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Le prochain roman de Yasmina Khadra: « Ce que le jour doit à la nuit »

Publié le 12 mai 2008 par Adel Miliani

Le prochain roman de Yasmina Khadra: « Ce que le jour doit à la nuit »

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Pour les mordues de lectures et les fanas de l’auteur algérien Yasmina Khadra, voici un extrait d’un des chapitres de son prochain livre, dont la sortie est prévue pour Septembre 2008 chez Julliard et qui s’intitule ” Ce que le jour doit à la nuit

L’histoire se passe en Algérie coloniale (1936-1962) avec un saut d’après-guerre (2008). Quatre garçons ( un Arabe, un Juif et deux Français – dont un Corse –) évoluent tranquillement à Rio Salado, un village cossu à une cinquantaine de kilomètres à l’ouest d’Oran. Les chamboulements du monde (Guerre 39-45, nationalisme arabe) effleurent à peine leur camaraderie jusqu’au jour où une fille arrive au village. L’amitié résistera-t-elle à l’amour ?… à la guerre de l’indépendance ?

Extrait : chapitre 8

J’ai beaucoup aimé Rio Salado – Fluman Sulsum, pour les Romains ; El Mellah, de nos jours. D’ailleurs, je n’ai pas cessé de l’aimer, incapable de m’imaginer en train de vieillir sous un ciel qui ne soit pas le sien ou de mourir loin de ses fantômes. C’était un superbe village colonial aux rues verdoyantes et aux maisons cossues. La place, où s’organisaient les bals et défilaient les troupes musicales les plus prestigieuses, déroulait son tapis dallé à deux doigts du parvis de la mairie, encadrée de palmiers arrogants que reliaient les uns aux autres des guirlandes serties de lampions. Se produiront sur cette place Aimé Barelli, Xavier Cugat avec son fameux chihuahua caché dans la poche, Jacques Hélian, Perez Prado, des noms et des orchestres de légende qu’Oran, avec son chiqué et son statut de capitale de l’Ouest, ne pouvait s’offrir. Rio Salado adorait taper dans l’œil, prendre sa revanche sur les pronostics qui l’avaient donné perdant sur toute la ligne. Les manoirs, qu’il arborait avec une insolence zélée le long de l’avenue principale, étaient sa façon de signifier aux voyageurs qui transitaient par là que l’ostentation est une vertu quand elle consiste à damer le pion aux sentences arbitraires, à recenser les chemins de croix qu’il avait fallu braver pour décrocher la lune. Jadis, c’était un territoire sinistré, livré aux lézards et aux cailloux, où de rares bergers s’aventuraient une fois par hasard et n’y remettaient plus les pieds ; un territoire de broussailles et de rivières mortes, où les hyènes et les sangliers régnaient en maîtres absolus – bref, une terre reniée par les hommes et les anges que les pèlerins traversaient en coup de vent comme s’il s’agissait de cimetières maudits… Puis, des laissés-pour-compte et des trimardeurs en fin de parcours, en majorité des Espagnols, avaient jeté leur dévolu sur cette contrée teigneuse qui ressemblait à leur misère. Ils retroussèrent leurs manches et entreprirent de dompter les plaines fauves, n’arrachant un lentisque que pour le remplacer par un cep, ne sarclant un terrain vague que pour y tracer les contours d’une ferme. Et Rio Salado naquit de ces gageures faramineuses comme éclosent les pousses sur les charniers.
Assis en tailleur au milieu de ses vignes et caves viticoles – il en comptait une centaine – Rio se laissait déguster à la manière de ses crus, guettant, entre deux vendanges, l’ivresse des lendemains qui chantent. Malgré un mois de janvier plutôt frileux, avec son ciel battu en neige, il émanait de ses recoins une perpétuelle senteur estivale. Les gens vaquaient à leurs occupations, la foulée gaillarde, quand les échoppes ne les rassemblaient pas, au coucher du soleil, autour d’un verre ou d’un fait divers ; on pouvait les entendre s’esclaffer ou s’indigner à des lieues à la ronde.
– Tu vas te plaire dans ce village, me promit mon oncle en nous accueillant, Germaine et moi, sur le seuil de notre nouvelle demeure…
Lire la suite du chapitre…

Bibliographie de l’auteur

*Les Sirènes de Bagdad. 2006 - Julliard
*L’attentat. 2005 - Julliard
*La part du mort. 2004 - Julliard
*Cousine K. 2003 - Julliard
*Les hirondelles de Kaboul. 2002 - Julliard (Pocket 2004)
*L’imposture des mots. 2002 - Julliard (Pocket 2004)
*L’écrivain. 2001 - Julliard (Pocket 2003)
*A quoi rêvent les loups. 1999 - Julliard (Pocket 2000)
*Les agneaux du Seigneur. 1998 - Julliard (Pocket 1999)
*Double Blanc.1998 - Baleine Paris
*L’automne des chimères. 1998 - Baleine Paris
*Morituri. 1997 - Baleine Paris
*La Foire des Enfoirés. 1993 - Laphomic Alger
*Le dingue au bistouri. 1990 - Laphomic Alger (Flammarion 1999 J’ai lu 2001)
*Le privilège du phénix. 1989 - ENAL Alger
*De l’autre côté de la ville. 1988 - L’Harmattan Paris
* El Kahira. 1986 - ENAL Alger
*La fille du pont. 1985 - ENAL Alger
*Houria. 1984 - Editions ENAL Alger
*Amen. 1984 - à compte d’auteur Paris

Pour plus d’information sur Yasmina Khadra: www.yasmina-khadra.com

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