Jeunes sots

Depuis quelques jours, j’ai vu apparaître sur des murs de la capitale des affiches sur lesquelles figurent les contours du visage de François Hollande, ce visage étant barré d’un bandeau portant la mention DÉGAGE. Elles appellent à une manifestation le dimanche 26 et comportent en haut, à gauche, l’indication La Manif. Ceci conduit à penser qu’il s’agit là d’une résurgence de la Manif pour tous, financée avec on ne sait quels fonds.

Avant-hier, je marchais avec mon épouse sur un boulevard parisien. Nous nous sommes soudain trouvés face à un petit groupe d’adolescents fort bruyants, brandissant des tracts invitant à cette même manifestation. Je m’appliquai à les éviter tandis que mon épouse fut gratifiée d’un de ces tracts. Elle le plia soigneusement et se dirigea vers une poubelle toute proche tandis que les jeunes menaçaient : « Non, ne le jetez pas ! ». Elle réserva à ce chiffon le sort qu’il méritait, sous les protestations de ces manifestants en herbe.

Je leur dis alors que je n’admettais pas qu’on utilise l'injonction dégage à l’adresse d’un président démocratiquement élu, ordre visant précédemment des dictateurs au pouvoir depuis des décennies. Comme ces gamins justifiaient leur opposition par la lourdeur des impôts, je rétorquai qu’un État ne peut vivre  sans impôts et, le ton montant, je leur lançai : « Ce sont les impôts qui paient vos écoles, jeunes sots ! ».

Pour être plus exact, je précise qu’en fait, irrité par leur violence, je n’ai pas employé le mot sot mais un synonyme plus expressif, composé lui aussi de trois lettres, et lui aussi avec un o en son milieu. Je me reproche toutefois d’avoir manqué de répartie. J’aurais dû tout simplement leur dire : « Attendez d’avoir payé des impôts pour protester contre eux ! ».