Au feu

Après ce bref intermède, il faut bien que je vous raconte la suite de mes aventures, ou plutôt de mes mésaventures.

L’histoire du petit voisin hospitalisé avec les deux jambes fracturées, suite à la périlleuse initiative de mon frère, laissait supposer tous les voisins que nous allions enfin mener une existence tranquille dans la courée.

Ce ne fut pas le cas …..

Maman attendait un heureux évènement sous peu, que je nommerai ma future petite sœur.

Elle était alitée pour se reposer par un bel après-midi d’automne.

Mon père travaillait la nuit, et lui aussi se reposait.

Ma grand-mère maternelle était présente en prévision de cet heureux évènement, afin d’assister maman dans ses tâches ménagères.

Je me souviens d’elle, alors qu’elle somnolait sur une chaise dans la cour.

Je jouais un peu plus loin dans la cour, très occupée moi-même avec la lessive des vêtements de mes poupées. La scène se passait près de la baraque où mon père stockait le charbon, les bouteilles de gaz butane, et sa mobylette dont le réservoir était rempli d’essence.

C’est alors que je vis mon frère absent, s’avancer avec une bande de copains du quartier vers moi.

Il eut la gentille initiative d’inviter ses camarades à entrer à l’intérieur de la baraque, et m’obligea à les suivre.

Vu l’état de ma mère, il avait réussi à obtenir à l’épicerie proche de chez nous une boîte d’allumettes, qu’il s’empressa d’utiliser pour mettre le feu à la baraque dans laquelle il avait eu l’ingénieuse idée de nous enfermer.

Par miracle, ma grand-mère s’éveilla en sursaut, une prémonition ou l’odeur du feu l’avait fait sursauter de sa chaise. Elle appela d’urgence mon père qui vint à notre secours, avant la catastrophe imminente, qui aurait pu se terminer par une terrible explosion, et me sauva la vie, ainsi qu’aux camarades de mon frère.

Ce jour-là, la punition fut terrible pour mon frère, et il dut regagner sa chambre pour le reste de la journée, moi y compris, ce qui ne fut pas une très bonne idée …..