Tigre et dragon

Par Kinopitheque12

Ang Lee, 2000 (Chine)

LA POÉSIE DES SABRES

Film de sabre devenu culte, Tigre et dragon d’Ang Lee esthétise l’action, cherchant à frôler le sublime. Alliant la Chine ancestrale aux moyens hollywoodiens, Ang Lee a réussi son pari d’adapter le roman de l’écrivain chinois Wang Dulu. Bien plus qu’un simple film de kung-fu à la sauce américaine, c’est un film mêlant la poésie à des décors sublimes, d’une beauté plastique proche des chefs-d’œuvre méconnus des films de sabre chinois comme Magic blade de Chu Yuan (1976) ou le mythique A touch of zen de King Hu (réalisé en 1969 et présenté à Cannes en 1975).


UN RECIT ANCRÉ
Réalisateur connu pour ses thèmes préférés à savoir l’opposition entre les générations et la difficulté d’exprimer ses sentiments, Tigre et Dragon ne déroge pas à la règle. Le scénario assez complexe mélange plusieurs histoires qui s’entrecroisent. L’amour inavoué entre un homme et une femme, la relation entre un maître et son élève, une épée dite magique et des ennemis d’antan qui profitent de la naïveté de la jeunesse. Tous ces éléments réunis nous donnent un récit bien ancré à l’inverse du reproche fait généralement aux films de sabre chinois où l’histoire consiste simplement à venger sa bien-aimée ou son maître.

L’art martial utilisé s’appelle le wu xia, défiant les lois de la pesanteur, les personnages s’affrontent à grands coups de gestes fins, de figures d’escrime belles comme des épigrammes et d’envolées de manches brodées. Volant dans les airs ou marchant sur les murs avec une telle grâce que ce ne sont pas les prouesses des effets spéciaux de l’époque qui font de ce film un film culte, mais bien les vertus poétiques qui en découlent.

DANS LE MÉLANGE DES GENRES
Ses défauts (car il faut bien en trouver) se concentrent principalement sur la lenteur du film. Son rythme lent est accentué par de longues discussions, comme quoi l’adaptation d’un roman n’est pas toujours simple. En revanche Ang Lee manie à la perfection le mélange de l’Orient et l’Occident alliant la poésie des films chinois et la technique hollywoodienne.

Gianni Castillo, pour Preview,
dans le cadre de la 35e édition du Festival des 3 Continents