Interview parue dans le magazine Nautilus
Jean Boucher est halieute au sein de l’Ifremer. Il a été notamment en charge du programme Défi Golfe de Gascogne. A partir du département « Ressources halieutiques » de l’institut, il livre sa vision des enjeux de la préservation des océans et des conséquences pour l’être humain.
Quand on parle de protection des espèces, on évoque souvent des espèces terrestres à l’instar des pandas ou encore des ours polaires. Qu’en est-il sur la biodiversité marine ?
Ces cris d’alarmes ont aussi concerné les marsouins par exemple. Or avec le réchauffement climatique, il se trouve que les marsouins reviennent, avec abondance, dans nos régions. Ces exemples engendrent une réaction épidermique dans l’opinion publique car ces espèces sont emblématiques de ce que l’on appelle communément la biodiversité. Il existe des millions d’espèces qui sont menacées. Certaines dont nous ne soupçonnons même pas l’existence.
On pense par exemple aux bactéries sans lesquelles il n’y aurait ni fromages, ni yaourts…
Oui. Les bactéries souffrent d’une image négative qui leur accolée. Je crois que le grand public devrait réclamer la préservation des bactéries.
La dégradation est-elle plus rapide dans le milieu maritime que terrestre ?
En terme de vitesse, le rythme est identique. Par contre les mécanismes en œuvre sont différents. Sur terre, cela se voit. Nous sommes intégrés dans ce milieu, c’est notre espace. De la mer on ne voit que la surface. Nos contacts sont beaucoup moins directs. Ce qui est nuisible pour les uns sera défendable ou jugé utile par d’autres. Le poids et l’amplitude des pressions humaines sur le milieu marin grandissent. Il y a trente ans on parlait du pouvoir d’auto-épuration des océans, il n’en est plus question aujourd’hui. Seuls les spécialistes savent que la dégradation environnementale qui touche le monde marin est aussi forte et décelable que sur les continents.
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