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Dans quel pays les dépenses sociales augmentent-elles le plus ?

Publié le 30 janvier 2014 par Copeau @Contrepoints

Par Daniel J. Mitchell, depuis Washington D.C., États-Unis.

Il y a cette vieille blague au sujet de deux gars qui campent dans les bois, quand soudainement, ils aperçoivent un ours affamé les charger. Un des mecs commence à lacer ses baskets quand l’autre lui dit : « mais qu’est-ce que tu fabriques ? tu ne pourras pas courir plus vite que l’ours ! ». L’autre lui répond : « je n’ai pas besoin de courir plus vite que l’ours mais juste plus vite que toi ».

C’est assez drôle mais ça donne aussi une bonne définition de la compétitivité nationale. Dans la bataille pour l’emploi et les investissements, les nations peuvent changer leurs politiques pour améliorer leur attractivité mais elles peuvent également subir les effets, tant positifs que négatifs, des politiques des autres nations.

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Le taux américain d’imposition sur les sociétés n’a pas changé depuis des décennies, par exemple, mais les États-Unis sont néanmoins désormais de plus en plus à la traine du reste du monde parce que d’autres nations ont réduit leurs taux. Un article du Telegraph britannique nous montre aussi comment les changements relatifs de politique peuvent avoir un effet sur la croissance et la compétitivité.

L’article analyse les changements du poids de l’État-providence sur les 14 dernières années. Il est assez logiquement centré sur la manière dont le Royaume-Uni s’en est sorti, en comparaison des autres nations européennes.

« Les dépenses de protection sociale ont augmenté au Royaume-Uni plus rapidement que dans n’importe quel pays européen depuis 2000, comme de nouvelles statistiques le montrent. Le poids sur l’économie de l’indemnisation du chômage, des aides au logement et des pensons de retraite a augmenté de plus d’un quart sur les treize dernières années, une augmentation supérieure à celle de la plupart des pays développés. Ces dépenses sont passées de 18,6% du PIB à 23,7%, soit une augmentation de 27%, d’après les chiffres de l’OCDE, le club de la plupart des nations développées. À titre de comparaison, l’augmentation moyenne des dépenses de redistribution des pays de l’OCDE a été de 16% sur la même période. »

Cette carte empruntée à l’article montre les changements en matière de politique de protection sociale de plusieurs nations, avec des couleurs plus sombres pour indiquer une plus importante expansion de l’État-providence.

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Le lecteur américain sera peut-être plus intéressé par cet extrait :

« Dans le monde développé, seuls les États-Unis et les pays sinistrés de l’eurozone comme l’Irlande, le Portugal ou l’Espagne, qui brillent par leur taux de chômage, ont davantage augmenté leurs dépenses de protection sociale que le Royaume-Uni. »

Oui, vous avez bien lu ! Les États-Unis ont connu une expansion de l’État-providence plus élevée que la plupart des pays de l’Union européenne.

Voici une autre carte dans laquelle j’ai inclus les États-Unis et extrait les chiffres des pays qui ont souffert les plus importantes hausses de dépenses de protection sociale. Comme vous pouvez le voir, seuls l’Irlande et le Portugal ont été plus dépensiers que les États-Unis.

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Inutile de le préciser, ce n’est pas bon signe pour les États-Unis.

La situation n’est cependant pas désespérée. Les chiffres susmentionnés nous indiquent simplement le taux d’évolution de la protection sociale. Cela ne nous dit pas quels pays sont de gros ou de petits États-providence.

C’est pourquoi j’ai également extrait les chiffres indiquant le poids actuel des dépenses de protection sociale, mesuré en pourcentage du PIB, pour les pays de l’Amérique du nord et de l’Europe de l’ouest.

Ces données sont plus favorables aux États-Unis. Comme vous pouvez le voir, l’Amérique a toujours le plus faible niveau de dépenses sociales des pays développés.

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L’Irlande se trouve aussi dans une position acceptable donc la vraie leçon à tirer de cette information, c’est que les États-Unis et l’Irlande devaient se trouver dans une assez bonne situation en 2000 mais que la tendance des 14 dernières années a été très mauvaise.

Ce n’est pas non plus une surprise : la France est le pays développé le plus dépensier en matière de protection sociale.

Terminons en regardant les pays qui ont été les plus performants sur cette période. Le Telegraph note que l’Allemagne a été plutôt efficace dans la réduction de la dépense sociale. L’article donne même une version de la Règle d’or de Mitchell en précisant que les bonnes politiques sont celles qui ont pour résultat une augmentation de la dépense inférieure à celle de la production industrielle.

Sur les treize années depuis 2000, l’Allemagne a réduit son pourcentage de dépense sociale sur le PIB de 1,5%. De telles réductions ne sont possibles qu’en augmentant les dépenses sociales moins vite que le rythme de croissance de l’économie.

Cependant, la question la plus importante est de savoir si certains pays obtiennent un bon score dans les deux catégories. Autrement dit, existe-t-il des pays ayant maîtrisé leurs dépenses sociales depuis 2000 tout en ayant conservé un État-providence restreint ?

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Voici les cinq nations ayant connu la plus faible augmentation des dépenses de protection sociale depuis 2000. On voit que l’Allemagne a connu la meilleure performance relative mais on remarquera qu’elle ne fait pas partie des pays avec le plus faible poids de dépenses sociales. En effet, les dépenses sociales allemandes consomment 26,2% de PIB. L’Allemagne a donc encore du chemin à parcourir.

La nation qui apparaît sur les deux listes pour sa frugalité, en revanche, est la Suisse. Les dépenses ont augmenté de façon assez faible et les Suisses ont aussi le troisième plus faible poids de dépenses sociales.

Doit-on y voir une autre preuve que le frein suisse sur la dette est une politique à émuler ?

Par ailleurs, le Canada mérite une mention honorable. Le pays conserve le deuxième meilleur taux de dépenses sociales et a obtenu la sixième performance dans le contrôle de la dépense depuis 2000. Les dépenses sociales de nos voisins du Nord n’ont augmenté que de 10% depuis 2000, à peine le quart de l’augmentation des États-Unis pendant les folles années Bush-Obama.

Il n’est pas étonnant que le Canada soit désormais bien mieux placé en termes de liberté économique.


Sur le web. Traduction : Victoria Melville pour Contrepoints.


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