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Manuel Valls : « Vous avez dit "euthanasie" ? ! »

Publié le 26 janvier 2014 par Raoul Sabas

      Patong Beach, le 25 janvier 2014

Courriel :

[email protected]

Objet : Manuel Valls : « Vous avez dit "euthanasie" ? ! »

   Monsieur Manuel Valls

   Fédération PS de l'Essonne

     11, Boulevard de l'Europe

   91000 Evry

   Courriel : [email protected]

Monsieur,

Je me rappelle à votre bon souvenir – me semble-t-il ! - en raison de la correspondance échangée entre le 28 juin 2003 et le 21 août 2009, soit une quinzaine de lettres réciproques, ainsi que de votre aimable invitation à la cérémonie 2009 des vœux de la municipalité d’Evry, que je n’ai pas osé honorer de ma présence par timidité, mais votre carton d’invitation est toujours en ma possession.

Dans cet abondant courrier, j’avais particulièrement évoqué le problème de l’euthanasie active, en y apportant mon argumentation favorable, telle qu’exposée dans les lettres adressées respectivement, mais en vain, à Jean Leonetti et à Didier Sicard, ex-président du Conseil consultatif nationale d’éthique, revenu depuis à de meilleurs sentiments, comme en témoigne son récent rapport, impensable à l’époque, mais dont les patients intéressés n’auront qu’à se réjouir.

Ils avaient pourtant négligé, en leur temps, d’accéder aux demandes de Vincent Humbert, Chantal Sébire et Rémy Salvat, comme il en fût de Nicolas Sarkozy pour ce dernier, malgré sa déclaration sans ambigüité de la campagne présidentielle 2007 le concernant:

« On ne peut pas rester les bras ballants face à la souffrance d’un de nos compatriotes qui en appelle à ce que ça se termine. »

Cependant, pour être tout à fait honnête sur le plan intellectuel, je me dois de citer également les propos suivants tenus par Ségolène Royal dans sa lettre du 16 mars 2007 à Jean-Luc Romero, président de l’ADMD :

« Je veux que nous allions courageusement au bout du débat pour pouvoir mettre en place, comme l’ont fait d’autres pays européens, une législation qui permette d’apaiser les souffrances les plus intolérables. »

Comme ces propos étaient restés lettre morte jusqu'ici, je suis donc d’autant plus satisfait que vous teniez aujourd’hui votre promesse de déposer une proposition de loi pour « encadrer l'aide active à mourir », conformément à votre engagement publié, le 2 décembre 2008, sur « Le Point.fr », et c’est pourquoi je vous invite à relire ci-après ma lettre du 15 décembre 2008, dans laquelle je vous souhaitai déjà bon vent, et il semblerait que mes vœux ont été bien exaucés depuis lors.

J’aurais encore bien des sujets à vous faire partager aujourd'hui quant aux mensonges qui ont présidé, entre autre, à l’adoption du mariage pour tous, fondé seulement sur une énorme « escroquerie intellectuelle », comme le Parti socialiste et le Conseil constitutionnel en ont été dûment informés respectivement par ma lettre du18 février au Parti socialiste, sous l’intitulé, PS et Gauche, J’ACCUSE : « Mariage pour tous et escroquerie sine die devant l’Histoire ! », et par celle du 20 mai 2013 au Conseil constitutionnel, laquelle avait pour objet : Conseil constitutionnel, J’ACCUSE : « Vous avez dit "égalité" ? ! »

Néanmoins, j’attends toujours les éventuelles réponses contraires argumentées à mes graves accusations sans ambiguïté, mais à défaut, ces deux lettres sont évidemment à votre disposition pour en juger.

La polémique actuelle sur le cas de Vincent Lambert devrait être une excellente occasion de régler, concrètement et définitivement, la question pratique d’une demande d’aide active à mourir, dès lors que tel ou tel patient concerné aurait pu déposer officiellement la preuve d’une demande en ce sens, comme il en va du don d’organes, à laquelle nulle sommité médicale ou judiciaire ne saurait contrevenir.

C’est du moins ce que je me souhaite en pareil cas, car ce désir personnel intime de demander l’aide à mourir ne relève ni des médecins ni des juges, et pas davantage de quelque autorité religieuse que ce soit, dès lors que le souhait du patient est clairement exprimé par écrit, quitte à faire confirmer sa demande par un service officiel habilité indiscutable pour lever tout doute éventuel.

Dans l’éventualité, où vous saurez aller assez loin dans ce sens, ce lancinant débat de société sera enfin réglé, et les bien-pensants juges moralisateurs n’auront plus rien à dire au nom de prétendus Bien et Mal absolus, qui n’ont aucune réalité sur la Terre – pas plus que l’égalité, la liberté et autres chimères ressassées à tout propos par les politiciens notamment !

Je vous remercie de votre attention et vous prie d’agréer, Monsieur, mes salutations philosophiques, laïques et républicaines, sauf à vous-même ou à quiconque, évidemment, de démontrer le contraire.

   Raoul Sabas

Annexe : Lettre du 15 décembre 2008  

   Marseille, le 15 décembre 2008

 

Objet :

« BON VENT, Manuel Valls !  »

 

 

   Monsieur Manuel Valls

   Député

   Courriel :

   [email protected]

 

 Monsieur,

Dans un communiqué publié sur « Le Point.fr », le 02/12/2008 à 19:42, mais dont j’ai pris connaissance seulement hier soir, je découvre, avec une extrême satisfaction, votre intention de déposer une proposition de loi pour « encadrer l'aide active à mourir ».

Toutefois, comme il était précisé dans ce communiqué : « Et Manuel Valls d'indiquer s'être appuyé sur "les propositions de l'Association Droit de mourir dans la dignité (ADMD)"», je me demande quelle influence a pu avoir, ou non, sur votre décision de saisir le Parlement, ma correspondance antérieure adressée tant à Jean-Luc Romero, président de l’ADMD, au cours de l’année 2008 (cf. lettres des 27 mars, 3 avril, 13 août, 18 septembre, 26 septembre et 2 décembre 2008) qu’à vous-même, le 23 novembre dernier.

Mon propos était essentiellement, en effet, de donner un certain écho à la correspondance, que j'avais notamment adressée à Jean Leonetti sur cette question, le 26 mars 2008, sous l'intitulé « Journée de solidarité, euthanasie et superstition moraliste », ainsi qu’à Nicolas Sarkozy, le 18 septembre, avec précisément pour objet « Philosophie, euthanasie et "débilité intellectuelle" » ; cette dernière lettre avait été transmise pour information au Conseil consultatif national d’éthique, le 20 septembre, sous le titre « Euthanasie et superstition moraliste ». Jean-Luc Romero avait été avisé de cette correspondance, tout comme vous avez été informé par ma lettre du 23 novembre dernier du courrier adressé au chef de l’Etat ; autrement dit, c’était, en tout cas, avant votre intention de déposer une proposition de loi en faveur de la légalisation de l’euthanasie.

Toutefois, il n’est absolument pas question pour moi de polémiquer avec vous sur ce détail, mais au contraire de vous féliciter et de vous remercier très vivement de votre intention, puisque vous donnez vie ainsi à la promesse de campagne de Ségolène Royal, telle que je l’avais rapportée dans cette correspondance – et c’est pourquoi, quel que soit le sort parlementaire réservé à votre décision, je me permets de vous souhaiter « BON VENT » pour la réussite de votre projet !

Je me dois néanmoins de rappeler que, tandis que les dramatiques cas de Chantal Sébire et de Rémy Salvat, fortement médiatisés au cours de l’année 2008, ne semblaient ni avoir beaucoup ému les élites hexagonales (médias, politiques et intellectuels confondus), censées débattre des problèmes de la société française, ni davantage fait avancer la cause de l’euthanasie, je n’ai eu de cesse, dans ma correspondance, de plaider pour sa légalisation. A cet effet, je pense avoir démonté les arguments fallacieux, voire superstitieux, mis en avant par ses opposants pour faire oublier leurs promesses de campagne aux deux principaux candidats, et les avoir remplacés par de solides démonstrations philosophiques, notamment à propos des absurdes Bien et Mal absolus sur lesquels continue de fonctionner la société humaine universelle, de nos jours comme aux pires époques obscurantistes, et la nôtre pour justifier l’interdiction de légaliser l’euthanasie.

C’est pourquoi, sans vouloir aucunement m’arroger une quelconque gloriole pour un combat, que j’ai toutefois mené très activement, je vous saurais gré de me faire connaître, hors prises de position circonstancielles de campagne, quelles actions publiques avaient été menées en ce sens au cours de l’année 2008, voire auparavant, tant par le Parti socialiste que par vous-même. Je suis bien obligé de constater que ma seule lettre du 23 novembre a été suffisante pour vous faire renoncer à des mensonges et à des « croyances au miracle, perdurant depuis près de deux siècles et laissant entendre à l’opinion que la gauche en général, et le Parti socialiste en particulier, seraient en mesure de transposer l’idéal dans le quotidien.

Je ne peux, d’ailleurs, manquer de souligner que mon combat en faveur de la légalisation de l’euthanasie ne date pas de l’année 2008, puisqu’il remonte bien avant l’entrée en fonction de Jean-Luc Romero à la tête de l’ADMD, ainsi que l’atteste la lettre manuscrite du 3 février 2004, que m’avait adressée le sénateur Henri Callaivet, alors président de l’association, en réponse à mon courrier sur ce thème.

En conclusion, soyez assuré que je souhaite très vivement la réussite totale et définitive de votre projet, et je vais même au-delà. En effet,  au vu de vos toutes dernières prises de position et intentions montrant que le  sectarisme n'est pas votre caractéristique première, je pense que les socialistes ne pourraient pas présenter un meilleur candidat à l’élection présidentielle de 2012, avec en outre l’atout de votre jeunesse - à condition néanmoins que, d'ici-là, votre action pédagogique soit suffisante pour contrecarrer la malveillance de vos concurrents et la malignité des médias, dont vous payez aujourd'hui le prix dans les baromètres hebdomadaires d'opinion !

Je vous remercie de votre attention et vous prie d’agréer, Monsieur, mes salutations distinguées.

  

 

 


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