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AU BOUT DU CONTE Agnes Jaoui Teaser #6 aller au ciel - YouTube

Par Mmepastel

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J’avais très envie de voir Au bout du conte, le dernier né du duo Bacri-Jaoui (même s’il date déjà de presqu’un an), notamment en raison de ce genre de micro-scènes comme ci-dessus, où la dépression jouée par Jean-Pierre Bacri est tellement hilarante.
C’est chose faite. J’ai plutôt bien aimé avec pourtant quelques nuances.
C’est évidemment un film intelligent et plutôt bien construit, astucieux, qui a tressé son intrigue autour des contes de fées annoncés par le titre et l’affiche. Les croyances sont au cœur du sujet : croire en dieu (au ciel), au prince charmant, à la sophrologie, à la voyance… Toutes sont évidemment dégommées avec un plaisir non dissimulé et assez communicatif. Les enfants sont anxieux, les adultes déboussolés voire carrément en déroute, et les jeunes gens apprennent durement à renoncer aux chimères pour ouvrir les yeux. Le tableau n’est pas gai, mais le ton, comme toujours, est enlevé, et cette fois, le film, sans pour autant renoncer au réalisme psychologique de ses personnages de notre temps, est stylisé, autour même de cette idée de féerie. J’ai beaucoup apprécié le travail des couleurs, des décors, du montage, qui tire le travail cinématographique vers la bande-dessinée, vers quelque chose d’assez simplifié et de presque ludique. On assiste à un film choral, fait de saynètes en forme de pastilles colorées, qui confèrent au film une certaine légèreté bienveillante aux personnages largués mais qui s’en tirent, au bout du compte.
Mais précisément, quelque chose se perd en même temps. Avec cette stylisation et l’utilisation des motifs/personnages récurrents des contes, tout devient ultra lisible. Certains effets sont surlignés : Benjamin Biolay (parfait), s’appelle Wolf, et la jeune fille en quête d’amour (toute de rouge vêtue) le croise dans une forêt dans laquelle elle s’est perdue… Le parti-pris était suffisamment clair, me semble-t-il, il ne nécessitait pas une telle profusion de symboles. On comprend tout, voyez-vous. C’est à la fois agréable et contrariant. Tout le film est du coup révélé, ses intentions, ses ressorts, son message. Le mystère, la noirceur et l’impact des contes de fées en sort appauvri. Peu de place à l’inconscient, au manque de logique, aux désirs sous-jacents qui gouvernent pourtant nos vies tout autant que notre raison (voire plus) et que les contes précisément intègrent si subtilement malgré la simplicité apparente de leurs schémas.
A moins qu’il ne faille voir dans ce film justement que le divertissement léger de deux âmes sages et devenues pragmatiques. Comme les enfants qui réécoutent pour la trentième fois la même histoire, peut-être faut-il se réjouir de reconnaître les personnages, d’attendre leurs mésaventures, pelotonné dans le confort de déjà connaître les dangers au coin de la page. Dans ce cas, Bacri-Jaoui auraient troqué leur audace et une certaine acuité pour une légèreté plaisante mais plus anodine. Qui pourrait leur en vouloir ?

  • #cinéma

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