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Les nouveaux indicateurs de PIB vert ou comment mesurer richesses et croissance autrement ?

Publié le 28 janvier 2014 par Pmontier @ecocompare

Introduction

Le PIB (Produit Intérieur Brut) a été développé en 1934 par  Simon Kuznets (prix Nobel d’économie) [1] à la demande du congrès américain pour mesurer l’effet de la grande dépression sur l’économie. Cet indicateur, conçu  à la base pour mesurer la production économique réalisée à l’intérieur d’un pays, a été rapidement détourné et utilisé pour quantifier le progrès et l’avancement d’un pays. Mais de nombreux facteurs s’opposent à la pertinence de l’utilisation du PIB pour mesurer le progrès et donc le bien-être des citoyens d’un pays. L’IDH (Indicateur de Développement Humain) lui est généralement associé de manière complémentaire mais là encore, les limites de cette association pour mesurer la santé économique, sociale et environnementale d’un pays sont avérées. C’est pourquoi, la nécessité de la création d’un nouveau système de mesure du progrès et de la durabilité s’est imposée. Cependant, l’optimisation des méthodes de calcul, la mise en place et l’acceptation de ces nouveaux systèmes de mesure promet d’être un processus lent et complexe. Au-delà des coûts sociaux et environnementaux, le PIB et l’IDH peinent à retranscrire le caractère durable ou non de l’économie d’un pays. C’est donc dans l’optique de définir un indicateur qui puisse mesurer cette durabilité que s’inscrit le nouvel indicateur de richesse des nations unis : l’IWI (Inclusive Wealth Indicator) ou « indicateur de richesse globale », présenté en 2012 lors du sommet pour l’environnement RIO+20 et qui a pour objectif de remplacer le PIB. 


Mais cette idée n’est pas nouvelle, dès 1989 avec l’invention de L’ISEW (Index of Sustainable Economic Welfare) et plus tard du GPI (Genuine Progress Indicator) ou IPV (Indicateur de Progrès Véritable), des alternatives au PIB sont étudiées. Ces indicateurs proposent de ne plus ajouter ensemble tous les produits  à la manière du PIB, mais de soustraire les coûts liés à la pollution, à la diminution des ressources et aux variables non durables. Les approches de L’IWI et du GPI diffèrent dans leurs manières d’aborder la comptabilité de la production économique. L’IWI recense les immobilisations d’un pays à la manière d’un bilan comptable,  en termes de ressources naturelles et humaines mais aussi de capacité de production d’un pays. Le GPI quant à lui, se rapproche plus d’un compte de résultats et synthétise l’ensemble des coûts et des produits d’un pays, qu’ils soient environnementaux, sociaux ou économiques, en vue de dégager un résultat net. 


En France, Nicolas Sarkozy avait sollicité Joseph Stiglitz lors de son mandat, éminent économiste récompensé du prix Nobel de l’économie en 2001, pour le conseiller sur le changement des instruments de la croissance française. Au Bhoutan, le calcul du Bonheur Intérieur Brut (Gross National Happiness) est pris en compte par le roi pour gouverner son pays et œuvrer pour le bien être de ses citoyens.

Définition et limites du PIB classique

Le Produit Intérieur Brut est l’indicateur économique le plus répandu qui quantifie la production et la croissance économique des pays. L’inconvénient majeur de cet indicateur de richesse et de progrès, malgré son utilisation universelle et généralisée, est qu’il ne mesure qu’une partie de la valeur créée par l’économie d’un pays, de manière purement comptable et sans distinguer l’aspect négatif ou positif d’une activité :

·   Par exemple, les dépenses liées à la réparation des dommages causés par une catastrophe naturelle ou un accident industriel sont comptabilisées de manière positive dans le calcul du PIB d’un pays. 

·   De plus, le PIB ne fait pas de distinction entre les activités qui créent réellement de la valeur, de celles dont on pourrait remettre en question l’aspect productif telles que la publicité ou le marketing.

Le PIB ne prend pas non plus en compte les activités positives non marchandes et non administratives telles que :

·   L’art

·   Les activités altruistes comme le logiciel libre

·   Les activités bénévoles

·   La production domestique

Enfin, aucune notion d’inégalité sociale ou de pauvreté n’est incluse dans son calcul, la « santé sociale » d’un pays est donc exclue du calcul du PIB.

Mais ce ne sont pas les uniques raisons qui ont amené à repenser cet indicateur de mesure de l’économie. En effet, le PIB néglige complètement l’impact qu’ont la croissance et le développement économique sur l’environnement et les ressources naturelles, de telle sorte que la destruction organisée de la forêt amazonienne contribue à gonfler le PIB mondial par exemple.

C’est donc un indicateur qui ne peut évaluer ni les avancées sociales, ni les progrès environnementaux d’un pays et qui pourtant sert souvent de mesure de référence pour quantifier le progrès. Il même possible dans certains cas que le progrès soit comptabilisé négativement par le biais du PIB. Imaginons que de grands travaux soient réalisés pour améliorer l’efficacité énergétique de bâtiments, l’année suivante la consommation énergétique du pays en question diminue logiquement et la part du PIB associée à cette consommation fait de même malgré le progrès évident engendré par ces travaux.  A titre indicatif, vous pouvez retrouver le tableau des 10 premiers pays en termes de PIB en 2012.

 

Les nouveaux indicateurs de PIB vert ou comment mesurer richesses et croissance autrement ?

PIB nominal des 10 premiers pays dans le monde en 2012

Définition et limites de l'IDH

L’indice de développement humain est un indice qui permet de mesurer le développement humain à l’intérieur d’un pays. Il est basé sur l’étude de trois facteurs principaux : la longévité, l’éducation et le niveau de vie. Même si à première vue ces facteurs qui visent la quantification de la santé, l’éducation et le bien-être semblent pertinents, la mesure de ces critères est basée sur des données qui peinent à refléter réellement le niveau de bien-être d’un individu.
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Calcul des indices qui composent l'IDH
Le niveau de vie par exemple, est calculé par rapport au PIB par habitant et pâtit donc des lacunes de ce dernier pour mesurer le niveau de satisfaction des individus au sein d’un pays. De plus, le calcul de ce dernier s’appuie sur une échelle linéaire et peine ainsi à être réellement pertinent :
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En effet, dans un pays où les ressources sont abondantes mais mal redistribuées à la population, le calcul du niveau de vie E peut donner une valeur très élevée alors que dans les faits 95 % de la population peut vivre  en dessous du seuil de pauvreté si les 5 % restants possèdent la majorité des richesses. Ce n’est donc pas un outil adapté pour évaluer les inégalités sociales au sein d’une même population.

Présentation des nouveaux indicateurs de PIB vert


Les problématiques

Lorsque de la valeur économique est générée au détriment des ressources naturelles ou de la biodiversité ne devrait-on pas déduire cette perte du PIB ? Et comment mesurer alors économiquement et quantifier l’épuisement des ressources naturelles et la dégradation de l’environnement ? Ou encore comment évaluer la durabilité d’une production économique ? Ce sont autant de problématiques complexes auxquelles ont tenté de répondre l’ONU avec la création d’un nouvel indicateur de mesure du progrès, l’IWI (Inclusive Wealth Indicator) ou encore « Redefining Progress » (un institut californien) avec le  GPI (Genuine Progress Indicator, anciennement ISEW).

Présentation de l'IWI ou Indicateur de richesse globale


Les objectifs de l'IWI

Il a pour objectif d’inclure toutes les variables du développement durable dans un indicateur afin de quantifier la croissance économique et le progrès d’un pays en prenant en compte les aspects sociaux et environnementaux. Il a donc pour vocation de mesurer l’impact économique de notre production sur l’environnement et les hommes. 
L’un des autres enjeux majeurs de l’IWI est également d’arriver à quantifier la durabilité de la croissance économique d’un pays. C’est une rupture totale avec le PIB qui se contentait de quantifier la production économique à court terme sans notion de pérennité.

Principes de fonctionnement de l'IWI

L’IWI représente un capital tout comme le PIB et est subdivisé en trois sous-capitaux qui quantifient la production de biens, la gestion des ressources et la valeur ajoutée de la population en termes de compétences, connaissances, réussite économique et social et bien être :
•Le Capital Humain ==> axe social •Le Capital Naturel ==> axe environnemental •Le Capital Produit ou Manufacturé ==> axe économique 
Notons que ce trois axe coïncident avec les trois piliers du développement durable. L’IWI représente une photographie à l’instant t des ressources que possèdent un pays d’un point de vue humain, matériel et environnemental. Si on mesure l’IWI d’un état à deux moments différents dans le temps, et que cet état a exploité ses ressources ou capital naturel de manière non durable pour produire des biens manufacturés, alors le capital produit augmentera tandis que le capital naturel diminuera. En revanche, si la gestion du patrimoine naturel est faite de façon pérenne alors les capitaux naturel et manufacturé peuvent croitre ensembles. C’est de cette manière que l’IWI quantifie la durabilité d’une économie. Pour un capital humain constant, si le capital naturel diminue plus que le capital produit n’augmente alors, la variation d’IWI est négative et l’économie du pays en question n’est pas considérée durable.
On a donc pour un état donné, où delta représente la variation de l’IWI entre deux mesures:
•∆IWI>0 ==> l’économie du pays est durable•∆IWI<0 ==> l’économie du pays n’est pas durable

Méthodes de calculs et paramètres principaux


Le capital humain


Le capital humain est défini par la connaissance, les compétences, capacités et attributs des citoyens d’un pays qui facilitent la création d’un bien-être personnel, social et économique. La définition du bien-être qui demeure malgré tout une notion subjective a été définie de la manière suivante :
1.L’accès aux services de première nécessité tels que l’eau, la nourriture, un toit… participe à la création d’un sentiment de sécurité et pose les bases nécessaires du bien-être. Elle favorise la santé et permet d’établir un milieu où les interactions sociales sont facilitées.
2.La régulation et le management des risques sanitaires et environnementaux permettent aussi d’instaurer un contexte ou la sécurité, la santé et les interactions sociales sont plus aisées
3.L’accès à la culture, l’éducation et au divertissement contribue au bien-être et à la qualité des relations entre les citoyens d’un même pays

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Corrélation entre le capital naturel et le capital humain [3]

Voici quelques unes des variables prises en compte pour le calcul du capital humain :

·         - Répartition de la population par âge et par genre

·         - Taux de mortalité

·         - Taux d’emploi

·         - Efficacité et accessibilité de l’éducation

·         - Rémunération de l’emploi en fonction du niveau d’éducation atteint

·         - Répartition de la population active par âge et par genre è quantifie l’égalité des sexes et l’accès à l’emploi chez les juniors et les seniors (peu d’info donc c’est ma supposition)

Le Capital Naturel


Le capital naturel correspond à tout ce qu’on peut rencontrer dans la nature (organique ou non) qui soit capable de procurer du bien-être aux hommes directement après extraction ou bien après transformation par le biais d’un processus de production comptabilisé dans le capital manufacturé. Le capital naturel comprend donc : les champs et  cultures exploitées par l’agriculture, les réserves de forêt, d’énergie fossile et de minéraux mais également les réserves de pêche.
Voici quelques unes des variables utilisées pour calculer le capital naturel des cultures et de l’agriculture: •Quantité de récoltes produite •Prix des récoltes•Prix des terrains •Superficie moissonnée dans les cultures •Superficie des cultures, des terres cultivables et des pâturages
Voici quelques unes des variables utilisées pour calculer le capital naturel lié aux forêts : •Réserves de forêts•Valeur et quantité de bois produite •Prix des terrains •Pourcentage de forêt utilisé pour l’exploitation de ressources minières ou énergétiques.
Voici quelques unes des variables utilisées pour calculer le capital naturel lié aux ressources fossiles et aux minéraux:•Réserves•Production•Prix des ressources•Prix des terrains
Les réserves de pêche sont également incluses dans le calcul du capital naturel.
Au final, le capital naturel est alors calculé de la manière suivante : 
Capital Naturel = agriculture + cultures + forêts + ressources minières + ressources énergétiques + réserves de pêche….

Le Capital Produit ou Manufacturé

Le capital manufacturé comprend les routes, bâtiments, ports, usines, équipements… Cette catégorie correspond en somme aux immobilisations au sens comptable que possède un pays et aux investissements qui induisent une production de biens manufacturés.

Voici quelques unes des variables utilisées pour calculer le capital produit:

·         - Investissements

·         - Taux d’amortissement

·         - Durée de vie des capitaux

·         - Croissance de la production

·         - Population

·         - Productivité

Calcul final de l'IWI


L’IWI se calcule finalement de la manière suivante :
IWI = Capital Humain + Capital Naturel + Capital Produit ou Manufacturé

Résultats obtenus avec l'IWI

Les avantages de l'IWI

Il peut se confronter au PIB comme indicateur alternatif ou le substituer, il reprend le mode de calcul usuel du PIB et reste donc familier. Il permet de prendre en compte l’impact de la croissance sur les ressources et de donner une idée de l’aspect durable d’une économie. Le tableau ci-dessous présente la croissance moyenne sur les 20 dernières années de l’IWI pour divers pays par personne et par type de capital.
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Croissance moyenne sur les 20 dernières années par personne et par type de capital [3]

On peut voir les 3 différents types de capitaux et on constate que la variation du capital naturel est négative. Ceci s’explique par une exploitation des ressources naturelles d’un pays dans le but de faire croitre le capital humain et/ou le capital manufacturé. Le résultat de cette étude permet de voir qu’avec l’IWI, 70 % des pays évalués présentent une variation d’IWI positive indiquant une augmentation de la durabilité. En revanche, 6 pays dont la Colombie et l’Afrique du Sud ont  une variation d’IWI négative et donc une économie et production non durable. Cependant, ces résultats restent  à relativiser sachant que des ajustements restent à réaliser pour optimiser l’IWI.

Les différences entre IWI et PIB

Comme évoqué précédemment, l’IWI s’apparente au bilan comptable d’un pays listant les immobilisations qui génèrent une réelle valeur ajoutée. Les chiffres obtenus en calculant l’IWI d’un pays sont plus élevés que pour le PIB.  En effet, malgré l’absence de distinction entre les activités « positives » et « négatives » dans le PIB, l’IWI qui prend en considération les aspects sociaux et environnementaux accumule plus de capitaux. Comme on peut le voir sur le tableau ci-dessous, le capital humain est le plus élevé des trois capitaux à l’exception de l’Arabie Saoudite dont les ressources pétrolières gonflent largement le capital naturel. Le classement des pays est identique pour les deux indicateurs à l’exception du Venezuela dont l’IWI est supérieur à celui de la Norvège contrairement au PIB. On peut expliquer cela par le fait que le Venezuela possède d’énormes ressources pétrolières trop peu exploitées et le PIB ne pouvant pas capturer le potentiel latent de ces réserves, à l’instar de l’IWI,  sous-évalue les capitaux du Venezuela. La Norvège quant à elle exploite mieux ses réserves pétrolières, une partie de cette valeur est donc déjà captée par le PIB, c’est ce qui explique en partie cette différence.

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Tableau comparatif pour une sélection de pays du PIB et de l’IWI  en 2008 [3] [4]

Le tableau ci-dessous donne le taux de croissance annuel moyen par personne de 1990 à 2008 pour l’IWI (à gauche), l’IDH (au centre) et le PIB (à droite).

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Taux de croissance annuel moyen par personne de 1990 à 2008 pour l’IWI, l’IDH et le PIB [3]
La croissance calculée selon l’IWI est logiquement plus faible que la croissance calculée selon le PIB, car seules les activités qui créent une réelle valeur ajoutée sont capturées par l’IWI contrairement au PIB. La croissance de la Chine selon l’IWI par exemple, passe ainsi de 9,6 à 2,1. La Chine avait d’ailleurs étudiée la mise en place d’un indicateur de PIB  vert il y a quelques années, mais aux vues des résultats et du manque d’attractivité de certaines de leurs régions, a abandonné l’idée.
Au final, l’IWI est plus élevé que le PIB mais l’augmentation du PIB est bien plus importante que celle de l’IWI.

Les axes d'amélioration et les limites de l'IWI


La complexité et la quantité des données à traiter et à inclure de manière cohérente dans un même indicateur, implique que l’IWI devra encore nécessiter une période de test et d’expérimentation en vue de son optimisation. 
De plus, dans cette première version de l’IWI, n’ont pas été inclus deux facteurs qui ont été comptabilisés séparément et qui devraient être inclus dans une version ultérieure de l’indicateur :
1.Le capital santé : comprend principalement l’évolution de l’espérance de vie pour une population donnée à une époque donnée2.Les dommages liés aux émissions de carbone : Coûts et impacts des émissions, carbone libéré par hectare de forêt et impacts sur le climat
Ces facteurs, une fois intégrés, devraient contribuer à modifier les valeurs de l’IWI.

Le GPI (Genuine Progress Indicator) ou IPV (Indicateur de progrès véritable) extension de l’ISEW 


Présentation

L’ISEW (Index of Sustainable Economic Welfare) est un indicateur qui a été initialement développé en 1989. Son objectif était  d’évaluer la valeur économique réelle dégagée par l’activité économique d’un pays. Ce qui implique que seuls les bénéfices durables sont ajoutés et que les coûts associés sont retranchés. Avec le temps, de nombreux autres coûts et variables ont été implémentés à l’indicateur qui a finalement fini par évoluer pour devenir le GPI en 1995. Ces deux indicateurs ont également vocation à remplacer le PIB.

Méthode de calcul et variables considérées pour l’ISEW

La méthode de base est la suivante :

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Avec le temps, de nouveaux coûts mieux définis et plus précis sont apparus et l’ISEW a évolué en GPI.

Le GPI ou IPV (Indicateur de Progrès Véritable) 


Le  GPI est proposé depuis 1995 par Redefining Progress, un institut californien en pointe sur les questions d’environnement. Il prend en compte 26 indicateurs sociaux, environnementaux et économiques. Sa méthode consiste, à partir de la mesure traditionnelle de la consommation des ménages, à rajouter diverses contributions à la richesse « réelle » et au bien-être (par exemple l’activité bénévole, le travail domestique). 
On soustrait ensuite la valeur estimée des « richesses perdues », qu’elles soient naturelles (destruction de la couche d’ozone, autres dommages à l’environnement, destruction de ressources non renouvelables…), ou sociales (coût social du chômage, des délits, des accidents de la route, progression des inégalités…).
Méthode de calcul du GPI:
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Ces paramètres sont étudiés et évalués afin de pouvoir dégager un équivalent monétaire pour chacun d’eux. Voici comment sont calculées les valeurs de certains de ces indicateurs :
- Coût du crime : comprend les amendes, les frais de soins et d’hospitalisation et les dommages à lapropriété qui sont autant de variables décomptées positivement dans le PIB.- Coût des changements familiaux : comprend taux de divorce et temps accordé à la famille- Évolution du temps pour libre : Selon le GPI, le temps libre est indissociable du développement personnel, ainsi il est décompté négativement en cas de diminution- Coût des déplacements : Le temps passé dans les transports en commun est autant de temps perdu pour d’autres activités, il est donc considéré comme un coût lié à la congestion du trafic

Résultats obtenus par le calcul du GPI ou IPV


Comme évoqué dans l’introduction, le  GPI diffère de l’IWI, de part sa manière de décompter la richesse. Avec l’IWI, on évalue l’état des ressources sociales, naturelles et produites, on effectue donc  un bilan des ressources restantes, des immobilisations d’un pays en quelque sorte. Le GPI préfère évaluer le résultat financier global en mettant en regard le volume d’affaires et les coûts
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Évolution du PIB et de l’IPV par habitant aux États-Unis de 1950 à nos jours 
L’évolution du PIB et de l’IPV au cours du temps est distincte. Alors que le PIB croit sans déclin à partir de 1950 jusqu’à nos jours, l’IPV a une croissance beaucoup moins forte jusque dans les années 1980 où il commence même à diminuer. Cela peut s’expliquer par l’accélération de la diminution des ressources et l’avènement de nouvelles technologies qui contribuent à l’accélération de la dégradation de l’environnement. Le PIB quant à lui ne considère pas les coûts de production et fait fi de nombreuses externalités comme la pollution de l’air. C’est pourquoi, le PIB continue de croitre tandis que l’IPV stagne voir décroit sous le poids des externalités liées aux coûts environnementaux notamment. 

Conclusion


Le GPI aussi bien que l’IWI possèdent des avantages certains. Si on les comparait à des exercices comptables alors l’IWI se rapprocherait plus d’un bilan et le GPI serait plus proche d’un compte de résultats, dans le sens où l’IWI tend à lister les immobilisations d’un pays tandis que le GPI a une approche plus orientée produits/coûts.  Ils apparaissent ainsi complémentaires et bien plus adaptés que le PIB pour évaluer la croissance et la valeur réelle dégagée par l’activité économique d’un pays et ceci en considérant tous les coûts qu’ils soient sociaux, environnementaux ou  financiers. 
L’apparition de ces nouveaux indicateurs dénote une volonté de certains économistes, appuyés par des pouvoirs politiques, de se tourner réellement vers le développement durable. Changer notre manière d’investir et  tendre vers un nouveau modèle de croissance et de production économique qui soit durable passe par notre capacité à évaluer et envisager le progrès de manière différente. Alors que le PIB représente une manière traditionnelle de produire sans se soucier des impacts, le GPI et l’IWI caractérisent une nouvelle manière de mesurer et d’envisager économie et progrès, plus responsable et qui considère les impacts de la production. La diffusion et l’utilisation systématisée de ces indicateurs est freinée par le fait que les résultats obtenus sont moins élevés et soulignent les limites de la croissance effective et réelle générée à notre époque. Lorsque ces indicateurs seront enfin généralisés, on pourra considérer que les pouvoirs politiques ont décidé de réellement ré-envisager la croissance en se dotant d’outils capables de mesurer enfin ce nouveau progrès. 
Pour conclure, voici une citation de Sir Partha Dasgupta, conseiller scientifique du rapport sur l’IWI:
« Jusqu’à ce que les leviers que la société utilise pour évaluer le progrès soient changés afin de capturer des éléments de durabilité sur le long terme, la planète et ses habitants continueront de souffrir sous le poids de politiques de croissance à court terme. » 

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