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Good enough index – résultats contre intuitifs?

Publié le 28 janvier 2014 par Robindebrousse @robindebrousse

Dans mon article précédent, je vous parlais de l’indicateur Good Enough to Eat d’Oxfam qui laissaient penser que si vous résidez dans un pays du Nord, en particulier en Europe, il y a de grandes chances que vous ayez accès à une alimentation de qualité.

Best Places to East Oxfam

Le classement de la France n’a bien entendu rien de surprenant. La conscience populaire veut qu’on associe la France au pays de la bonne bouffe. Mais que penser de classement des États Unis qui est au même niveau que le Japon?

food-index-oxfam

Une lectrice m’a contacté par courriel pour me faire savoir que les résultats de cette étude était selon elle contre intuitifs. En effet, on a du mal à comprendre pourquoi les pays d’Afrique ont une mauvaise performance en terme de qualité et de prix des denrées alimentaires en dépit du coût de la vie relativement bas et du fait que beaucoup de ces pays bénéficient de sols fertiles. Comment donc expliquer ces résultats ?

En réalité la réponse à cette question se trouve dans mon article précédent. Pour calculer cet indicateur, Oxfam s’est essentiellement basé sur des indicateurs de développement (mal nutrition, accès à l’eau etc.). Par conséquent, c’est tout à fait normal que les pays en développement aient des performances aussi mauvaises.

Éléments de réponses tirés de mon expérience personnelle

Je prendrais l’exemple de ma récente visite au Cameroun, qui ne fait pas partie de l’étude, pour essayer d’expliquer ces résultats. Comme vous avez pu le remarquer dans mes photos de voyage, le Cameroun est un pays dont les sols sont fertiles. J’ai pu y admirer la densité de la végétation et la variété des cultures vivrières. Par ailleurs, à en juger par la quantité de denrées que nous avons acheté sur le chemin du retour, les prix semblent être assez bas. Pourtant, le pays fait face à un certain nombre de réalités telles que :

L’insuffisance alimentaire : Selon la Banque Mondiale, en 2011, 40% des camerounais vivaient sous les seuil de pauvreté. La majorité d’entre eux résident en zones rurales. Est-ce possible que les populations des villages soient obligées de vendre une  partie de leur récolte pour scolariser leurs enfants ou avoir accès aux services de base, au prix de se retrouver elles-mêmes en situation d’insuffisance alimentaire? D’autre part, les familles villageoises – et nombreuses – qui ne possèdent pas de terres à cultiver et qui vivent dans l’extrême pauvreté n’aurait même pas les moyens d’acheter de quoi se nourrir. Malheureusement, 1$ (400F CFA) par jour n’est pas suffisant pour nourrir une famille de 6.

Le prix des denrées alimentaires : j’ai remarqué une augmentation constante des prix de la nourriture au fil de mes derniers voyages au Cameroun. Une inflation qui semble augmenter plus vite que la décroissance des personnes qui vivent dans l’extrême pauvreté. Les denrées alimentaires coûtent beaucoup plus cher dans les grandes villes, qui sont plus peuplées, que dans les villages plus reculés. Ce qui pourrait limiter l’accès de certaines denrées alimentaires aux pauvres des grandes villes. 

La qualité de l’eau : L’accès à l’eau potable demeure une préoccupation importante au Cameroun. Je suis persuadée que le problème de désertification est certes un enjeu mais le manque d’eau potable est surtout un problème d’infrastructures. En effet, j’ai expérimenté les coupures d’eau fréquentes lors de mon dernier séjour. J’ai d’ailleurs été scandalisée de savoir que les riverains d’un quartier populaire de la capitale n’ont pas eu accès à l’eau du robinet depuis 1 an! Beaucoup doivent s’approvisionner en eau chez des marchants ambulants. De l’eau dont on ne connait pas toujours la provenance et qu’il faut souvent «réutiliser» et assumer les risques sanitaires que cela entraine.

Ce que mon expérience personnelle n’explique pas… 

Les indicateurs sur les maladies liées à l’obésité et le diabète n’ont pas suscité de surprise chez moi. Par contre, compte tenu du fait que l’obésité et le diabète sont devenus des préoccupations importantes dans les pays occidentaux, je me demandais si ce fléau n’est pas devenu aussi important que la malnutrition dans les pays du Sud. Par ailleurs, je trouve la notion de qualité des denrées alimentaires un peu biaisée. Beaucoup de pays qui se classent parmi les meilleurs – dont les États-Unis – sont connus pour offrir beaucoup des aliments transformés qui, malgré leur prix relativement bas ne fournissent pas toujours les apports nutritifs nécessaires et peuvent avoir des effets néfastes sur la santé. Malheureusement, c’est assez difficile de comparer l’incidence et les conséquences de l’obésité en Occident comparativement à l’incidence et des conséquences de la malnutrition dans le Sud.

Etes-vous vous aussi surpris par la performance de certains pays? Selon vous, quelle est la maladie qui a les conséquences (économiques et sociales) les plus néfastes : l’obésité ou la malnutrition?


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