Lulu femme nue // De Solveig Anspach. Avec Karin Viard, Bouli Lanners et Claude Gensac.
Lulu femme nue c’est l’histoire d’une femme qui se rend compte qu’elle a vieillie et qu’elle n’a pas eu l’occasion de profiter de sa vie. C’est aussi un drame sur la peur de
vieillir et de finir seul. Adapté d’une BD éponyme, Lulu femme nue c’est une histoire qui donne envie de réfléchir sur le sens de la vie et le fait qu’il faut
aussi savoir prendre le temps d’en profiter. En effet, à quoi bon vivre si ce n’est pas pour s’amuser. Je ne m’attendais pas du tout à adorer ce film autant que j’ai pu l’adorer, notamment car je
suis toujours plein d’a priori au sujet de Karin Viard alors que cette actrice ne cesse de me surprendre d’années en années. Elle est ici toute simple, sans artifice, dans un
film plein de bons sentiments jamais dégoulinant. Le film aurait également pu tomber dans le pathos provincial et la France profonde mais c’est tout le contraire. Du coup, on ne peut qu’être
émerveillé par cette femme qui est en train de reprendre goût à la vie, de gagner confiance en elle et d’apprendre à savoir dire tout simplement non.
À la suite d’un entretien d’embauche qui se passe mal, Lulu décide de ne pas rentrer chez elle et part en laissant son mari et ses trois enfants. Elle n’a rien prémédité, ça se passe très
simplement. Elle s’octroie quelques jours de liberté, seule, sur la côte, sans autre projet que d’en profiter pleinement et sans culpabilité. En chemin, elle va croiser des gens qui sont, eux
aussi, au bord du monde : un drôle d’oiseau couvé par ses frères, une vieille qui s’ennuie à mourir et une employée harcelée par sa patronne… Trois rencontres décisives qui vont aider Lulu à
retrouver une ancienne connaissance qu’elle a perdu de vue : elle-même.
Il n’y a rien dans Lulu femme nue qui est idyllique (l’homme qu’elle rencontre que sa fille moque, le paysage grisâtre de St Gilles Croix de Vie, la vie morose
de l’héroïne) mais c’est toujours teinté d’espoir. Le film fait en sorte que l’on puisse réellement prendre une belle claque pleine de sentiments jamais surfait. Le côté ultra réaliste du film
nous plonge donc dans un univers que l’on n’a tout simplement pas envie de quitter. La fin du film donne d’ailleurs l’impression que l’on aurait pu peut-être demander à ce que cela dure encore
quelques minutes, que l’on puisse voir comment cela peut évoluer. Cette histoire émouvante tente donc de rendre heureux un personnage et par la même occasion, cela rend heureux le spectateur. Il
y a une poésie dans ce film qui n’a rien à voir avec ce que l’on peut voir dans le cinéma français actuellement. Encore mieux, au milieu d’un sujet pas toujours très gai, le film parvient à
laisser échapper quelques moments particulièrement drôles, que cela soit au détour d’une réplique ou bien d’un gag bien senti.
Karin Viard que je n’ai pas forcément l’habitude d’apprécier surprend ici dans ce rôle de femme sensible qui, au fil des années s’est laissée bouffer par la vie sans prendre le
temps de se poser les bonnes questions (elle le dit d’ailleurs très bien quand elle tente d’aider une jeune fille à avoir le courage d’enfin réaliser ses rêves car c’est jeune qu’il faut en
profiter). D’ailleurs, Lulu femme nue fait deux constats. D’un côté la rencontre de la jeune fille qui permet à Lulu de se rendre compte qu’elle a fait une erreur dans sa vie. Et
d’un autre côté la rencontre avec Marthe qui va tenter de lui faire comprendre qu’elle ne doit pas finir sa vie sur des regrets (et surtout seul). Vieillir est un sujet prédominant dans
Lulu femme nue mais ce n’est jamais péjoratif ou mal fichu. Au contraire, le sujet est traité avec sagesse porté par une actrice absolument radieuse sous ce ciel maussade.
Finalement, moi qui m’attendais à tomber sur un nouveau navet français est tombé sur un bijou.
Note : 9/10. En bref, l’une des plus belles surprises du cinéma français de ces derniers mois.