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Pourquoi le développement fondé sur l’aide publique est-il en panne en Afrique ?

Publié le 29 janvier 2014 par Copeau @Contrepoints

Par Jean-Michel Lavoizard.
Un article d’Audace Institut Afrique.

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L’aide, essentiellement l’aide publique, est de plus en plus décriée pour son inefficacité en Afrique. Les populations sont écrasées par le poids du remboursement sans avoir bénéficié des avantages de ces emprunts qui trop souvent sont détournés de leurs projets dans un environnement écrasé par la mauvaise gouvernance. Quelle est la part de responsabilité des Africains dans leur sous-développement ? Comment créer de la richesse sur le continent ? Comment améliorer l’efficacité de l’aide ? Comment s’éloigner de la logique de l’aide ?

Les Africains sont désormais les principaux freins à leur développement.

L’Afrique vit un moment historique de basculement : vers l’émancipation et un véritable décollage, ou vers le renoncement et la fatalité de la dépendance extérieure (certains vont jusqu’à évoquer un refus africain du développement). Alors que les Africains disposent des ressources nécessaires, économiques et humaines, un processus de mutation est à l’œuvre, à mi-chemin d’une transition inédite vers une possible prise en main autonome de son devenir politique, économique, sociétal. Or, l’Histoire n’est ni pré-écrite, ni le résultat de prophéties auto-réalisatrices. Pour faire de cette opportunité une réalité, les dirigeants africains doivent passer des intentions et des déclarations aux… actes, aux réalisations concrètes et utiles à court terme, par une redistribution plus équitable des richesses et le comblement d’un fossé indécent qui se creuse entre une pseudo-élite africaine et sa population maintenue dans le dénuement. Car s’inscrire dans le long terme en invoquant l’intérêt des générations à venir et le besoin de donner du temps au temps, n’exonère pas de s’atteler à satisfaire les besoins primordiaux d’aujourd’hui. Encore faut-il que les intérêts particuliers et partisans intègrent l’intérêt général.

Une société civile davantage consciente d’elle-même et agissante doit prendre le relai.

Une coopération équilibrée et un contrôle mutuel doit s’instaurer entre les pays africains, leurs créditeurs et partenaires, sous le regard exigeant et vigilant des populations censées en être les bénéficiaires ultimes. Or, l’aide publique est minée par des problèmes de gouvernance admis par une communauté internationale complaisante voire complice, qui n’exerce pas comme elle le pourrait ou le devrait, une vraie conditionnalité de l’aide comme moyen de pression et de contrôle. En cela, elle devient une partie du problème et non de la solution. Des changements de mentalité et de nouvelles pratiques s’imposent : les responsables doivent être considérés comme redevables envers leurs propres populations, de l’utilisation des pouvoirs et des moyens qui leur sont confiés ; à la notion d’efficacité doit s’ajouter celle d’efficience qui évalue le rapport coût-efficacité des objectifs atteints, dans une culture du résultat. Les citoyens-consommateurs africains étant de mieux en mieux informés et de plus en plus inter-connectés, les états aux pouvoirs exorbitants feraient bien de prendre conscience que leurs « sujets » ne se satisferont pas indéfiniment et passivement de discours et de promesses.

L’aide au développement nécessite un rapport à la réalité sur la base d’une information de qualité. C’est la finalité du processus d’Intelligence.

Matière première à forte valeur ajoutée, l’information est davantage évoquée en Afrique au travers des contenants et des critères techniques, que de son contenu. Or, comment concevoir, conduire et évaluer une politique d’aide sur la base de mauvais éléments d’appréciation ? Pour être fiable et utile, l’information doit être corroborée à partir de multiples sources, actualisée, traitée puis replacée dans son contexte global en vue d’alimenter un processus de décision éclairé et responsable, une stratégie gagnante et raisonnablement sécurisée. Tout rapport, étude et statistique qui ne repose que sur des informations déclarées, officielles et ouvertes, doit donc être considéré comme suspect, potentiellement biaisé et incomplet, susceptible d’induire le décideur et le planificateur en erreur. De nos jours, la valeur de l’information repose sur des processus élaborés et rapides d’extraction et d’interprétation du sens utile par des méthodes de traitement de volumes toujours plus grands de données ouvertes (Big data), ainsi que par le recueil à la source et l’exploitation d’informations non ouvertes grâce aux méthodes éprouvées et performantes de l’Intelligence Économique & Stratégique.

Le secteur privé, seul créateur de richesses

Au-delà de cette réflexion, d’évidence, il faut progressivement s’éloigner de l’aide publique et privilégier l’essor du secteur privé à travers un environnement des affaires incitatif et une politique fiscale permettant la survie des entreprises (de la plus grande à la plus petite). Ne perdons pas de vue que le secteur privé est le seul créateur de richesse dans un pays. Le secteur public ne fait que consommer (bien souvent gaspiller) le fruit de ce dur labeur. La société civile devrait donc s’éveiller et s’atteler à exiger plus de responsabilité dans la gouvernance.


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