L’énergie est tout puisque sans elle il n’y aurait pas de mouvement et pas de vie possible. L’électricité est partout puisque sans elle notre société hyper technique s’arrêterait de fonctionner. L’un des modes d’accession de notre humanité à son statut de domination actuel a été son intelligence à capter et détourner l’énergie de la nature au profit de ses œuvres de progrès et de conquête.
Demain, avec plus de dix milliards d’habitants il est à peu près assuré que nous toucherons aux limites de l’exploitation possible des ressources naturelles et partant de l’énergie disponible. L’énergie fossile tout autant que nucléaire seront très certainement épuisés au tout début du siècle prochain. Les énergies renouvelables seront toujours insuffisantes pour satisfaire la demande collective de la société mondiale en voie d’industrialisation croissante. Un lent déclin est déjà perceptible et on n’ose imaginer ce pourra devenir un monde dont la lutte pour la captation de l’énergie deviendra vitale pour la survie de chacun.
C’est là qu’intervient la grande responsabilité des physiciens. Cette communauté scientifique est en effet la seule à pouvoir imaginer et rechercher des voies nouvelles pour sortir l’humanité de l’ornière où elle s’enfonce inéluctablement. L’énergie nucléaire, sans être encore parvenue à conquérir tous ses possibles, est entrée dans la phase des rendements décroissants et rencontre (fusion de l’atome) des contraintes techniques difficiles à surmonter.
Tout laisse à penser que le paradigme de cette science, qui lui a permis de fulgurantes avancées, tend aujourd’hui à maintenir ses chercheurs sur des chemins balisés et maintes fois explorés. Devant l’exigence pressante de l’humanité d’avoir à imaginer une direction toute nouvelle de recherche, la physique actuelle s’avère incapable de choisir le risque et l’aventure et de s’extraire du confort et du conformisme de ses certitudes théoriques héritées de son glorieux passé.
Cassons tout, brisons tout, remettons tout notre savoir en cause tel devrait être l’attitude de ces scientifiques face au péril qui menace l’humain. Il n’y a rien de plus urgent, de plus prioritaire, que la quête d’une source d’énergie nouvelle qui aurait jusqu’à présent échappé à nos investigations.
Nous restons sidéré devant la richesse de notre univers, devant ce déploiement insensé d’énergie dont font preuve les astres, ces milliards de milliards de galaxie alors que notre humanité doit retourner à l’ère des moulins à vent et aux sordides économies d’énergie. Toutes les recherches mêmes les plus folles devraient être tentées, toutes les issues explorées, tout est préférable à cette décadence annoncée. Pour contrevenir ces futurs temps de détresse, la responsabilité du physicien est écrasante. Il apparait comme notre sauveur, notre Noé qui saura mettre à flot l’arche nous préservant d‘un déluge prévisible.