Un poème de Frédéric Gagnon
Je me définis. Si l’exercice me heurte comme le signe d’une chute, sans doute s’impose-t-il dans un
monde compact qui de toutes parts borne la vie. Et sans doute a-t-il sa raison d’être s’il est un ange pour jaillir de l’effort qui me meurtrit. Et quand viendra l’infini d’une vie souveraine, je saisirai la profonde nécessité de tout ce qui m’avait contraint, car pour l’esprit qui se joue, se déjoue, toute contrainte n’est qu’une marche vers son actualisation absolue.
Je me définirai donc, et je ne mépriserai pas les ressources de la mer, du roc et du vent.
Je n’ai pas le culte de l’élan vital, mais je cherche dans la vie ce qui dit plus que la vie. L’affirmation, si péremptoire qu’elle paraisse, n’en décrit pas moins l’attitude fondamentale mais incertaine d’une âme, de celle qui précisément est mienne, qui se débat au milieu de contradictions qui font son désespoir, mais dont elle tirera peut-être l’ampleur appropriée – peut-être – si jamais elle maîtrise l’alchimie suprême que définissent d’abord l’attention et la patience dans la recherche passionnelle des biens ultimes.

Je n’écrirai pas d’Art poétique : de tels poncifs, surtout s’ils sont vrais, deviennent facilement nuisibles, car ils engagent au-delà de ce qu’ils peuvent décemment promettre. Alors, passons.
Je me définirai donc.
Mais à bien y penser, je ne fais jamais que cela.
Tâchons tout simplement d’être attentifs – et le reste viendra.
Notice biographique

(Une invitation à visiter le jumeau du Chat Qui Louche : https ://maykan2.wordpress.com/)
