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Didier Wampas n’a pas inventé le rock’n roll mais Didier Wampas est quand même rock’n roll : oui à Pourparlers on aime aussi les titres à rallonge…

Publié le 30 janvier 2014 par Jean-Pierre Jusselme

300x300 Didier Wampas na pas inventé le rockn roll mais Didier Wampas est quand même rockn roll : oui à Pourparlers on aime aussi les titres à rallonge...

Le Fil accueillait dernièrement une véritable icône du rock français, Monsieur Didier Chappedelaine, plus connu sous le nom de Didier Wampas. L’occasion pour nous d’aller embêter celui qui eu sa première révélation rock à quinze ans. Et, croyez-nous, on n’est pas sérieux quand on a quinze… ah non, c’est pas ça. Bon. On the road again et quand même.

didier wampas comme dans un garage cover 300x300 Didier Wampas na pas inventé le rockn roll mais Didier Wampas est quand même rockn roll : oui à Pourparlers on aime aussi les titres à rallonge...
  Evidemment, fallait pas rêver. La pluie, pour changer. Saint-Etienne, donc. Bon, en même temps, aller à la rencontre de Didier Wampas, y’a pire, non ? Je dis « Wampas » mais c’est même pas son nom, mais celui de son punk groupe avec lequel il a tutoyé les sommets de la gloire rock made in France. N’en reste pas moins que les puristes savent. Savent quoi ? Que Didier, il a tout connu, que le rock, c’est une putain de carrière d’au moins trente piges. Et une crédibilité à l’épreuve du temps. Alors tu sors du train avec ton sac de livres rock, et tu te pètes le dos en allant jusqu’au Fil, la salle rock de Sainté. J’ai eu la chance de pouvoir placer mes livres sur un stand, des fois que… Surtout qu’il y en a un, « Histoire(s) de mon groupe de musique »,qui, justement, cause des Wampas. Alors, forcément…

Alors forcément quand j’arrive dans la salle sur le coup des 16 heures, direction les loges, puisque c’est là que tout se passe. Le temps de poser mon sac de trois tonnes sur le grand canapé central et je tombe sur un type assez cool qui me demande ce que je veux. Comme je suis juste à côté de la loge des Bikini Machine où il y a un paquet de monde en pleine discussion, je me présente et un autre gars style nounours qui rigole pas – mais on sait tous qu’en fait ils ont un coeur en or- me lance : « ah c’est toi qui doit interviewer Didier ». Ouep.  » Attends cinq minutes, je vais voir s’il y a moyen de la faire maintenant, ça te dirait ? «  – Ouep. Sauf qu’il fallait « juste » que j’aille chercher mon stylo qui se trouve comme par hasard tout au fond du sac, sous les trois tonnes de livres. Oui un stylo. Oui, oui. Et pourquoi pas ? Ne me parlez surtout pas de livres numériques, non, j’ose encore croire que même de nos jours un livre a une odeur, qu’un livre se fourre dans la poche arrière du jean ou celle intérieure d’une veste, la couverture est son reflet, son âme. Bon, oui, sinon, j’utilise quand mêmes les mails et j’ai l’électricité chez moi. Donc le temps d’enlever et poser tous les livres sur la table basse, puis de refoutre les livres dans le sac, me voilà prêt avec mon stylo et ma feuille de papier.

Didier arrive, cool, de bonne humeur. Il vient de Paris ou la veille il avait effectué un show. Jean serré, tee-shirt moulant, même pas l’air trop déphasé – l’habitude sans doute- et ma première est tellement banale que j’en ai presque honte – j ‘ai dit presque. Donc : comment on fait ami-ami avec les Bikini Machine ? Le chanteur me dit que ce sont des mecs qu’il connaissait depuis longtemps, et qu’un jour, sur un plan à Rennes, ils se sont retrouvés, on fait une petite répète et ça a collé de suite. Une première chanson, qui, elle aussi se fait, les doigts dans le nez. L’album « Comme dans un garage » n’était donc que la suite logique. Il me raconte qu’il y aura également en avril la sortie de son album familial, « Sugar and Tiger », avec sa femme et ses deux mômes.  L’album devait sortir depuis un an mais avec les maisons de disques, il y a toujours un truc pour vous casser les couilles, et, même avec l’expérience, ces histoires de sorties qui ne sortent pas continuent malgré tout à les briser.  » Mais, franchement, jouer avec sa famille, c’est rare, c’est pas un peu disons, difficile, à mener avec une vie rock’n roll ? », lui lançais-je alors   » D’où ça vient ? Ca vient d’une chanson qu’on avait fait avec ma copine, un truc qui a fini sur une compile, The Kooples, je crois, et on s’est prit au jeu. Mes gosses ont aujourd’hui 17 et 20 ans. Je ne les ai jamais poussé à faire du rock. Par contre, je les ai mis au conservatoire à six ans tout simplement parce qu’à l’école on apprend des tas de choses : l’histoire, le sport, les maths, mais pas la musique. Enfin, pas en primaire. Après si tu me parles des excès, de la drogue, de comment gérer ça, je vais te décevoir mais c’est plutôt clean chez nous. Après, il traîne toujours des gens, comment dire… bien déchirés. Et il suffit aux gamins de les regarder… pour ce que ça ne leur donne pas forcément envie ».

Quid des Wampas ?  » Bah on verra à la rentrée sans doute ». Hum ok, apparemment, c’est encore flou. Je tente alors de lancer un autre débat. Car le mec, vous le savez maintenant vu que je l’ai dit plus haut, à trois décennies rock à son compteur. L’occasion de faire un peu le point sur le rock made in France, s’il existe. Ouvrons le feu :  » Franchement, Didier, le rock, c’était pas mieux avant ? ». Il rigole :  » Non mais attends, avant y’avait rien rien rien. J’étais pas loin de Paris et je te jure que c’était tout ce qu’il y a de plus mort. Faut arrêter de râler un peu. Je vais te dire, le punk, j’y suis venu par les Clash à la télé en 77 et le Johnny des débuts, qui, il faut le dire, était rock. J’avais 15 ans et j’savais pas quoi faire de ma vie, et après, oui j’ai eu une petite idée. Dans les 70′s, j’avais juste un 45 ou un 33 T et ça suffisait largement à mon bonheur. L’argent ? Rien à foutre. Moi je veux juste faire des concerts. Ok, à un moment donné on a eu du succès avec « Manu Chao » et tu sais à quoi ça nous a servi ? A sortir  » Chirac en prison », à être censuré – et tant mieux si on est censuré- et à foutre un peu plus le bordel ».
Le Bordel, justement, on y vient. Un concert au Fil, qui, fatalement, va être chaotique à souhait. Le temps de s’installer, de poser les bouquins sur son stand, de patienter un petit peu, d’assister à la répète du groupe, les derniers réglages, de voir deux trois copains – dont Denis, le manager des Gays Truckers, punk band du coin qui va bientôt sortir sa galette et croyez-moi, ouais ouais ça le fait. Quoi ? Quelle pub ? – et d’aller zyeuter la première partie stéphanoise, les Dandy Freaks et leur subtil mélange électro rock pour le moins entraînant. Le mec et la fille viennent juste de sortir leur nouvel EP  4 titres  » Aquatik Baby », dont l’un est un duo avec sieur Didier Wampas. Le titre,  » Bruce Lee » est ainsi l’occasion pour Didier de venir squatter la scène avant son propre show.  Le concert des Dandy dure un peu plus d’une heure et la pause d’une demie-heure est ainsi l’occasion de recharger les batteries pour tout le monde et de faire parlotte avec quelque public intrigué par ces livres rock mais pas que.

300x300 Didier Wampas na pas inventé le rockn roll mais Didier Wampas est quand même rockn roll : oui à Pourparlers on aime aussi les titres à rallonge...

Que dire du concert de Didier et des Bikini Machine ? Je ne citerais pas tous les titres car, soyons franc, je n’ai pas tout noté… bah oui, faut bien s’occuper de son stand. Toutefois, quelques faits marquant :  » Le disco ça pue », on n’y échappe pas, et tant mieux. Et puis il y a cette formidable reprise de « Comme d’habitude » qui, disons le, est une pure merveille. Sans doute cette chanson fut reprise des milliers de fois, mais on ne se lasse pas de la version de nos punks venu secouer la salle pleine à craquer, quatre cents personnes s’entassant dans l’arène stéphanoise. Evidemment, Didier fera des allers-retours à travers le public, torse nu, en sueur, déchaîné, il court, virevolte de la scène à l’entrée de la salle, puis fini par squatter le stand à côté du mien, s’allongeant sur la table, restant ainsi les yeux fermés une bonne minute. Le temps de glisser un baiser sur son front, je vois deux trois mecs à deux doigts de leur renverser leur bière sur le torse – où ailleurs ? – mais non, ils se retiennent : par timidité, ou merde c’est la crise et la bière ça coute cher ? Allez savoir. En tout cas les Iphones se régalent.
Pas de doute, Didier Wampas et les Bikini Machine sont une…euh, ben ouais, véritable Machine. Hum, non. Ca va pas. Trop facile. Mais si le show est bien rôdé, l’âme est définitivement punk. Un bordel organisé ? Il y aurait de ça. Mais quel beau bordel, quel joie de voir un mec qui a tout mangé avoir encore faim, un mec qui me déclarait  » mais putain j’adore jouer dans les bars, dans les petites salles. On voit les gens, c’est à taille humaine, on est pas paumé sur sa scène, on saute partout, on vit ! » Oh yeah ! Amen !

Oui, c’est bien de cela dont il s’agit : vivre. Vivre ses rêves et surtout les partager. Je me rappelais alors des mots de Didier, me disant que succès ne rime pas forcément avec qualité. « L’important est d’être sincère » concluait-il. En repartant avec mon sac en bandoulière – bon, ok, c ‘est Denis qui m’a ramené chez moi, dans une ville encore inconnue de lui, et dont il m’a dit plus tard avoir eu du mal a repartir, la nuit, sans GPS, ni rien, mais c’est une autre histoire. En tout cas, j’ai bien fait les deux mètres me séparant de mon portail, donc ce qui est écrit au-dessus reste valable- je me posais la question un peu crétine mais totalement existentielle : et si le message était qu’il n’y avait pas de message ?


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