Tout a commencé avec une prise de sang en juillet 2013. Après un tour du monde studieux en quelques semaines, le verdict est tombé : j’étais en pleine forme ! A une exception près puisque mon taux de cholestérol, qui avait régulièrement côtoyé la limite haute de la fourchette acceptable, pour des raisons jugées héréditaires, montrait un pic qui me plaçait en zone rouge. Le corps médical semblait très aligné sur le diagnostic : plus de 40 ans, fumeur depuis longtemps, du cholestérol, je venais de réaliser un superbe strike sur le triptyque magique qui expose à un risque cardio-vasculaire majeur. L’avancée dans l’âge étant un facteur qui s’arrange assez peu avec le temps, il y avait donc urgence à agir sur l’un des 2 autres. La cigarette électronique (et ses shots de nicotine) constituant la plus grande victoire sur la cigarette dont je me sentais capable, c’est donc le cholestérol dont j’aurais la peau.
Dès le 15 juillet 2013, j’ai donc entamé une cure choc : un régime alimentaire strict sans sucre et sans matière grasse saturée (adieu beurre, charcuterie, oeufs, graisses animales, fromage, pâtisserie…), sans sucre et sans alcool. Le tout devait être complété d’un sport d’endurance pour travailler le coeur et éliminer rapidement le « mauvais cholestérol » de mes artères. J’ai choisi la course que j’avais abandonné depuis mon arrivée à Paris.
Conscient de ma plus grande facilité à faire du sport tard le soir que dans la journée, j’ai réactivé mon abonnement dans la salle Fitness Parc République ouverte 7 jours sur 7 et surtout 24h sur 24. Je me suis donc mis à courir 4 fois 1 heure par semaine, le plus souvent vers 23h, avec une régularité métronomique. Avec effort au début, avant d’y prendre goût assez rapidement, à la recherche de ce moment magique où l’endorphine envahit le corps pour faire oublier tout type de douleur (et de souci).
En 3 mois, il n’était plus question de cholestérol, j’avais pris goût à des plats inattendus, du steak de soja aux biscuits au son d’avoine de Dukan, je m’étais habitué à refuser les verres d’alcool mondains pas forcément appréciés. Et surtout, ne pas courir pendant plus de 4 jours était devenu un problème, me mettant dans un état de manque proche de celui que je connais lorsque j’ai envie d’une cigarette. J’ai donc continué sur un rythme de 2 à 3 fois de course par semaine, alterné avec des séances de musculation (un coach me motive une fois par semaine).
En effet, bénéfice collatéral pas complètement négligeable, mon corps s’est sculpté et a -vaguement- retrouvé la forme de ses 20 ans. Le risque étant de fondre complètement (j’ai quand même perdu 6 kilos au passage), j’ai mis de l’énergie à manger beaucoup et régulièrement dans la catégorie « sain et protéiné » : du poulet sous toutes ses formes, filets de dinde… Une gourmandise autorisée : les noix de cajou et amandes que j’adore. Et un écart hebdomadaire que je m’autorise sous prétexte de « rebond glucidique » supposé faire gonfler les muscles mais surtout destiné à ne pas rendre la privation punitive éternelle. L’impact sur ma forme étant immédiat et évident, je tends désormais à éviter les écarts. Mais je maintiens une séance de musculation hebdomadaire minimum.
Six mois plus tard, je suis donc cholestérol-free mais totalement accro au running, à la salle de sport et à un comportement alimentaire maîtrisé. Devenir accro étant plutôt dans mon tempérament, je suis assez content de cette addiction là même si elle contient son lot de contraintes. Bizarrement, c’est la limitation de l’alcool qui m’a été le plus simple physiologiquement et le plus compliqué socialement. Ce qui m’a régulièrement obligé à expliquer à mes interlocuteurs circonspects que je suivais un régime strict qui m’interdit de boire. J’ai décidé que je n’utiliserais plus cette excuse à partir de maintenant en essayant d’assumer fièrement que « je passerai à la soirée mais je ne boirai pas et partirai tôt pour ma séance de running du jour ».