sanctions s’il venait à bafouer l’accord nucléaire du 24 novembre dernier signé avec le Groupe 5+1 (les cinq membres du Conseil de sécurité et l’Allemagne) pour six mois ou bien si les pourparlers en cours s’achevaient sans aboutir à un accord définitif. Le projet envisage un boycott global de l’exportation pétrolière et de certains secteurs tels la mine, l’ingénierie et la construction iraniens. Il demande à l’exécutif d’informer mensuellement le Congrès sur l’application de l’accord par Téhéran, et de soutenir Israël s’il lançait une attaque préventive contre l’Iran.
Ce projet de loi a démarré petitement en décembre dernier, avec 26 sénateurs seulement, mais appartenant aux deux partis : 13 démocrates et 13 républicains. Ce petit nombre de signataires ne troublait pas la sérénité de Barack Obama. Ensuite la montée en puissance de ce projet dans la chambre haute du Congrès a été telle qu’il bénéficie aujourd’hui du soutien de 59 sénateurs. Gagné par l’inquiétude, le président américain a annoncé qu’il ferait jouer son droit de veto contre cette loi si elle était votée. Toutefois cela lui deviendrait impossible si le quorum des deux-tiers des sénateurs (67/100) était atteint. Ce pourrait être le cas si des entorses iraniennes à l’accord du 24 novembre étaient mises à jour. Exemple : la révélation par le Conseil national de la révolution iranienne (CNRI) d’une installation nucléaire militaire non déclarée par Téhéran… « Les Iraniens tricheront », répète Laurent Fabius, le ministre français des Affaires étrangères. C’est ce qu’ils n’ont cessé de faire au cours des dix dernières années.

Le dilemme infernal

La porte-parole du Conseil de sécurité nationale, Bernadette Meehan, a déclaré : « Si certains membres du Congrès veulent que les États-Unis mènent une action militaire [contre l’Iran], ils devraient s’avancer et le dire au peuple américain ! Par ailleurs, pourquoi les membres du Congrès soutiennent-ils une loi qui ferme la porte à toute solution diplomatique et rend probable l’idée que seules deux options subsistent : la solution militaire ou permettre à l’Iran de poursuivre son programme nucléaire ?! »
Ce sont, hélas, les membres du Congrès qui ont raison. La troisième voie, celle de la diplomatie, empruntée par Barack Obama, est illusoire. Le Guide suprême, Ali Khamenei, qui est le véritable maître de l’Iran, n’entend pas renoncer à doter son pays de la bombe atomique. Il ne voit dans la diplomatie que le moyen de desserrer l’étau des sanctions économiques et financières (qui exacerbent les tensions internes) tout en préservant l’intégrité des infrastructures de l’industrie nucléaire iranienne. Obama, lui, essaie de cacher la poussière sous le tapis jusqu’à la fin de son mandat (le second et dernier), début janvier 2017 : il veut à tout prix éviter une guerre avec l’Iran tant qu’il est à la Maison-Blanche. Mais il n’est pas impossible que le Sénat l’en empêche…



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