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Comment Sarkozy tente d'étouffer ses affaires avec Kadhafi.

Publié le 31 janvier 2014 par Juan
C'est un mauvais rebondissement, que l'équipe des Amis de Nicolas Sarkozy tente de gérer avec toutes sortes de contre-feux médiatiques plus ou moins efficace. Dans son émission Pièces à Convictions, mercredi 29 janvier, France 3 a diffusé une interview radiophonique du colonel Kadhafi dans laquelle il confirme avoir financé la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007.
Les affaires troubles
C'en fut un. L'entretien a été enregistré quelques jours après l'attaque anglo-française en Libye, le 15 mars 2011.  L’ancien dirigeant libyen, qui fut tué sept mois plus tard, sans procès ni jugement, n’apporte pas de preuve autre que sa déclaration. Son propre fils Seif Al-Islam, et quelques autres dignitaires libyens, ont depuis 2011, proféré les mêmes accusations.

Il n'y aucune révélation nouvelle. Grâce à divers enquêtes, dont celle de Mediapart, on connaît d'ailleurs les relations troubles qu'avait développé Nicolas Sarkozy avec le colonel Kadhafi quand il n'était que ministre de l'intérieur. Pour une raison qu'on s'explique mal, l'ancien monarque a oeuvré à la commercialisation de technologies d'espionnage françaises, avec Claude Guéant et l'aide d'intermédiaires tel Ziad Takkiedine.
Bechir Saleh, diplomate et gérant de fortune, fut l'un de leurs interlocuteurs clés. "Le porteur d'ordres" de Kadhafi, comme le qualifie un autre témoin dans l'émission de France 3. Un homme "puissant car il était la voix de son maître". Quelques heures avant le 6 mai 2012, Claude Guéant l'a exfiltré de France, où il s'était clandestinement réfugié.
Mercredi, un autre acteur de cette époque livre sa version des faits: "La Libye a aidé Sarkozy, tout le monde le sait, le montant est connu, mais moi j’étais témoin et présent au moment des négociations", a déclaré Tahaer Dahec, relate Mediapart, lors d’une conférence de presse, dans le bureau de son avocat à Paris.
 ... et les contre-feux. 
Pour Nicolas Sarkozy, c'est un mauvais coup. Cela réactive un mauvais sujet. Cela brouille son retour, perturbe l'image de l'homme providentiel qui revient sauver la France.
Ses proches ont donc fait ce qu'ils ont pu. Et ce fut presque efficace. Quelques heures avant la diffusion dudit reportage, les Amis de Nicolas Sarkozy déjeunent. La mise en scène est rodée, on invite des journalistes. Les images tournent en boucle sur BFM TV. On ajoute quelques détails sur ce non-évènement, le retour du "patron". Il faut que ça buzze. Ainsi, on précise le planning. On nous glisse que l'Assoc a failli dévoiler une liste de "délégués régionaux." Mais, précise Hortefeux, Sarkozy lui-même a préféré annuler l'annonce. La veille, le même Brice Hortefeux avait déboulé à RTL pour parler de son "ami de plus de 30 ans". "Une primaire lorsqu'il y a évidence, cela a incontestablement moins de sens" a-t-il déclaré. Y-avait-il une quelconque actualité pour parler de ce sujet ? Aucune. Tout le monde s'en fiche.
Bien sûr, des proches anonymes répètent que toute cette agitation n'est qu' "un concours de circonstances ". Nous prendrait-on pour des c.... ? 
Mais ces contre-feux parviennent à abuser quelques journalistes pourtant aguerris. Sur France inter, jeudi 30 janvier, la tranche matinale de Patrick Cohen traite le sujet. Le Monde, la veille, sous la plume de Alexandre Lemarié, consacre un large billet à "la stratégie méthodique de Sarkozy pour 2017."
Jeudi, la Sarkofrance poursuit le story-telling. Nicolas Sarkozy file en train pour la Rochelle pour décorer un ami d'une légion d'honneur. Forcément, il y a des journalistes... dans le wagon. Pour un homme qui se veut discret, c'est cocasse. "L'actualité ne m'intéresse plus, je prends le temps de la réflexion".
L'affaire Kadhafi/Sarkozy est un gros morceau. Il y en a d'autres, plus petits. Non content de s'être fait annuler quelque 11 millions de remboursements de campagne présidentielle à cause de comptes de campagne frauduleux, Sarkozy fait aussi l'objet d'une autre enquête, sur le financement d'un meeting à Toulon, le 1er décembre  2011. "Aucuns frais n'étaient inscrits dans les comptes de campagne avant cette entrée en lice officielle dans la course à l'Elysée" rapporte le Monde.


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