Titre : Arthur - Tome 6 : Gereint et Enid
Auteurs : Chauvel (scénario) - Lereculey (dessins)
Editeur : Delcourt
Année : 2003
Alors qu’il chasse le cerf, Gereint assiste à l’agression d’une chétive jeune fille par un guerrier fort et brutal. Outré et héroïque, il tente d’intervenir mais ne parvient qu’à être immobilisé par un violent coup. Le guerrier, imperturbable, rejoint ses compagnons et reprend la route tandis que Gereint, humilié, jure qu’il vengera cet affront. Lancé à la poursuite de son agresseur, il se retrouve au pied d’un immense château fortifié où il trouve le couvert et l’hospitalité. C’est alors qu’il rencontre la fille de son hôte, Enid…
Il est des adaptations de contes qui sombrent rapidement dans le vieillot et le copier-coller insipide. L’exercice est difficile et il n’est pas aisé de s’en sortir avec brio, surtout lorsqu’on s’emploie à respecter avec une fidélité strictement religieuse la narration initiale. Cela n’a pas empêché Chauvel de faire de son Arthur une grande réussite de la bande dessinée. Génie du polar, il a su convertir son suspense haletant en un souffle épique fascinant. Fort et bouleversant, chaque personnage est un roman à lui-même, riche de caractère et de multiples facettes. L’amour et l’aventure se marient dans un mélange passionnant d’émotions multiples dont Lereculey a su fort bien capturer l’essence par un trait précis et efficace dont on pourrait peut-être cependant déplorer la couleur, loin d’être à la hauteur du légendaire. Si le découpage brise lui-même un peu le rythme effréné de l’épopée, l’ensemble reste néanmoins époustouflant de réussite. Les plus beaux contes sont les plus ardus à s’approprier, c’est en cela qu’on reconnaît les maîtres.
Soakette.