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Violence ordinaire

Publié le 18 janvier 2014 par Severine @NativeduMonde
 Violence ordinaire  Hier après-midi, dans une rue de Montmartre, un vendeur à la sauvette se fait alpaguer par un policier à vélo, à côté de moi.Le policier lui demande de lui présenter ses papiers, tandis que le vendeur range tranquillement ses objets dans sa mallette en carton.Le policier le saisit alors violemment par le col de sa veste, le secoue, et lui hurle dessus : "TU COMPRENDS RIEN OU QUOI? EST-CE QUE JE T'AI DEMANDE DE REMBALLER TES AFFAIRES? JE T'AI DEMANDE DE RANGER TES AFFAIRES? TU TE FOUS DE MA GUEULE LA? TU VAS REPONDRE OUI?!! DONNE-MOI TES PAPIERS! T'AS DES PAPIERS? BAH NON, EVIDEMMENT, T'AS PAS DE PAPIERS!"Face au policier, le vendeur, d'origine asiatique, mutique, se faisant secouer physiquement, fixe le policier, la peur dans les yeux, et, je crois, l'incompréhension aussi. Parce qu'il ne fallait pas être devin pour se rendre compte que ce vendeur ne parlait, ni ne comprenait la langue française.Le policier procéda à l'interpellation, menottes & co.Voilà, c'est tout, circulez messieux dames.
Parce qu'on est comme ça nous en France, si t'as pas de papiers, si tu ne sais pas parler français, et qu'en plus tu bosses au black, alors ça nous donne le droit de te secouer, de te hurler dessus, et, par conséquent, de te mépriser.Le regard de cet homme, secoué, dans tous les sens du terme, m'a touchée.Vraiment, je veux dire.Je n'incrimine pas le policier dans sa fonction, qui fait son travail, mais l'homme violent qu'il est, l'uniforme le confortant peut-être dans cette toute puissance, je n'en sais rien.Parce que s'acharner sur un homme vulnérable à ce point, c'est de la toute puissance.Comme si cet homme avait rêvé un jour de cette vie là, de faire une carrière de clandestin en France, vendeur à la sauvette...Je ne fais pas là un article de fond sur les sans-papiers, ni sur le travail au noir, mais je remets en cause la forme, la façon dont un être humain a été traité.J'aurais aimé dire tout ça à ce policier, mais déjà, j'ai une laryngite aiguë donc je suis totalement inaudible ;), et puis, je crois que j'ai été scotchée par cette violence, en total décalage avec le calme et l'incompréhension de cet homme, vendeur à la sauvette.Bref, j'ai passé mon chemin, comme si tout ça était normal, ordinaire.  ______________________________

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