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Intelligence (2014) : le divertissement avant la réflexion

Publié le 22 janvier 2014 par Jfcd @enseriestv

Intelligence est diffusée depuis le début janvier sur les ondes de CBS aux États-Unis et CTV au Canada. Au cours des épisodes, nous suivons Gabriel Vaughn (Josh Holloway), un ancien militaire dont le courage n’est plus à prouver qui travaille maintenant en tant qu’agent des services de renseignements pour le gouvernement américain. Il s’agit d’un être unique au monde puisqu’on lui a implanté une puce dans le cerveau qui lui permet d’avoir accès à n’importe quelle base de données. Ce mi-homme, mi-robot vaut bien évidemment son pesant d’or et afin de le protéger, on décide de lui assigner l’ancien agent secret Riley Neal (Meghan Ory). Ainsi, le duo se verra confier plusieurs missions dangereuses un peu partout dans le monde, affrontant les pires terroristes de la planète. Après Almost humans (Fox) et Real Humans (STV1), Intelligence entre dans cette lignée de séries futuristes qui ne tiennent pas vraiment la route et à propos desquelles on se demande si elles ne seront pas la risée du genre dans quelques décennies. Une fois la prémisse (difficilement) acceptée, on apprécie peu à peu la complicité qui s’installe entre les deux protagonistes et surtout l’effort des scénaristes pour nous amener ailleurs d’un épisode à l’autre, quoique plus d’audace aurait été souhaitée.

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Fox versus CBS

Après la sortie de Almost Humans en novembre dernier à Fox, on était en droit de craindre un copié /collé avec Intelligence tellement le scénario de base se ressemblait. En effet, dans les deux cas, on retrouve un « couple » travaillant pour les forces de l’ordre composé d’un être humain normal et d’un autre qui est un produit (en entier ou en partie) de la technologie. Dans la première série, on crée des robots policiers à l’image de l’homme, mais on omet de les doter de sentiments pouvant nuire à leur travail (peur, faiblesse, etc.). Dans la deuxième, on « technologise » l’humain. En somme, c’est du pareil au même, sauf qu’Intelligence se démarque par sa narration et la qualité de ses protagonistes. La série de Fox, sous des allures de science-fiction n’était en fait qu’un policier déguisé. Celle de CBS revêt plusieurs genres, selon les épisodes. Dans le premier, le Dr Cassidy (John Billingsley), concepteur de la puce de Gabriel, est enlevé par des Asiatiques, lesquels le forcent à implanter une autre puce expérimentale sur une des leurs. Dans le second, Gabriel et Riley doivent contrer une attaque terroriste composée de plusieurs kamikazes, lesquelles ont inventé une bombe qui une fois dans leur système digestif, est indétectable par les systèmes de sécurité. Parmi ceux-ci, il y Amelia (Zuleikha Robinson), la femme de Gabriel disparue il y a plusieurs mois. Dans le troisième, l’agent secret est en deuil de celle-ci qui est morte dans l’explosion, mais il doit vite se remettre en selle puisqu’avec Riley, ils doivent contrer Mei Chen (Faye Kingslee), la femme-robot du premier épisode qui a des pouvoirs beaucoup plus grands que son acolyte.

Il n’y a pas de constances entre les épisodes d’Intelligence et c’est justement ce qu’on apprécie. Tantôt on privilégie le drame et les relations humaines, tantôt c’est le côté science-fiction qui prime. L’action se déroule dans plusieurs pays et plusieurs nationalités se côtoient. De plus, le tandem Riley-Gabriel fonctionne bien plus que celui de Kennex-Dorian à Fox. Riley agit un peu à titre de petite sœur auprès de l’homme-robot et si les scénaristes ont le bon goût d’éviter une éventuelle romance entre les deux, leur complicité en ressortira grandie. Enfin, grâce au montage, on parvient de façon convaincante à nous faire entrer dans la tête de Gabriel et à nous montrer de quels pouvoirs il dispose à la suite de l’implantation d’une puce dans son cerveau. Si la série l’emporte sur Almost humans, il ne faut pas croire qu’elle marquera nécessairement l’année 2014.

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Le problème avec plusieurs séries américaines est qu’on tente de nous faire gober trop vite des situations invraisemblables et c’est encore le cas avec Intelligence. La composition pour le moins unique du cerveau de Gabriel sert uniquement à justifier des scènes d’action et d’enquête. Du coup, toutes questions éthiques ou relevant du quotidien de cet agent sont évacuées. Pourquoi a-t’il accepté d’être cobaye à ce projet embryonnaire? Comment on se sent quand on sait tout sur les gens qui ont au moins une fois dans leur vie laissé une trace dans le cyberespace? À quel point contrôle-t-il tout ce qui se passe dans son cerveau grâce à (ou à cause de) la puce? En se soumettant à cette expérience, il devient la propriété de la sécurité nationale et dès lors, son corps ne lui appartient plus. Notons aussi que bien qu’il soit accompagné de Riley, une collègue fort compétente, ce nouvel être 3.0 est aussi vulnérable qu’un autre et peut périr d’un seul coup de feu. En ce sens, comment se fait-il qu’on le laisse aller constamment sur le terrain et mettre ainsi sa précieuse vie en danger ?

À toutes ces questions peu de réponses, sinon lors du troisième épisode. Gabriel et Riley doivent retrouver Kate Anderson (Annie Wersching), une analyste à la CIA qui a fait une copie du contenu de la puce du principal intéressé. Lorsqu’elle est retracée par les deux agents, elle avoue :« I wanted to protect my country, 9/11 and all that, but we all went too far. The things we are doing are violating the very freedom we are protecting ». Ces deux petites phrases auraient dû se trouver au cœur des intrigues de la série, mais on les effleure à peine. À la suite des révélations d’Edward Snowden concernant le programme d’espionnage américain, le monde entier s’est indigné que l’agence de renseignement NSA puisse ainsi collecter des informations par millions sur tout citoyen jugé suspect. La technologie évoluant à la vitesse de l’éclair, gageons que ce n’est que la pointe de l’iceberg. C’est en ce sens qu’une série comme Intelligence aurait pu contribuer au débat et par le fait même sortir du lot. Mais comme d’habitude, on préfère concentrer l’histoire sur des terroristes, presque toujours étrangers, qui veulent porter atteinte à la liberté, laquelle est apparemment l’apanage des États-Unis.

Intelligence (2014) : le divertissement avant la réflexion

Intelligence a connu un départ canon en rassemblant plus de16 millions de téléspectateurs lors du premier épisode qui avait été diffusé exceptionnellement après la populaire NCIS. Une semaine plus tard, la série a perdu 10 millions d’adeptes et presque un million encore lors de l’épisode 3. Ce qui était peut-être un feu de paille vaut tout de même quelques étoiles, bien qu’on espère plus d’audace pour le reste de la saison.


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